Au début, c'est comme dans l'Ennemi public : deux gamins des rues mettent au point un mauvais petit coup de plus. C'est raté. Celui qui court le plus vite réussit à sauver sa peau (des gendarmes) et son âme (il deviendra prêtre). Pour l'autre, c'est vraiment raté : maisons de redressement, prisons, mauvais petits coups qui deviennent des gros mauvais coups. Libéré, il roule des épaules et des mécaniques et revient habiter dans son ancien quartier, narguer son premier complice et montrer le (mauvais) chemin aux nouveaux gamins de son ex-rue. Conte moral(isant), heureusement pas trop gnangnan grâce au charme canaille de Cagney, à son énergie explosive (il a toujours l'air d'être à l'étroit dans ses costumes et entre 4 murs). Même la rédemption finale par le jeu (de basket ou de théâtre) se permet d'être ambigüe, c'est dire l'audace.
Dans l'Allemagne convalescente, les forces alliées occupantes sont multinationales... et mixtes. Le French Capitaine Rochard est ainsi amené à faire équipe avec la Lieutenante yankee Gates. Leur mission confidentielle tourne aussitôt à la guerre des nerfs et des sexes, puis à la scène de ménage pré-nuptiale. Ils signent l'armistice devant un maire, un curé et un pasteur, mais un ordre d'évacuation interrompt la nuit de noce. D'ailleurs, Cary Grant n'arrive pas à passer une seule nuit complète dans un lit, pendant tout le film (ce qui, vu par les américains, doit être le comble de ce qui peut arriver à un français). Comme ses mains ont parfois de drôles d'envies, il préfère mettre des gants. En fait, il découvre progressivement sa vraie nature, qui n'éclate que dans la dernière partie du film : celle d'épouse de guerre frustré(e). Comme quoi, une fois de plus, c'est en déguisant la réalité qu'on la découvre le mieux.