Une équipe de cinéma allemande prise en flagrant délit de non tournage dans le hall d'un hôtel espagnol désert. On attend, on s'emmerde, on drague. On vide des verres et après on les casse -c'est plus drôle. Faut dire que le producteur est fauché et l'assistant débordé. Le réalisateur est absent, mais quand il arrive tout le monde regrette quand il n'était pas là. La pin-up blonde du casting est la seule à ne pas dire de conneries. La vedette américaine n'a pas besoin de dire un mot pour l'emballer. Ambiance de fin du monde déjà arrivé -paraît qu'il faut bien ça pour faire un film (allemand surtout). Ca ressemble à un anti-making of : un où tout le monde fait la tronche, s'engueule, dit du mal des copains et du film en train de se faire. On dirait un anti-film qui en serait tout de même un (mais très allemand tout de même).
Armée d'une pauvre chanson de cabaret recyclée, Willie, modeste employée de bastringue (mais beau cul), traverse la guerre presque sans encombres. Malgré un amant juif, elle a des protecteurs à galons et des millions de fans, ce qui compense largement. Elle en perd son nom, pour s'identifier à celui de sa chanson. C'est fou le nombre de soldats morts en l'écoutant -sans compter ceux qui écoutaient Marlene chanter la même chose, de l'autre côté des lignes. C'est fou le nombre de vitres, parois et cloisons qui la séparent de la réalité. Fassbinder regarde l'Allemagne dans le miroir de son passé nazi et il ne l'aime pas. Il la trouve futile et vulgaire. Otage de sa pompe, vendue au confort, pas sortie de ses rêves de midinette.