"T'as trouvé le trou ? Le grand ?" C'est la première réplique du film. Archie s'adresse au type chargé de réparer la toiture de sa maison en ruine, mais on soupçonne déjà qu'il a autre chose en tête. D'ailleurs, il s'empresse aussitôt après d'agrandir un autre trou, dans le mur d'une chambre de sa maison en ruine, pour y observer en douce sa jeune épouse endormie dans son lit d'enfant qu'elle est encore. Et ça ne fait que commencer, de toute façon le film entier ne parle que de ça, ne pense qu'à ça, ne montre que ça, tout en faisant semblant de s'occuper d'autre chose. Du Sud profond, par exemple, et de ses plantations de coton -et de ses filles à la peau aussi blanche et douce que le coton. Ou alors de la rivalité économique entre les producteurs locaux, modèle fraichement immigré ou modèle vieux propriétaire déclassé -et de celui qui plait le plus aux filles. En fait, la seule question qui préoccupe tout le monde, c'est : qui aura le droit de jouer le premier à la poupée avec la fille du lit d'enfant ? Les hommes, dans leur cour de récré pour grands...
Une grande saga familiale qui voudrait, sans doute, être pour le Texas du XXème siècle ce que fut Autant en emporte le vent pour la Georgie du XIXème. 30 ans de vie commune, donc, pour Jordan, son plat pays et ses miliers de vaches, et Leslie, recrutée à Washington, un seul cheval mais de beaux yeux. Dans le rôle du méchant (successivement) : une belle soeur, quelques bons vieux préjugés racistes ou machistes, le temps qui passe... Dans le rôle, plus inattendu, de l'autre qui dérange (un peu), un marginal parvenu qui mettra 30 ans à comprendre que l'argent ne fait pas le bonheur. James Dean, de toute façon, joue dans un autre film. La civilisation vient de l'Est, et des femmes. Pour la richesse, descendez au sous-sol. Ca lorgne pas mal du côté de Douglas Sirk (surtout Ecrit sur du vent et Imitation of Life) mais ça préfigure surtout Dallas (le feuilleton).