Antonio est rentré dans la gendarmerie principalement, semble-t-il, pour le prestige supposé que l'uniforme confère auprès des dames. Le poil qui blanchit mais le coeur toujours vert, il trimballe ses galons, sa moustache et sa guitare au gré de ses affectations dans l'Italie profonde. A Sangliena, petit village (imaginaire) haut perché où il débarque, deux demoiselles retiennent son attention : une sauvageonne dévergondée qu'il laisse généreusement à son benet de subalterne, et une sage-femme plus mûre mais non moins gironde, qu'il trimballe généreusement partout sur son vélo -visiblement, il n'a que ça à faire. C'est un peu Don Juan chez Don Camillo, sans la dimension politique ni métaphysique - ni quoi que ce soit d'autre que pittoresque, d'ailleurs. Du pain et des jeux (de séduction) : tout ce que les italiens ont toujours aimé. Quant à la fantaisie, c'est à peu près celle de mes grands-parents.
Ca commence le lendemain matin de la dernière nuit du précédent : une vraie suite, quoi. Mais comment relancer les affaires de coeur, apparemment bien stabilisées à l'issue du premier épisode ? Bon sang mais c'est c'est bien sûr : instiller un peu de jalousie là-dedans, à coup de quiproquos (plus ou moins) bien sentis. Un peu de comedia del arte (mais pas trop quand même : faudrait pas que les filles prennent goût au spectacle non plus !), un peu de superstition tournée en dérision (mais le bon père est toujours bien bon !), un peu de morale bien pensante (la jolie sage-femme qui a retrouvé son amour de jeunesse n'a plus qu'à reboutonner son corsage !). Bref, après un peu de pagaille (et de pasta) passagère, tout rentre finalement dans le meilleur des ordres possibles. Difficile d'être très drôle sur de telles bases...
Dès le début et jusqu'à la fin des temps : une absence -injuste et horrible, comme toutes les absences. Au centre, au fond : l'absente qui fut, on le devine, délicate et douce. Ceux qui restent : Milo, Andrea et leur diplomate de père, une famille de gens beaux, riches et très malheureux -et même Florence (la ville) n'y peut rien, c'est dire. C'est surtout Andrea, 10 ans, que nous suivons. C'est celui dont la bulle, à égale distance de celle des autres, est la plus fragile. Derrière ses forfanteries d'enfant à la dérive, on le devine délicat et doux. Il est plein de bonne volonté, mais toujours à côté de la plaque continentale de son père. C'est un mélo sur des orphelins qui souffrent : un enfant de 5 ans, un enfant de 10 ans, un enfant de 40 ans. Des hommes sans femme, inguérissables de leur nostalgie du bonheur perdu.