Mon film préféré de l'année 2003 : 6h, 40 ans de vie (des années 60 à nos jours) , un pays (l'Italie), une famille. Italienne, donc, certes, mais dont les membres préfèrent les livres et les voyages au football et à la télé. Une famille sur plusieurs générations : évidemment il est, au bout du compte, beaucoup question de transmission, d'héritage, de mémoire. L'esprit du temps et le vent du destin soufflent en coulisse. Le secret des meilleurs récits, de ceux qui font sens, c'est de tisser un réseau de rimes, de connexions, de fils qui relient les faits, les gestes et les êtres à travers le temps et l'espace, c'est d'entrelacer les vies individuelles avec les événements historiques, Stromboli , Rocco et ses frères et la musique des Parapluies de Cherbourg. Tel pas de porte plusieurs fois le décor d'un dernier adieu, tel voyage commencé par l'un et fini par un autre, une génération plus tard, telle rencontre qui mettra 20 ans à prendre sens. Ce film a un tissage tellement subtil qu'il se confond sans peine à la trame de nos propres souvenirs. Si le cinéma est un songe, nous sommes tous fait de l'étoffe de ce songe-là.