C'est un western à la fois classique et étonnant. Classique parce qu'on y croise des héros de la gachette, un saloon-tripot, une attaque de diligence, un casse de banque, un projet de gare et des oppositions entre bandes. Toute la panoplie ! Et comme toujours, la loi et l'autorité sont à négocier en permanence ; ils reviennent à ceux qui ont l'énergie de s'en emparer. Mais, en même temps, tout semble nouveau : les meneurs y sont des femmes (ce qui donne lieu à un duel final iconoclaste) ; les hommes, "gun-crazy" fatigués, font la cuisine. Il faut dire que tous les éléments de la nature s'en mèlent : tempête de vent, feu de la vengeance, cascade d'eau et galeries souterraines protectrices. Je ne suis pas très fan des westerns d'habitude, mais celui-là touche à l'essentiel...
Quand un Johnny s'en va en guerre il a... des bonheurs plein la tête, des sourires plein la mémoire. Quand un Johnny revient de guerre il a... simplement eu pas d'bol et puis voilà. Mauvaise nouvelle : vivant certes, mais aveugle, sourd, manchot et cul-de-jatte. La bonne : comme il n'a plus de visage, il ne risque pas de s'enrhumer. Johnny est un légume, mais c'est un légume pensant. Aux mains de bouchers en uniformes, et de gentilles infirmières. Il vit dans sa tête ce qui lui reste à ne pas vivre. Filmer une âme en caméra subjective, c'est toujours un peu casse-gueule (à part pour Antonioni qui ne sait faire que ça). Mais celle du soldat inconnu de toutes les guerres du monde valait bien la flamme des projecteurs.