Dans son dernier rôle -très posthume- Jacques Tati est transformé en cartoon mais il joue pourtant sous son vrai nom (Tatischeff) et exerce quasiment son vrai métier (artiste de music-hall itinérant). Le film est tiré d'un de ses scénarios, comme le rêve de quelqu'un dessiné par quelqu'un d'autre. C'est l'histoire d'un artiste, donc, trop grand pour son pantalon et égaré par les circonstances dans les brumes écossaises. Comme un lapin vit dans son chapeau, une Alice en devenir le choisit pour père adoptif et le suit à Glasgow à la recherche de son avenir, alors que lui n'en a plus beaucoup en réserve. Ils croisent pas mal de trognes burinées par la brise et par la vie, ivres d'art, de solitude ou de whisky. Il se passe entre eux comme la transmission de quelque chose qu'ils ont perdu ou jamais eu, la grâce silencieuse et délicate d'une aquarelle. Pour la beauté des gestes, des gens et des atmosphères qui changent, pour la beauté tout court.