Fellini plonge dans sa mémoire d'enfant. Il se souvient de ses profs fatigués, de ses camarades de classe et de leurs complots de pissotières. Il se souvient de son confesseur enrhumé. Il se souvient de tout ce qui tombe du ciel : les aigrettes du printemps, la neige des mauvais jours, les premiers désirs. Il se souvient de types en chemises noires à la gachette chatouilleuse. Il se souvient d'une dame en rouge qui attirait tous les regards. Il se souvient de Fred Astaire et de Gary Cooper. Il se souvient d'un prince arabe et de ses 40 sirènes. Il se souvient d'une buraliste généreuse. Il se souvient de sa famille : son père maçon, sa mère dévouée et leurs engueulades qui mettaient du sel dans le potage. Il se souvient d'un grand père encore vert. Il se souvient d'un oncle trop grand pour son âge, qui jouait à tonton perché en réclamant "una dona" pour passer l'été. Il se souvient de ses souvenirs et il invente un film au présent de la mémoire (Kusturica lui a tout piqué), grand et fou comme l'enfance.