C'est un vieux couple qui vit dans une petite ville de province. ils ont l'air doux et gentils, ils ont l'air d'avoir eu une vie belle et modeste. Cinq enfants, si j'ai bien compté, un qui est mort pendant la guerre, deux qui vivent à Tokyo. Ils se font une joie d'aller leur rendre une petite visite. Les enfants ont un peu de mal à partager cette joie… Un petit tour et puis s'en vont, c'est à peu près le seul pitch du film. Et c'est pourtant le film d'Ozu qui concentre et synthétise le mieux tous les éléments de son cinéma : les liens familiaux qui enferment et qui libèrent en même temps, les parents qui encombrent et les enfants qui déçoivent, les transmissions qui prennent des chemins détournés, les discussions qui ne disent rien et les silences qui disent tout, les gênes qui viennent de ce qu'on ne voudrait pas gêner, les confidences aux copains qui échappent devant un comptoir de saké, les choses et les gens qui cherchent leur bonne place dans le monde, la vie et la mort et le temps qui filent et qui échappent toujours… Un vieux couple et l'histoire de toute l'humanité…