Les 775 films en DVD d'Isabelle
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film(s) produit(s) aux USA

323 réponses classées par dates


Birth of a Nation - Naissance d'une nation

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Réalisé par : David W. Griffith (1875 - 1948)
En : 1915, USA
Acteurs principaux : Lillian Gish (1893 - 1993)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /épique pas toc
Caractéristiques : 125 mn, NB

Critique perso :

L'Amérique, cette grande famille de grands enfants... Au début, la famille du Nord rend visite à ses amis du Sud : badinage et barratins (enfin, c'est muet mais on devine). Et puis, c'est la guerre (la Grande de là-bas, celle de Sécession) : canons et clairons. Et du sang, plein (enfin, c'est en noir et blanc mais on devine). Bien sûr, c'est toujours con, les guerres -surtout entre membres d'une même famille. L'épaisseur romanesque de cette histoire, son ampleur et ses ramifications nous en convainquent aisément. Malheureusement, la suite n'est pas très idéologiquement correcte. En gros, elle voudrait réussir à nous faire prendre le Ku Klux Klan pour un club de boys-scouts courageux. L'Amérique, cette grande famille de grands enfants...

Intolerance - Intolérance

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Réalisé par : David W. Griffith (1875 - 1948)
En : 1916, USA
Acteurs principaux : Tod Browning (1882 - 1962), Lillian Gish (1893 - 1993), Eugene Pallette (1889 - 1954)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /à l'antique /épique pas toc
Caractéristiques : 178 mn, NB

Critique perso :

Pour se faire pardonner de l'idéologie suspecte de Naissance d'une nation, Griffith nous mitonne une fresque historico-morale qui ne manque pas de souffle et d'audace : l'histoire de l'humanité y est sondée (pas du tout aléatoirement) en 4 points clé, et découpée façon carpaccio de tableaux vivants. Sur les 4 histoires, il y en a 3 dont on connaît d'avance plus ou moins la fin : la vie d'un barbu à Jérusalem, dans les années 30 après lui-même ; un certain jour de la St Barthélémy en France ; la bataille de Cyrus contre Babylone aux tout débuts de la Mésopotamie (bon, là c'est un peu plus dur mais on est aidé). Et puis, il y a une histoire contemporaine plus modeste et plus indécise, un mélo qui résume et synthétise les 3 autres dans le quotidien d'une vie ordinaire. Le point de vue passe par le montage et les cartons : l'humanité n'en est qu'à son berceau, on massacre toujours les innocents au nom des meilleurs sentiments... J'oubliais : ça date d'il y a presque un siècle, donc rien à voir, bien sûr, avec ce qui se passe aujourd'hui.

Blind Husbands - Maris aveugles

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Réalisé par : Erich von Stroheim (1885 - 1957)
En : 1919, USA
Acteurs principaux : Erich von Stroheim (1885 - 1957)
Genre(s) : pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 68 mn, NB

Critique perso :

Mme Armstrong accompagne son docteur de mari en vacances à Cortina d'Empezzo, aux pieds de leurs dolomites favorites. Un peu délaissée par son époux, elle tombe sur un officier autrichien très prévenant. Uniforme, monocle et sabre au clair, ce Don Juan des alpâges ne ménage aucun effort et aucun effet. Il a, paraît-il, escaladé toutes les montagnes du monde... Mais la belle résiste, le mari et le destin s'en mèlent. Tout culmine, comme il se doit, au sommet du Pinacle, d'où tout le monde ne descendra pas indemne... Un vieux film plein d'audaces et qui, bien que muet, ne manque pas de sous-entendus.

Kid (The)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1921, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977), Jackie Coogan (1914 - 1984), Edna Purviance (1895 - 1958)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 50 mn, NB

Critique perso :

Les gosses, ça tombe toujours du ciel quand on ne s'y attend pas. C'est ce qu'a l'air de se dire une triste fille-mère, à la sortie de l'hospice où elle vient d'accoucher. C'est ce que se disent, ensuite, deux voleurs de voiture mal inspirés. C'est ce que se dit, enfin, un petit homme à moustaches et à grandes chaussures. Le petit de la fille-mère devient donc le petit du petit homme. Bientôt, il a acquis ses bonnes manières : il sait semer les policiers et faire cuire les pancakes. Il est presque aussi bon comédien que lui. Le petit homme, ça lui donne des ailes. Après, pour relancer l'histoire, d'autres personnages tombent du ciel : des travailleurs sociaux, une gentille marraine, une ange coquine. Premier long métrage venu de la galaxie Chaplin. Une bonne étoile, à suivre.

Foolish Wives - Folies de femmes

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Réalisé par : Erich von Stroheim (1885 - 1957)
En : 1922, USA
Acteurs principaux : Erich von Stroheim (1885 - 1957)
Genre(s) : jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 117 mn, NB

Critique perso :

Un soit-disant comte russe (qui se fait appeler Karamazin) est en villégiature près de Monaco, avec deux soit-disant cousines aussi aristocrates que lui. Il s'intéresse de près à l'ambassadeur U.S. -et à son épouse. Et à quelques autres, plus ou moins friquées. Boutonné et galonné dans les règles, il a toujours l'air en campagne militaire, Karamazin. Et il a toujours quelques chose à tripoter dans les mains : une arme, une canne, un gland de rideau, une main de femmes. Il fait confiance à son charme, à son regard et à son destin. La folie des femmes, c'est de faire confiance aux hommes de son genre. Mais à Monaco, c'est assez souvent que rien ne va plus.

Three Ages - 3 âges (Les)

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Réalisé par : Buster Keaton (1895 - 1966)
En : 1923, USA
Acteurs principaux : Buster Keaton (1895 - 1966)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /à l'antique
Caractéristiques : 63 mn, NB

Critique perso :

L'éternel masculin existe habituellement en 2 modèles : l'éternel soupirant et l'éternel emmerdeur. Pour rendre hommage à l'éternel féminin, l'éternel masculin n'a jamais reculé devant les moyens : plus fort, plus vite, plus riche... sera le vainqueur (l'essentiel, en la matière, n'est pas de participer). L'éternelle histoire de cette rivalité est hoquetée en 3 époques, façon Intolérance romantique et rigolo : un très lointain (et très approximatif) âge de pierre, un pittoresque empire romain, une ère nébuleuse et néanmoins contemporaine. Les costumes changent, les hommes restent. Et ça essaie de nous faire croire que les hisoires d'amour finissent bien, en général.

Gold Rush (The) - Ruée vers l'or (La)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1925, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 98 mn, NB

Critique perso :

Un drôle de petit vagabond à baluchon, embarqué dans une mythique quète de l'or en Alaska. A vrai dire, on ne le verra pas beaucoup creuser ni fouiller. Le décor est surtout prétexte à ramener l'homme à sa plus simple expression, petit point noir dans un grand désert blanc où la survie au froid, à la faim et à la solitude est la principale préoccupation. Avec à peine deux cabanes, un saloon et un ours blanc, on y est, sur la banquise. Avec deux petits pains, on y est, à l'opéra. Chaplin reconstitue ainsi le rêve d'une époque, l'enfance d'un peuple, dont il est à la fois le messager et la victime. On a tous laissé un éclat de rire et une larme sur le décor d'opéra de cette banquise-là.

Phantom of the Opera (The) - Fantôme de l'Opéra (Le)

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Réalisé par : Rupert Julian (1879 - 1943)
En : 1925, USA
Acteurs principaux : Lon Chaney (1883 - 1930)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 92 mn, NB

Critique perso :

Dans les caves de l'Opéra de Paris, parfois, une ombre sort de l'ombre. Elle terrorise les danseuses en tutu, trucide quelques machinos et hypnotise la belle Catherine, doublure de diva, de derrière le mur de sa loge. Une fois, pour montrer qu'elle n'est pas contente, elle fait tomber le lustre de la grande salle sur les spectateurs. En fait, l'ombre s'appelle Eric. La plupart du temps, il vit au 6ème dessous, mais il ne dédaigne pas hanter les toits, si besoin. Des fois, il se déguise en Mort - pas besoin de se forcer beaucoup, d'ailleurs. En ce moment, on joue Faust, ça doit être son opéra préféré. N'y tenant plus, il kidnappe la belle Catherine pour lui donner des leçons de solfège (au 6ème dessous). Le reste appartient à la légende gothique du lieu, et du cinéma.

General (The) - Mécano de la Générale (Le)

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Réalisé par : Clyde Bruckman (1894 - 1955)
En : 1927, USA
Acteurs principaux : Buster Keaton (1895 - 1966)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour)
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Johnny est mécano (c'est-à-dire chauffeur-livreur-ajusteur) de locomotives. Sa monture de prédilection s'appelle la Générale. C'est la Guerre (la seule, la vraie côté US : celle de Secession). Johnny veut s'engager comme volontaire ; il est recalé à l'embauche. Mais la Générale, elle (c'est la moindre des choses quand on s'appelle comme ça), veut participer aux manoeuvres. Alors Johnny est obligé de suivre. Il joue donc le plus sérieusement du monde au train à vapeur -pour l'honneur des sudistes et les beaux yeux de sa fiancée : d'abord comme poursuivant (la Générale a été prise en otage), puis comme poursuivi (il a récupéré la Générale, les ennemis sont à ses trousses). C'est fou l'inventivité dont font preuve les hommes à cheval sur un train à vapeur, à croire que ça leur donne des ailes (de fumée). Un peu comme Naissance d'une Nation, mais en nettement plus drôle.

Sunrise: A Song of Two Humans - Aurore (L')

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Réalisé par : F. W. Murnau (1888 - 1931)
En : 1927, USA
Acteurs principaux : Janet Gaynor (1906 - 1984), George O'Brien (1899 - 1985)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 95 mn, NB

Critique perso :

C'est l'histoire d'un mec qui hésite entre sa maîtresse et sa femme, entre la ville et la campagne, entre l'ombre et la lumière. C'est l'histoire d'un type pour lequel tout semble difficile, qui doit se battre sans arrêt contre les autres, contre la nature et surtout contre la sienne propre. C'est l'histoire d'un homme qui est toujours un peu largué, dépassé, lourd, étranger à lui-même et au monde. Est-ce ainsi que les hommes vivent ? C'est l'histoire d'un acteur qui a toujours l'air de s'être trompé de plateau, de ne pas être dans le bon décor. C'est l'histoire d'un cinéaste qui a inventé l'art de faire du sens avec des images, et des images avec du sens.

Circus (The) - Cirque (Le)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1928, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Un vagabond à la silhouette familière erre dans une fête foraine. Pas très loin derrière, d'autres silhouettes familières en uniforme et casquette. Maître de l'esquive, notre Guignol préféré se réfugie dans un palais des glaces (comme le fera plus tard une certaine Dame de Shanghai), puis dans un cirque (auquel ressemblera celui de Freaks). Là, il est accueilli (entre autres) par une charmante écuyère maltraitée par son papa, par une troupe de Calvero qui ne font plus rire personne et par un gentil lion qu'il vaut tout de même mieux ne pas réveiller. Il y apprend à mettre en scène quelques unes de ses géniales impro inspirées par les silhouettes en uniforme et casquette. Puis, d'autres inspirations le poussent à jouer au funambule, et l'entrainent jusqu'à un strip-tease de haut vol. Tenté par le ménage à trois, il finit par sortir du cercle après avoir, décidément, inventé tout le cinéma.

Steamboat Bill, Jr. - Cadet d'eau douce

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Réalisé par : Charles Reisner (1887 - 1962)
En : 1928, USA
Acteurs principaux : Buster Keaton (1895 - 1966)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Roméo et Juliette sur le Mississipi : Bill, le fils du capitaine bourru du dernier steamer à l'ancienne, aime Marion, la fille du patron capitaliste satisfait du paquebot new style tout confort. Ca se présente mal, les enfants sont à peine les demi-portions de leur papa respectif, et les papas ne sont pas commodes. Et puis, Bill semble éprouver quelques difficultés avec la technique et avec la pesanteur. Quand les éléments naturels se déchainent, pourtant, il plie mais ne romp pas, affrontant arbres déracinés et maisons volantes avec un courage exemplaire. Grandeur et misère de l'acrobate au milieu de la boue et du vent. Misère et grandeur du poète funambule au pays de la Gravité.

Animal Crackers - Explorateur en folie (L')

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Réalisé par : Victor Heerman (1893 - 1977)
En : 1930, USA
Acteurs principaux : Margaret Dumont (1889 - 1965), Groucho Marx (1890 - 1977), Harpo Marx (1888 - 1964), Chico Marx (1887 - 1961), Zeppo Marx (1901 - 1979)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu /la parole est d'or
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Réception chez Mrs Rittenhouse, tenue de (non) rigueur exigée. Il y a là un grand professeur qui ne dit jamais rien, un petit escroc qui démasque les imposteurs et un grand explorateur qui n'arrête pas de dire le contraire de ce qu'il dit. Il prétend entre autres revenir d'Afrique, où il a croisé des ours polaires et débusqué un éléphant dans son pyjama... Il y a là aussi un tableau pompier représentant un cavalier "après la chasse" : apparemment un chef d'oeuvre insurpassable, dont deux des invités ont réalisé une copie supérieure à l'original, qui passent tous entre pas mal de mains. Bref, c'est du théâtre de l'absurde en concentré énergétique, du délire acoustico-visuel en décors de carton pâte, de la plongée en apnée dans les vertiges de l'artifice. Supérieur à l'original qu'il est, sans aucun doute.

Morocco - Coeurs brûlés

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Réalisé par : Josef von Sternberg (1894 - 1969)
En : 1930, USA
Acteurs principaux : Gary Cooper (1901 - 1961), Marlene Dietrich (1901 - 1992), Adolphe Menjou (1890 - 1963)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Le Maroc, dernier refuge avant le désespoir (cf. plus tard Casablanca). Evidemment, c'est plein d'occidentaux désoeuvrés. On peut faire confiance à Sternberg : c'est un des cinéastes qui parvient à mettre le plus de monde, d'accessoires et de barres d'ombres dans ses plans. Et pourtant, ils sont seuls. Elle, danseuse de cabaret bi, chargée d'agrémenter le séjour des légionnaires de passage. Lui, légionnaire de passage sentant bon le sable chaud. Elle trimballe des poupées exotiques dans sa valise. Lui les préfère dans son lit. Ils sont là pour oublier leur passé, et on voit bien qu'ils ne pensent qu'à ça. Ils se draguent par habitude, se séduisent par surprise, se séparent par force. Ils se retrouveront au-delà du cynisme, là où ceux qui ont déjà tout perdu découvrent qu'ils ont encore tout à donner. La beauté des extrêmes.

City Lights - Lumières de la ville (Les)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Cela fait quelque temps déjà que le cinéma est devenu parlant. Et pourtant, un irréductible petit bonhomme à moustache résiste encore. Pire, il se permet de faire un film sur une aveugle qui retrouve la vue, en ignorant superbement qu'il pourrait, en plus, lui donner la parole. De quoi devenir schizo, comme ce milliardaire porté sur le whisky, dont l'amitié avec notre vagabond préféré est proportionnelle au taux d'alcool dans le sang. Charlot est décidément le seul personnage du cinéma à pouvoir ainsi cotoyer les deux visages de l'Amérique, les belles voitures et les vendeuses des rues. A pouvoir réaliser un mélo hilarant. Il n'a jamais pris la parole mais il avait encore des gestes à faire. On lui en aurait beaucoup voulu de ne pas avoir donné ce film-là.

Dracula

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Réalisé par : Tod Browning (1882 - 1962)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Bela Lugosi (1882 - 1956)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Une calèche qui zigzague sur un chemin de Transylvanie dessiné par Gustave Doré. Malgré l'avis unanime des autochtones, un étranger, agent immobilier londonnien de son état, insiste pour honorer son RDV à minuit avec le comte Dracula -aussi connu sous le pseudo de Nosferatu. Le comte, grand seigneur, vit dans une demeure sompteuse, mais il n'a pas dû passer le balai depuis au moins 250 ans. Il compte bien, lui, profiter de son bail éternel pour une cave angaise. L'Angleterre, à cette époque, est décidément pleine de spécimen exotiques. C'est LA qu'il faut être. C'est LA qu'il se passe des choses intéressantes. Les langues, les âmes et les sangs s'y cotoient, s'y échangent, s'y mélangent -y compris avec la ménagerie du coin. C'est le pays des nantis, des filles perdues et des savants fous. De la chair à vampire 1er choix. De l'excellente chair à cauchemar.

Frankenstein

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Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Colin Clive (1900 - 1937), Boris Karloff (1887 - 1969)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Au lieu de se marier et de faire des enfants, comme tout le monde, Frank-E(i)nstein cherche à propager la vie par d'autres moyens. Avec un assistant qui est le frère jumeau de Casimodo, dans un labo (sans doute loué au Dr. Caligari) qui est pour toujours le prototype des endroits où se concoctent les secrets les plus inavouables de l'humanité, avec de l'audace et beaucoup d'éclairs il donne vie... à un mythe. Malgré un scénario rudimentaire qui lui laisse finalement assez peu de scènes, Boris Karloff se révèle aussi fort et fragile qu'on l'avait imaginé, à la hauteur du souvenir que nous n'avions pas encore de lui.

Little Caesar - Petit Cesar (Le)

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Réalisé par : Mervyn LeRoy (1900 - 1987)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Douglas Fairbanks Jr. (1909 - 2000), Edward G. Robinson (1893 - 1973)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 79 mn, NB

Critique perso :

Ascension et chute de Rico, golden-boy du crime et self-made-truand, de format poche mais au mental de caïd. Comme il ne compte pas se cantonner toute sa vie aux caisses de stations services, il pose sa candidature chez un petit parrain régional. L'époque de la Prohibition est propice au petit commerce clandestin, Rico est engagé en CDD. Il ne lui reste plus qu'à devenir boss à la place du boss, à coups de balles dans la peau et de fanfaronnades. Au sommet de sa gloire, ses collègues de gachette lui offriront une montre, comme plus tard, à l'employé de la Rue rouge. Comme lui aussi, il finira pourtant misérablement dans le caniveau. Le film serait un brin théâtral sans la verve énergique d'Edward G. Il marque une date : celle où le noir et blanc bascule côté ombre.

Monkey Business - Monnaie de singe

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Réalisé par : Norman Z. McLeod (1898 - 1964)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : Groucho Marx (1890 - 1977), Harpo Marx (1888 - 1964), Chico Marx (1887 - 1961), Zeppo Marx (1901 - 1979), Thelma Todd (1905 - 1935)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 77 mn, NB

Critique perso :

Les paquebots les plus sérieux -ceux, par exemple, qui transportent Maurice Chevalier- ne sont pas toujours à l'abris des passagers clandestins. On ne se méfie jamais trop des frères Marx : philosophes de l'absurde squatteurs de tonneaux, passeurs de bons mots et de mauvais esprit en bonne société, trafficants d'incongruités dans un monde sérieux. De dangereux contrebandiers, capables tout en même temps de draguer les dames, duper les truants et de cloner Maurice Chevalier en son absence... Jamais en cale sèche d'inspiration. Bon, c'est pas leur meilleur film mais, dans la succession des sketchs, il y a des perles (glissées en douce, comme tout le reste) où la croisière s'amuse (vraiment, pour une fois).

Public Enemy (The) - Ennemi public (L')

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Réalisé par : William A. Wellman (1896 - 1975)
En : 1931, USA
Acteurs principaux : James Cagney (1899 - 1986), Jean Harlow (1911 - 1937)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 83 mn, NB

Critique perso :

Un petit docu sur la vie à Chicago au début du XXème siècle nous met dans le ton : les rues regorgent de petites cailleras à casquettes, toujours prêtes pour un mauvais (petit) coup. Mais les enfants grandissent et leurs coups aussi. Tom Powers est de ceux-là. Il a, comme son nom l'indique, une pile électrique dans le ventre et le poing baladeur. Il apprend vite à manier la gachette (et le demi-pamplemousse), à se rendre indispensable aux uns et encombrant aux autres. Dans ces cas-là, ce sont souvent les autres qui gagnent. Avec ce film et Little Caesar, sorti quasiment en même temps, le crime a trouvé son visage, son sourire malin et son énergie.

Blonde Venus

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Réalisé par : Josef von Sternberg (1894 - 1969)
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Marlene Dietrich (1901 - 1992), Cary Grant (1904 - 1986), Herbert Marshall (1890 - 1966)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 93 mn, NB

Critique perso :

En bonne Vénus qui se respecte, elle est née des eaux, Hélène. Se baignant nue dans un lac de la Forêt Noire, elle a rencontré un américain (un certain Faraday) et l'a suivi dans sa cage dorée new-yorkaise. Leur histoire est devenue le conte préfére qu'ils rejouent à leur fiston, le soir au coin du lit. Mais Marlène, on la connaît : c'est quand elle est en tablier dans sa cuisine qu'elle a l'air déguisée. Bientôt, le gentil mari scientifique est victime de ses radiations, il doit aller se faire soigner en Allemagne. Pour sauver les meubles, Hélène remonte sur les planches. Succès immédiat, conquête immédiate du dandy local, compromis et états d'âme. Allemande et Américaine, Hélène incarne les contradictions de son époque : elle est à la fois la belle et la bête, l'étoile et le ver de terre, la maman et la putain. Une statue de chair, avec un chapeau. Toutes les femmes à la fois, mais en mieux.

Freaks

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Réalisé par : Tod Browning (1882 - 1962)
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Henry Victor (1892 - 1945)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 64 mn, NB

Critique perso :

Un freak, c'est un monstre de foire, un mauvais rêve sur pattes, de ceux qui font commerce de leur bizarrerie, de ceux qu'on paie pour voir. En général, c'est aussi un être humain, partageant la vie d'autres êtres humains -dans un cirque, par exemple. Donc, il sait aimer, il sait haïr. Pourtant, les amours du nain Phroso et de la trapéziste Venus, on les sent dès le début plutôt mal parties. Les vrais monstres de l'histoire, évidemment, ne sont pas ceux qu'on croit. Et il faudra forcer un peu la justice et le destin pour que Venus devienne ce qu'elle a toujours été : une poule... Un drôle de cirque d'éclopés, une drôle de société démocratique, qui proposerait un inventaire des états du corps. Un drôle de film drôle qui ne ressemble à aucun autre -c'est bien la moindre des choses.

Grand Hotel - Grand Hôtel

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Réalisé par : Edmund Goulding (1891 - 1959)
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Lionel Barrymore (1878 - 1954), John Barrymore (1882 - 1942), Joan Crawford (1904 - 1977), Greta Garbo (1905 - 1990)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 112 mn, NB

Critique perso :

Sans doute le premier film choral de l'histoire du cinéma. Décor idéal : le Grand Hôtel de Berlin, son grand hall circulaire, sa porte en tambour, ses sept étages en cercles concentriques. Tout tourne, comme le destin. C'est là qu'échouent toutes les élites financières et artistiques de la ville. Où débarquent aussi tous les jaloux qui ont échoué à en faire partie ou à s'y maintenir. Ou qui en rêvent. Rien que des grands cabotins de leur vie qui font des drames à tous les étages, comme il se doit (d'autant que les stars doivent rentabiliser le peu de temps d'écran qui leur est alloué). Le temps de quelques jours, ils vont donc s'échanger le peu qu'ils n'ont déjà plus vraiment : un peu d'argent, un peu d'amour, un peu de vie (un peu de gloire ?). En le criant un peu fort sur les tréteaux -pardon, le plancher- tout de même. Pas mal, pour l'époque. Mais où sont les blockbusters d'antan ?

Horse Feathers - Plumes de cheval

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Réalisé par : Norman Z. McLeod (1898 - 1964)
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Groucho Marx (1890 - 1977), Harpo Marx (1888 - 1964), Chico Marx (1887 - 1961), Zeppo Marx (1901 - 1979), Thelma Todd (1905 - 1935)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 68 mn, NB

Critique perso :

Marabout - boutes-en-train - train d'enfer - fer à cheval : c'est (en gros) le script. Ca se passe accessoirement dans un prestigieux College U.S. : Groucho est le doyen, Zeppo son (grand) fiston, les deux autres auraient pu/dû être les fers de lance de l'équipe de football locale. Mais, au lieu de bosser, tout le monde dit I love you à la vamp du coin. Tout le monde fait n'importe quoi. Les Marx ne sont jamais aussi à l'aise que quand on leur laisse les clés d'une institution : un Etat, une école. Les clés, c'est sûr qu'on les retrouvera jamais sous le paillasson (eux, éventuellement, c'est possible). Mais elles ouvrent des portes insoupçonnées. Comme chantait l'autre : s'en passer, I'm against it !

Most Dangerous Game (The) - Chasses du comte Zaroff (Les)

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Réalisé par : Cooper & Schoedsack
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Leslie Banks (1890 - 1952), Joel McCrea (1905 - 1990), Fay Wray (1907 - 2004)
Genre(s) : les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 63 mn, NB

Critique perso :

Qu'est-ce qui sépare un chasseur d'un assassin ? Un esthète d'un barbare ? Presque rien, à peine une petite cicatrice sur le crâne... Le comte Zaroff, en génial précurseur de Chasse, Pêche, Nature et Tradition (et en prophète visionnaire des années à venir) a fait de son île un terrain de jeu un peu particulier. Y échoue, pas tout à fait par hasard, un autre chasseur, mais américain, lui -donc qui a le droit de bravement défendre la civilisation. Et n'a pas peur de partir à la recherche des frontières de l'humain. Quant à Fay Wray, c'était juste avant que les mêmes producteurs sadiques (en fait, les réalisateurs sont plutôt, eux, Pichel et Schoedsack) la balancent entre les gros doigts du roi Kong. Elle portait déjà à ravir les robes de soirée déchirées par la forêt vierge, et elle criait déjà très bien.

Mummy (The) - Momie (La)

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Réalisé par : Karl Freund (1890 - 1969)
En : 1932, USA
Acteurs principaux : Boris Karloff (1887 - 1969)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /à l'antique
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

On ne réveille pas impunément une momie qui dort depuis 3700 ans, fallait s'en douter. Im-ho-tep a été embaumé vivant (sans son consentement, semble-t-il) et il lui reste donc quelques petites affaires à régler. Ca tombe bien, il a pour cela gardé en mémoire quelques sortilèges magiques bien utiles. Il est calme, patient (il ne doit plus être à un millier d'années près), et il sait ce qu'il veut : la fiancée dont il a été éloigné, il y a quelques siècles. Sur son passage, on retrouve d'étranges cadavres : mort de rire, mort de peur, à votre guise. Il est terriblement séduisant et terriblement dangereux. Normal : il possède le secret de l'envoutement des légendes.

Baby Face - Liliane

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Réalisé par : Alfred E. Green (1889 - 1960)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Barbara Stanwyck (1907 - 1990), John Wayne (1907 - 1979)
Genre(s) : New York - New York /Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Lily a été élevée -si on peut dire- à la dure. Son papa tient une espèce de bistrot, mais il tire surtout ses clients, et ses revenus, des beaux yeux -et de la jolie silhouette- de sa fille. Il y a tout de même, parmi les clients, des gens qui savent lire. Y'en a même un à l'accent allemand qui offre à Lily "La volonté de puissance" pour la draguer, c'est dire (un nietzschéen revendiqué dans un film américain ? on hallucine...). Un fois le papa parti brûlé en enfer, c'est le moment pour Lily de trouver une situation à la hauteur de ses talents. Direction New York, donc, et le plus haut building qu'elle peut trouver. Plein d'hommes, cela va sans dire, qui ne manquent pas non plus de remarquer ses compétences et sa jolie silhouette -ni ses beaux yeux bien sûr, qui n'ont jamais froid, malgré leur air innocent. Son ascension sociale fulgurante se mesure à la sophistication de sa coiffure, au poids de ses fourrures et au numéro de l'étage où elle est affectée. Les choses vraiment sérieuses commencent au niveau des chefs, pères et fils... Film (dé)culotté typique de l'époque pré-code Hays (tellement qu'on hallucine !).

Design for Living - Sérénade à trois

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Réalisé par : Ernst Lubitsch (1892 - 1947)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Gary Cooper (1901 - 1961), Miriam Hopkins (1902 - 1972), Edward Everett Horton (1886 - 1970), Frederic March (1897 - 1975)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Un beau jour, quelque part entre la Riviera et Paris (c'est-à-dire quelque part sur le chemin du Paradis), elle pénètre dans un compartiment de train (et sans doute dans les rêves) de deux charmants messieurs endormis. Elle les dessine et s'endort à son tour. Sans doute pour qu'ils puissent entrer dans ses rêves à elle. Tout est contagieux, dans ce film ; le sommeil, le bonheur, le succès. L'amour, bien sûr. Mais à trois, forcément, dans trois pays différents, ça complique un peu la vie. Et tout le reste... Ils ne pensent qu'à ça mais n'en parlent jamais -enfin si, en fait, tout le temps, mais en parlant d'autre chose. Pour se donner le change, ils se fixent des règles -gentlemen agreement- qu'ils s'empressent de ne pas respecter. Rien à faire : les objets, les choses, les lieux, leur parlent toujours de la même chose. De ce dont ils ne veulent pas parler, bien sûr. Ce remake par anticipation de Jules et Jim -la tragédie en moins- est du genre à donner envie de se compliquer la vie.

Duck Soup - Soupe au canard (La)

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Réalisé par : Leo McCarey (1898 - 1969)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Louis Calhern (1895 - 1956), Margaret Dumont (1889 - 1965), Groucho Marx (1890 - 1977), Harpo Marx (1888 - 1964), Chico Marx (1887 - 1961), Zeppo Marx (1901 - 1979)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 70 mn, NB

Critique perso :

Ca commence avec une riche rombière qui réalise notre voeux le plus secret : imposer Groucho à la tête de l'Etat. Ca continue avec un chef d'Etat voisin qui doit faire face à notre pire cauchemar : confier à Harpo et Chico une mission délicate... On passe les détails (dommage, c'est ce qu'il y a de meilleur, les détails), tout finit comme prévu : une guerre stupide et abracadabrant-gigantesque entre les deux Etats. Entre-temps, une leçon fondamentale : nous sommes tous des Groucho Marx. On est dans un autre monde possible, affranchi de la logique et du sérieux. Dans ce monde possible-là, l'année 1933 restera un excellent cru.

Heros for Sale - Héros à vendre

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Réalisé par : William A. Wellman (1896 - 1975)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Loretta Young (1913 - 2000)
Genre(s) : pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 76 mn, NB

Critique perso :

Entre la Grande Guerre et la Grande Dépression, en Amérique, c'était un peu la foire aux héros, aux martyrs et aux salauds. Aux pauvres et aux parvenus. Y'en avait plein les rues, on pouvait devenir l'un ou l'autre en moins de deux, pour un rien, par hasard ou par erreur. C'est ce qui arrive à Tom Holmes, faux traitre et vrai type bien, sorte de nouveau Jean Valjean au pays du capitalisme roi. Pour lui comme pour pas mal d'autres, sortir de la pauvreté est aussi dur que sortir des tranchées. Et faut pas trop compter sur les institutions pour se faire aider. C'e'st un peu La vie est belle en mode réaliste, ou comment la vie en société se transforme en moins de deux en guerre sans merci… Pêchu et pas nunuche !

Invisible Man (The) - Homme invisible (L')

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Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Claude Rains (1889 - 1967), Gloria Stuart (1910 - 2010)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Un drôle de voyageur enturbané débarque un soir dans une auberge borgne. Il est de mauvais poil, le genre à attirer des ennuis et la Police. Sous les bandelettes : rien. Invisible. La tête pleine, pourtant, de projets grandioses à rendre fou n'importe quel policier. Et contre lesquels même une ex-fiancée dévouée (solide, pourtant, la fiancée : plus de 50 ans plus tard, elle survivra au triomphal naufrage du Titanic !) ne pourra rien. C'est peut-être le seul film tout public où le héros est intégralement nu la moitié du temps. Rien de plus cinégénique que l'invisibilité, pour jouer avec nos rêves d'impunité.

Kennel Murder Case (The) - Mystère de la chambre close (Le)

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Réalisé par : Michael Curtiz (1886 - 1962)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Mary Astor (1906 - 1987), Eugene Pallette (1889 - 1954), William Powell (1892 - 1984)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s)
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

Au début, il est question d'un concours de chiens, d'héritages et de mésalliances - mais on s'y perd un peu parce que les hommes portent tous la moustache réglementaire, et que les chiens sont du même poil. Et puis le type qui était apparemment le plus riche, le plus vieux et le plus détesté de tout le monde se suicide, enfermé dans son bureau, avec un couteau dans le dos. Et ce n'est que le début. Il y aura d'autres cadavres -et d'autres chiens. La police est sur les lieux mais elle manque singulièrement de flair. Heureusement pour elle, il y a aussi un certain Philo Vance, éleveur de chiens et détective amateur (et à moustache) de son état. L'histoire est du genre à tiroir à double fond sous le double fond : tout le monde a quelque chose à cacher derrière sa moustache, il y a toujours un cadavre derrière chaque cadavre, une femme derrière chaque homme. Et une petite truffe fouineuse derrière toutes les bonnes petites énigmes.

King Kong

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Réalisé par : Cooper & Schoedsack
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Fay Wray (1907 - 2004)
Genre(s) : New York - New York /conte de fées relooké /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Dans une île lointaine, une peuplade humaine survit sur une petite portion de territoire. Le reste est isolé par un haut mur et il s'y passe de drôles de choses. Le roi de ce monde perdu primitif s'appelle Kong : 6m de force brute et d'instincts à l'état pur. Des fois qu'on n'aurait pas compris, il est précisé que l'île a la forme d'un crâne... Les petits blancs qui y débarquent apportent avec eux les atouts de la civilisation occidentale : des armes lourdes, une caméra et une blonde. Avec elle, Kong va apprendre à jouer à la poupée Barbie, et à faire son plus beau sourire... Après, il est presque impossible d'ignorer qu'il finira sa vie dans une autre jungle (celle de New-York), au sommet de l'Empire State Building (où on peut encore se faire photographier en sa compagnie), avec toute notre sympathie. C'était au temps béni où les effets spéciaux n'étaient pas encore ennemis de la poésie et de l'émotion.

Private Life of Henry VIII (The) - Vie privée d'Henry VIII (La)

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Réalisé par : Alexander Korda (1893 - 1956)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Robert Donat (1905 - 1958), Charles Laughton (1899 - 1962)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

L'Angleterre du XVIème siècle, rubrique people. Le roi est un gros lard libidineux, genre Laughton vieux -pourtant, il est encore assez jeune. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne brille guère par sa lucidité matrimoniale : il lui faudra 6 mariages et quelques enterrements pour venir à bout de sa libido. La première femme nous est épargnée, pas la deuxième, décapitée le jour du mariage avec la 3ème. Dans le tableau de chasse, il y aura aussi une princesse de Clève (mais les français savent bien qu'elle ne se marie pas par amour). La leçon de politique est plutôt sommaire, mais la tentative d'auto-absolution (c'est la faute des femmes s'il est si seul, finalement) presque touchante (bel exploit de l'acteur).

Queen Christina - Reine Christine (La)

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Réalisé par : Rouben Mamoulian (1897 - 1987)
En : 1933, USA
Acteurs principaux : Greta Garbo (1905 - 1990), John Gilbert (1899 - 1936), Akim Tamiroff (1899 - 1972)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

A 5 ans, elle monte sur le trône de Suède. Elle devient belle, lit Descartes, s'habille comme papa et gouverne comme lui -tout en aimant un peu moins la guerre, tout de même. Elle croit connaître les hommes, puisqu'elle leur ressemble. Mais elle n'a pas encore rencontré l'ambassadeur d'Espagne. Antonio lui parle d'abord comme un frère, puis la séduit comme un amant. Avec lui, elle se découvre des envies bizarres (se vautrer dans du raisin, par exemple). Elle devient Garbo, comme Victor/Victoria, une anti-Impératrice Rouge. Et quand, par amour, elle quitte son trône pour abdiquer -au grand désespoir de ses sujets-, on la croirait en train de descendre les escaliers de Cannes, assaillie de paparazzi. A la fin, elle bat haut la main le record du plus long plan sans cligner une paupière. Une reine, une vraie, n'a pas besoin de déguisement.

Scarlet Empress - Impératrice rouge (L')

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Réalisé par : Josef von Sternberg (1894 - 1969)
En : 1934, USA
Acteurs principaux : Marlene Dietrich (1901 - 1992), Sam Jaffe (1891 - 1984), John Lodge (1903 - 1985), Akim Tamiroff (1899 - 1972)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou
Caractéristiques : 104 mn, NB

Critique perso :

Petite princesse prussienne, Sophie est choisie, comme sur catalogue, pour devenir la future grande impératrice de la Russie éternelle. Ayant traversé en traineau le grand pays blanc, elle se retrouve enfermée dans un palais dont elle ne sortira plus guère, et où elle ne tarde pas à égarer son nom, son innocence et ses illusions. Là, elle apprend la démesure slave en cours accélérés. Mariée à un empereur débile, elle apprend aussi à ne compter que sur ses propres armes, et sur l'armée avec qui elle entretient des relations étroites. Dans un décor extravagant confié à un sculpteur fou, Marlène déballe sa garde-robe, non moins extravagante. Comme les meilleurs von Sternberg, c'est une ode à la beauté vénéneuse des femmes qui en ont bien bavé. Trop de tout, mais du genre dont on n'a jamais assez.

Bride of Frankenstein - Fiancée de Frankenstein (La)

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Réalisé par : James Whale (1889 - 1957)
En : 1935, USA
Acteurs principaux : Colin Clive (1900 - 1937), Boris Karloff (1887 - 1969), Elsa Lanchester (1902 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 75 mn, NB

Critique perso :

Pour commencer : ressuscitons Frankenstein. Pas de problème : il n'était pas mort, et Mary Shelley elle-même est appelée à la rescousse. Ensuite : introduisons un personnage nouveau : voici le mystérieux et inquiétant Dr. Pretorius, qui n'avoue qu'une faiblesse : l'alcool et les cigares (entre autres), et cultive des petits hommes dans des bocaux. Puis donnons quelques rudiments de langage et de théologie au monstre : le bien, le mal, d'où je viens, etc. Juste assez pour lui donner envie d'autre chose : une femme, par exemple... Les deux savants s'y emploient : il faut bien ça ! Il faut aussi un coeur frais et des cerf-volants par temps d'orage. Le résultat, qui présente un sérieux air de famille avec la génitrice de papier, est du plus bel effet pré-punk. Mais le monstre n'a pas l'air de lui plaire (pourtant, l'actrice était l'épouse de Charles Laughton : elle en avait vu d'autres !)... Le mythe continue, plus vivant que jamais.

Night at the Opera (A) - Nuit à l'opéra (Une)

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Réalisé par : Sam Wood (1883 - 1949)
En : 1935, USA
Acteurs principaux : Margaret Dumont (1889 - 1965), Allan Jones (1907 - 1992), Groucho Marx (1890 - 1977), Harpo Marx (1888 - 1964), Chico Marx (1887 - 1961)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

L'opéra c'est beau, c'est noble, c'est le grand art par excellence. En plus, la jeune première est jolie. Sauf que son copain, le gentil ténor, est un figurant sans le sou tandis que le jeune premier officiel est un salaud qui la colle de trop près. Enfin, on s'inquiète pas trop quand même. Ils partent tous en tournée sur l'océan, agents, doublures et agents doubles plus ou moins officiels compris. On nous avait promis du spectacle première classe et on se retrouve embarqués dans une croisière d'opérette, à partager une cabine à 25 (attention scène culte) et à danser la polka sur le pont. Au nez et à la barbe (surtout la barbe) de héros de guerre en vadrouille. En fait, l'opéra, c'est beau et un peu emmerdant, sauf quand on en confie la machinerie et tous les rouages à une bande de brothers déchaînée. Le vrai grand art, c'est eux.

Top Hat - Danseur du dessus (Le)

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Réalisé par : Mark Sandrich (1900 - 1945)
En : 1935, USA
Acteurs principaux : Fred Astaire (1899 - 1987), Eric Blore (1887 - 1959), Edward Everett Horton (1886 - 1970), Ginger Rogers (1911 - 1995)
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Le danseur du dessus est un Américain à London. Le danseur du dessus fait du bruit -enfin, de la musique- avec ses pieds. En fait, justement, il connaît le secret de la transmutation de l'un en l'autre. Même, il sait transformer les pas en danse, en pas de danse. En plus, il est plutôt mignon. Dommage qu'il soit marié avec son producteur -enfin, avec la femme de son producteur -enfin, apparemment. Sa voisine du dessous est une amazone, aussi à l'aise sur un cheval que dans un costume de plumes. Dommage qu'elle soit mariée avec la femme du producteur du danseur du dessus -ou avec son couturier -enfin, apparemment. Ce vaudeville sautillant est un hymne aux plaisirs de l'artifice, qui ne sont pas des plaisirs pour de faux.

Modern Times - Temps modernes (Les)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1936, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977), Paulette Goddard (1911 - 1990)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Avec sa clairvoyance prophétique habituelle, Charlie Chaplin résume dans ce film les impasses du capitalisme mises à jour par la Grande Crise de 1929. Et il le fait avec ses tripes, avec son ventre. L'obsession du ventre est un leitmotiv de ses personnages ; la crise économique l'exacerbe : entre ceux qui meurent de faim et ceux qui, se mettant au service des machines, se font avaler, la marge est étroite. La fuite et l'improvisation sont les seules chances qui restent à Charlot. Ce petit bonhomme égaré dans l'écosystème urbain où il tente de survivre, transformé en machine à consommer et à produire, est notre frère pour toujours...

Mr. Deeds Goes to Town - Extravagant Mr. Deeds (L')

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Réalisé par : Frank Capra (1897 - 1991)
En : 1936, USA
Acteurs principaux : Jean Arthur (1900 - 1991), Gary Cooper (1901 - 1961)
Genre(s) : New York - New York /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 115 mn, NB

Critique perso :

C'est le conte de fée que les américains adorent se raconter à eux-mêmes : l'histoire d'un homme simple et bon, un average man sorti de sa cambrousse qui, par son bon sens terrien et boy scout, donne des leçons de savoir-vivre à la bonne société blasée et satisfaite de New York. Faut dire qu'il n'est pas mu par l'argent (louche, ça, à se demander s'il est vraiment américain), qu'il écrit des poèmes pour cartes de voeux (et on veut nous faire croire que c'est comme ça qu'il gagne sa vie !) et qu'il n'a même pas de petite amie (ce serait dommage de ne pas avoir l'occasion de sauver au moins une newyorkaise -la pire, si possible !- du marasme). Faut dire aussi qu'il a la tête de Gary Cooper, alors tout passe comme une lettre à la mailbox. C'est comme ça que les américain ont réussi à faire avaler leurs contes de fée au monde entier.

Petrified Forest (the) - Forêt pétrifiée (La)

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Réalisé par : Archie Mayo (1891 - 1968)
En : 1936, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), Bette Davis (1908 - 1989), Leslie Howard (1893 - 1943)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 83 mn, NB

Critique perso :

Un écrivain-auto-stoppeur en panne de tout débarque dans une station-service au milieu de nulle part, y drague la fille du patron qui lit François Villon, sous le regard jaloux et menaçant du mécano-gros-bras, ancien champion de football. La situation est donc, dès le début, un rien théâtrale. Ca ne s'arrange pas avec l'arrivée d'un caïd en cavale qui prend tout le monde en otage. La nuit d'attente est donc consacrée à disserter sur les temps qui changent et le sens de la vie... Le caïd est jouée par un petit (plus si) jeune débutant (pas si) gros dur nommé Bogart. A part lui, ce sont les dialogues qui font tout le boulot. Rencontre improbable entre le mélo-intello et le film noir, les grands espaces déserts et le huis-clos claustro. Molasson, bavard, énervant, pas si mal.

Day at the Races (A) - Jour aux courses (Un)

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Réalisé par : Sam Wood (1883 - 1949)
En : 1937, USA
Acteurs principaux : Margaret Dumont (1889 - 1965), Allan Jones (1907 - 1992), Groucho Marx (1890 - 1977), Harpo Marx (1888 - 1964), Chico Marx (1887 - 1961), Maureen O'Sullivan (1911 - 1998)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 111 mn, NB

Critique perso :

Maintenant qu'on sait où ils passent leurs nuits, restait à savoir ce qu'ils font de leurs journées. Et bien, ils sont en clinique privée -chauffeur-livreur-homme à tout (dé)faire et vétérinaire-chevalier servant pour vieille bique friquée, respectivement. Et pour celui qui reste, jokey au champ de course local (il a toujours aimé les chevaux, celui-là, cf. ici par exemple). Expliquer comment et pourquoi tout ce petit monde se retrouve constamment dans des situations perpétuellement absurdes et compromettantes, est au-dessus de mes forces (et sans intérêt). Les journées sont parfois un peu longues (surtout les inévitables pauses musicales) mais il y a quelques séquences qui méritent qu'on parie sur elles.

Stage Door - Pension d'artistes

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Réalisé par : Gregory La Cava (1892 - 1952)
En : 1937, USA
Acteurs principaux : Katharine Hepburn (1907 - 2003), Adolphe Menjou (1890 - 1963), Ann Miller (1923 - 2004), Ginger Rogers (1911 - 1995)
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /la parole est d'or
Caractéristiques : 92 mn, NB

Critique perso :

Ouvrez bien les oreilles : distribution gratuite de vacheries jubilatoires à la mitraillette ! On est entre filles pas nunuches, dans une pension pour postulantes comédiennes fauchées pas sûres d'avoir une carrière devant -ou derrière- elles. Débarque là-dedans une gosse de riches qui fait un caprice : Miss Katharine Hepburn herself. Bon, nous on se doute qu'elle va finir par assurer sur les planches, mais a priori il y a du boulot : il lui faudra éviter quelques pièges et quelques producteurs intéressés. Il lui reste surtout à apprendre la grande loi des artistes : il faut souffrir pour être bonne ! Drôle mais pas dupe, péchu et amer : un excellent film injustement oublié.

You Only Live Once - J'ai le droit de vivre

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1937, USA
Acteurs principaux : Henry Fonda (1905 - 1982), Sylvia Sidney (1910 - 1999)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

Henry Fonda en méchant ? Non, il n'y a pas que Sergio qui a osé. Fritz, déjà... Mais lui, c'était par ruse. Une ruse pour faire comprendre aux américains que même les ex-taulards ont du coeur, parfois. Que même, ils peuvent être sincères, pleins de bonne volonté, et mériter l'amour des plus belles et gentilles filles du pays. Que même, ils pourraient de temps en temps avoir de bonnes raisons de ne pas faire complètement confiance à la société qui, des fois, peut les condamner à tort. Mais là-dessus, ils ont toujours été un peu durs d'oreilles, les américains. Au point qu'il y a des gars qui sont tellement américains qu'ils n'arrivent pas à croire eux-mêmes à leur innocence. C'est dire les dégats.

Adventures of Robin Hood (The) - Aventures de Robin des Bois (Les)

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Réalisé par : Michael Curtiz (1886 - 1962)
En : 1938, USA
Acteurs principaux : Errol Flynn (1909 - 1959), Eugene Pallette (1889 - 1954), Claude Rains (1889 - 1967), Olivia de Havilland (1916 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 102 mn, couleur

Critique perso :

Alors que le roi Richard (coeur de lion) revient des croisades par le chemin des écolier, son frère Jean (langue de vipère) prend les choses (du pouvoir) en main. Sa trésorerie irait pour le mieux s'il n'y avait pas ce Robin (oeil de biche, sourire d'ange) pour contester son autorité. Robin est officiellement un noble, mais il est un peu mal élevé. A quelques années près, on aurait pu l'appeler un résistant. Au lieu de vivre dans un chateau, comme tout le monde, il préfère les camps scouts itinérants en pleine forêt, en compagnie d'hommes en collants qui passent leur temps à se bagarrer à coups de bâtons, ou à festoyer façon banquet de fin d'album d'Astérix. Marianne est apparemment la seule femme de la région. Elle s'habille en nonne et ne quitte pas sa forteresse, mais ne résiste tout de même pas longtemps à la meilleure flèche du Royaume. Le scénario est celui de tous les jeux d'enfants turbulents depuis 70 ans. Les costumes sont du kitsch qui ne se démode pas. Le film est de l'étoffe dont on fait les mythes.

Angels with Dirty Faces - Anges aux figures sales (Les)

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Réalisé par : Michael Curtiz (1886 - 1962)
En : 1938, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), James Cagney (1899 - 1986), Pat O'Brien (1899 - 1983), Ann Sheridan (1915 - 1967)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Au début, c'est comme dans l'Ennemi public : deux gamins des rues mettent au point un mauvais petit coup de plus. C'est raté. Celui qui court le plus vite réussit à sauver sa peau (des gendarmes) et son âme (il deviendra prêtre). Pour l'autre, c'est vraiment raté : maisons de redressement, prisons, mauvais petits coups qui deviennent des gros mauvais coups. Libéré, il roule des épaules et des mécaniques et revient habiter dans son ancien quartier, narguer son premier complice et montrer le (mauvais) chemin aux nouveaux gamins de son ex-rue. Conte moral(isant), heureusement pas trop gnangnan grâce au charme canaille de Cagney, à son énergie explosive (il a toujours l'air d'être à l'étroit dans ses costumes et entre 4 murs). Même la rédemption finale par le jeu (de basket ou de théâtre) se permet d'être ambigüe, c'est dire l'audace.

Bringing Up Baby - Impossible M. Bébé (L')

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Réalisé par : Howard Hawks (1896 - 1977)
En : 1938, USA
Acteurs principaux : Cary Grant (1904 - 1986), Katharine Hepburn (1907 - 2003)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 102 mn, NB

Critique perso :

Un espèce de professeur Tournesol, en quête de la clavicule intercostale (?) de son dinosaure préféré, croise la route d'une Miss Catastrophe flanquée d'un léopard de compagnie -le Bébé du titre. Pas mal, pour un début -et ce n'est vraiment qu'un début... Il faut donner le temps aux spécimens de toutes espèces de passer de la cage à la nature (et réciproquement). Les acteurs sont géniaux. Aux commandes, un de mes chouchous. Comme la plupart du temps chez lui, les femmes ont quelques longueurs d'avance sur leur partenaire masculin. Et comme toujours, la vérité a besoin d'un peu de désordre pour pointer le bout de son nez. Ce film est devenu l'étalon or de la comédie à la sauce américaine, ce monde où la fantaisie et l'invraisemblance sont un mode de vie.

Room Service - Panique à l'hôtel

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Réalisé par : William A. Seiter (1890 - 1964)
En : 1938, USA
Acteurs principaux : Groucho Marx (1890 - 1977), Harpo Marx (1888 - 1964), Chico Marx (1887 - 1961), Ann Miller (1923 - 2004)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 78 mn, NB

Critique perso :

En bons camarades, les frères Marx(istes) ont inventé le partage du rire (entre l'intello, le mime et le magouilleur). Ils sont ici chefs d'une troupe de théâtreux fauchés, flanqué d'un beau-frère compatissant et d'un auteur provincial encore plus fauché qu'eux. Un odieux capitaliste propriétaire d'hôtel ose leur réclamer des notes de frais. Alors, ils font ce qu'ils savent le mieux faire au monde : berner, truquer, jouer pour nous une pièce bien meilleure que celle qu'ils font mine de préparer. Ce qui inclut : faire mine d'être partis, faire mine d'être malades, faire mine d'être morts (apparemment, il n'y a que comme ça qu'on tolère les artistes...). On ne fait pas mine de rire.

Gone with the Wind - Autant en emporte le vent

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Réalisé par : Victor Fleming (1883 - 1949)
En : 1939, USA
Acteurs principaux : Clarck Gable (1901 - 1960), Leslie Howard (1893 - 1943), Vivien Leigh (1913 - 1967), Olivia de Havilland (1916 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /épique pas toc
Caractéristiques : 238 mn, couleur

Critique perso :

A 16 ans, Scarlett est la reine des pique-nique. Son papa lui donne la recette de la potion magique du Sud, à base de terre rouge de Tara, la propriété familiale. Elle commence sa longue carrière de peste professionnelle en dragant le copain de sa cousine -une sainte. En 4h, elle réussira tout juste à l'embrasser 2 fois, tout en se permettant d'ignorer superbement le superbe Rhett Butler. Lui, elle mettra 10 ans à l'épouser (le temps de liquider 2 maris falots) et 20 ans à se rendre compte qu'elle l'aime peut-être, finalement. Cette histoire est un peu le remake en son et couleurs de la Naissance d'une nation. La 1ère partie, en rouge, est une longue succession de scènes de dépit amoureux sur fond de guerre de sécession. La 2ème partie est un long mélo. Des fois, on se dit que Fleming, qui venait tout juste de finir Le Magicien d'Oz, s'est un peu embrouillé dans les scénarios et qu'il a recasé les mêmes répliques (sur le thème : "there is no place like home") dans les deux. Attention monument ! Mais à part quelques scènes, pas sûr qu'il tienne si bien au vent...

Ninotchka

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Réalisé par : Ernst Lubitsch (1892 - 1947)
En : 1939, USA
Acteurs principaux : Felix Bressart (1892 - 1949), Melvyn Douglas (1901 - 1981), Greta Garbo (1905 - 1990), Bela Lugosi (1882 - 1956)
Genre(s) : Paris /du rire aux larmes (et retour) /entre Berlin et Moscou
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Paris, après la révolution russe, mais avant la 2ème Guerre -un petit enclos de paradis. Débarque un trio de moujiks mandatés par les soviets pour y négocier des bijoux légalement extorqués aux traitres blancs. Fiasco de la troupe, dépassée par la subtilité diplomatique locale. Pour rattraper ce qui peut l'être, les bolcheviques envoient leur meilleur atout : Ninotchka. Ninotchka, c'est la révolution prolétarienne incarnée, un ordinateur implacable dans un corps de femme -et quel corps ! A Paris, elle remet vite les affaires en ordre. Et fait la connaissance d'un dandy dont le blanc des yeux l'intéresse. Il lui enseigne les mensurations de la Tour Eiffel, et à lever le sourcil gauche -entre autres. Entre deux paradis, son coeur ne balance pas très longtemps... Les dialogues doivent pas mal au génial Billy , le charme beaucoup aux interprètes, la touche irrésistible entièrement à Lubitsch.

Roaring Twenties (The) - Fantastiques années 20 (Les)

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Réalisé par : Raoul Walsh (1887 - 1980)
En : 1939, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), James Cagney (1899 - 1986)
Genre(s) : portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 104 mn, NB

Critique perso :

Les années 20 dans le rétroviseur, commentées par une voix off habituée des discours officiels. En fait, les années 20 commencent dans les tranchées de France, entre 1914 et 1918. C'est là que se rencontrent Eddie, George, et Lloyd (comme le scénario est bien fichu, ils se retrouveront bien sûr plus tard). Le retour au civil est rude. Heureusement, vient la Prohibition. Eddie, qui ne fait rien comme tout le monde, fournit ses contemporains en bibine frelatée, tout en buvant du petit lait. Sa petite entreprise fleurit, ses amours piétinent. Quand vient la Crise, comme il ne fait toujours rien comme tout le monde, il se met à boire autre chose. Chronique douce-amère d'un temps où le monde semblait tourner sur la tête. Regard nostalgique et effaré sur une époque pas si lointaine (et pourtant tellement exotique), où personne ne faisait comme tout le monde. Portrait de l'adolescence turbulente de la modernité schizofrène.

Wizard of Oz (The) - Magicien d'Oz (Le)

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Réalisé par : Victor Fleming (1883 - 1949)
En : 1939, USA
Acteurs principaux : Judy Garland (1922 - 1969)
Genre(s) : conte de fées relooké /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 101 mn, NB/couleur

Critique perso :

Dorothy, jeune campagnarde du Kansas (Judy Garland à 16, avec des tresses, mais chez qui la femme pointe... -ses partenaires ne sont pas dupes !) vit en noir et blanc. Une tornade la propulse au pays des Schtroumphs en couleurs (1ère à droite derrière l'arc-en-ciel) où on lui fait la fête en lui offrant des sucettes. Malgré tout, elle regrette son Kansas en noir et blanc (on se demande bien pourquoi), et se met à suivre, avec ses chaussures rubis, une route jaune en quête du magicien mirobolant qui la ramènerait chez elle. C'est le pitch d'une des premières légendes produites par l'Amérique. La morale paysanne qui en ressort officiellement (il faut se contenter de ce qu'on a, "there is no place like home") est heureusement contredite par l'enthousiasme juvénile de Judy, heureuse comme un poisson dans l'Oz, et par l'ironie un brin canaille du magicien (on n'est que ce que les autres voient de nous). Rêve et effroi d'une nature aseptisée, road movie et nostalgie : un pilier de la conscience américaine !

Young Mr. Lincoln - Vers sa destinée

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Réalisé par : John Ford (1894 - 1973)
En : 1939, USA
Acteurs principaux : Henry Fonda (1905 - 1982)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Tout grand homme a d'abord été petit. Lincoln, il avait un peu d'avance sur les autres : c'était un homme grand. Honnête et malin, aussi. D'abord apprenti politicien, puis avocat débutant, il fait ici son stage de légende en devenir, d'homme au milieu des hommes. La justice est là pour révéler le Juste : c'est lors de son premier procès, dans le pire moment d'accablement, qu'il commence à ressembler à sa future statue. Après, il se tient debout et force tout le monde à lever la tête. Du haut de ses jambes interminables, il est à la hauteur de son destin. Portrait en (pas si) grandes pompes de Saint Abraham par maître John : ce que la terre d'Amérique peut produire de mieux.

Grapes of Wrath (The) - Raisins de la colère (Les)

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Réalisé par : John Ford (1894 - 1973)
En : 1940, USA
Acteurs principaux : John Carradine (1906 - 1988), Henry Fonda (1905 - 1982)
Genre(s) : carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 128 mn, NB

Critique perso :

Quand Tom rentre chez lui après avoir purgé 4 ans de prison, il rencontre un pasteur qui a perdu la foi, et des paysans qui ont perdu leur terre. C'est la faute aux proprios, aux patrons des proprios, aux banquiers des patrons des proprios, aux patrons des banquiers des patrons des proprios -bref, à personne. A Mme La Grande-Crise-de-29 (promise à une grande descendance). Pa' et Ma' sont réfugiés chez tontons, et ils s'apprètent à partir eux aussi. L'exode s'engage donc vers la terre promise "qui ruisselle de lait et de miel" : la Californie... Dans un tacot surchargé qui fume comme une loco, ils traversent la misère et l'injustice, l'exploitation et la suspicion. L'esprit de révolte souffle où il veut, mais il souffle fort. On dirait du Ken Loach évangélisé : Qu'elle était verte sa colère !

Great Dictator (The) - Dictateur (Le)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1940, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977), Paulette Goddard (1911 - 1990)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /entre Berlin et Moscou /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 124 mn, NB

Critique perso :

Duel à mort entre les deux plus célèbres moustaches du XXème siècle : à ma droite l'infâme Hynkel, dictateur de la Tomania ; à ma gauche un petit barbier juif, amnésique et maladroit. Ils synthétisent à eux deux tous les degrés de l'(in)humanité et leur lutte s'annonce un brin déséquilibrée. Atouts du premier : sa virilité débordante. Chances du second : sa connaissance du ghetto, sa propention à la fuite. Mais, comme ils se ressemblent comme deux gouttes de vitriol, ce sont les autres qui vont y perdre leur latin. Ils auront droit à un discours chacun. Heureusement, maintenant, on sait depuis longtemps lequel a gagné la guerre...

His Girl Friday - Dame du vendredi (La)

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Réalisé par : Howard Hawks (1896 - 1977)
En : 1940, USA
Acteurs principaux : Ralph Bellamy (1904 - 1991), Cary Grant (1904 - 1986), Rosalind Russell (1907 - 1976)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 92 mn, NB

Critique perso :

Hildegaard -Hildy, pour tout le monde- a été une excellente journaliste, et l'épouse d'un grand patron de presse. Le divorce à peine consommé, elle vient présenter à son ex, dans les bureaux de son journal, son nouveau fiancé (qui ressemble à Ralph Bellamy). Officiellement, elle envisage désormais avec lui une brillante carrière de femme au foyer. Mais l'au-revoir à sa vie d'avant dure plus longtemps que prévu. L'ex, pas très fair-play, essaie de la faire replonger dans la dope du scoop. Il met les ficelles de son grand art (bidonnage et coups fourrés) au service de sa cause. Et, pour réveiller les plus bas instincts (journalistiques) d'Hildy, il la pousse à parler comme une machine à écrire, exercice où elle bat tout le monde. Jeu virtuose sur le pouvoir des mots et des regards.

Philadelphia Story (The) - Indiscrétions

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Réalisé par : George Cukor (1899 - 1983)
En : 1940, USA
Acteurs principaux : Cary Grant (1904 - 1986), Katharine Hepburn (1907 - 2003), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /la parole est d'or
Caractéristiques : 112 mn, NB

Critique perso :

Philadelphia, le berceau de la démocratie en Amérique. Un palais luxueux, écuries et argenterie comprises. Une déesse (aux pieds d'argile), trois prétendants au trône : l'ex, le fiancé et le journaleux. Autour de la piscine, ces enfants de l'Olympe débattent de l'aristocratie des âmes. En gros, ça consisterait non pas à être sans défauts, mais à avoir des défauts dignes de soi. Ainsi le fiancé, parvenu, a l'art de se rendre odieux, tout en étant toujours irréprochable. L'ex, lui, bien que violent, absent ou en pyjamas, est irrésistible. Et le journaleux douteux n'est jamais aussi charmant que quand il est bourré. C'est ça la classe, ça ne s'achète pas. Ne pas exclure une éventuelle lecture politique, mais ça n'empêche pas de rigoler. Et le tout grâce à quoi ? Au champagne, bien sûr !

Rebecca

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1940, USA
Acteurs principaux : Judith Anderson (1897 - 1992), Joan Fontaine (1917 - 2013), Laurence Olivier (1907 - 1989), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 130 mn, NB

Critique perso :

C'est sur la French Riviera (lieu d'envoutement classique des films américains) qu'ils font connaissance. Il est anglais, veuf, très riche. Elle est jeune et innocente. Ils se marient et vont habiter dans la somptueuse demeure de Monsieur, à l'aura mystérieuse. Machine (comment s'appelle-t-elle, au fait ? personne ne l'appelle par son prénom) se retrouve à la tête d'une maison où tout est trop grand pour elle, où tout porte la griffe de Rebecca, la première épouse. Problème : comment lui faire oublier son ex ? Comment se faire aimer d'une propriété où tout -choses et êtres- est encore sous le charme de l'autre ? Comment lutter contre un fantôme qui ne se manifeste que dans les vivants ? Un drôle de cauchemar luxueux, un thriller mental au style gothique flamboyé, avec ce qu'il faut de fièvre et de secrets.

Shop Around the Corner (The) - Rendez-vous

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Réalisé par : Ernst Lubitsch (1892 - 1947)
En : 1940, USA
Acteurs principaux : Felix Bressart (1892 - 1949), James Stewart (1908 - 1997), Margaret Sullavan (1911 - 1960)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 99 mn, NB

Critique perso :

Au coin d'une rue de Budapest, années 30 : c'est chez Matuschek, on y vend de la maroquinerie (des ceintures, des sacs à main...). Alfred, brave garçon poli, est le chef des vendeurs ; Klara, gentille fille enthousiaste, est la nouvelle vendeuse. Pourtant, ils ne s'entendent sur rien. Il y a autant de différences entre eux qu'entre une boîte à cigares et une boîte à bonbons (entre un homme et une femme, quoi). Ils n'ont pas leur langue dans leur poche mais, dans leurs poches, ils gardent précieusement les lettres enflammées qu'ils s'envoient sous pseudo (boîte à lettres numéro 237). Subtiles variations sur les intermitences de la vie sociale et le petit commerce de la vie privée, ces théâtres où tout le monde est un agent double.

Blood and Sand - Arènes sanglantes

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Réalisé par : Rouben Mamoulian (1897 - 1987)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : John Carradine (1906 - 1988), Linda Darnell (1923 - 1965), Rita Hayworth (1918 - 1987), Tyrone Power (1914 - 1958), Antony Quinn (1915 - 2001)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

C'est le genre de films qui fait un genre à lui tout seul : le genre film de corrida hollywoodien. Le cahier des charges inclut du folklore, des filles sexys et des méchants taureaux. Et un p'tit gars qui part de rien et qui n'en veut. Qui veut devenir un mec, un vrai. Il rêve sans doute secrètement d'emballer les taureaux et de massacrer les filles, Mais, cet idiot, il fait exactement le contraire. Débuts difficiles, mais il s'accroche. Quelques aller-retour Seville-Madrid et quelques tours d'arènes plus tard, le gars commence à maîtriser sa géométrie (des cercles et des droites, donc) et son art. Maîtriser sa vie, c'est moins facile. Mais bon, c'est aussi le genre de films dont le titre donne le programme. Et de toute façon, on verrait mal l'intérêt d'un film hollywoodien avec un torero qui meurt de vieillesse dans son lit. Bref, tout est prévisible, sauf la beauté et la grâce du spectacle. Parfois.

Citizen Kane

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Joseph Cotten (1905 - 1994), Agnes Moorehead (1900 - 1974), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 119 mn, NB

Critique perso :

En 1941, Orson Welles a tout juste 25 ans. Il a déjà 10 ans de théâtre (et quelques coups d'éclat) derrière lui, tout le monde le traite comme un génie. Il est plein d'ambition, Hollywood lui fait un pont d'or. Et voilà que, pour son premier film, il imagine ce que pourrait être sa vie si, en plus, il était riche et con. Il fait la bio de son ennemi intime : un petit jeune naïf et sincère qui nait avec une mine d'or entre les mains et pas grand chose d'autre à se mettre dans le coeur. Qui s'achete (la rédaction d') un journal le jour de ses 25 ans. Puis apprend à devenir, progressivement, un capitaliste arrogant et manipulateur d'opinion, à l'aise dans les eaux troubles de la presse et de la politique. Opportuniste en politique, tête de mule en tout. Qui mourra seul et incompris de tous, en emportant dans sa tombe le secret dérisoire de son innocence perdue. Il y en a qui se sont reconnus... Pour tenter l'impossible inventaire d'une vie, Welles invente les nouvelles règles du jeu du cinéma. Impose une nouvelle construction du récit, tourne des plans impossibles. Ce petit blanc-bec a donné des leçons à tout le monde.

Dumbo

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Réalisé par : studios Disney
En : 1941, USA
Genre(s) : animation /conte de fées relooké /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 64 mn, couleur

Critique perso :

Passent les cigognes... Leurs livraisons de saison sont très attendues, surtout chez Mme Jumbo, artiste de cirque (spécialité pachiderme au coeur tendre). Il arrive, donc, il est tout mignon -mais petit avec des grandes oreilles. On l'appelera Dumbo (en English, c'est pas très sympa), il ne dira pas un mot. Les paroles, il laissera ça à Timothée, grand parleur rusé de 5cm, museau frémissant, et longue queue. Son truc, à Dumbo, c'est beaucoup mieux : il rêve (la séquence avec des éléphants roses -même sans DSK- est étonnante), et même : il vole... Il se pourrait (mais je suis pas sûre) que je doive à cette histoire de vilain petit canard transposée chez les éléphants mes premières larmes égarées dans une salle obscure. Il se pourrait (mais je suis pas sûre) que ce film soit la première plume magique qui m'ait fait décoller.

How Green Was My Valley - Qu'elle était verte ma vallée

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Réalisé par : John Ford (1894 - 1973)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Sara Allgood (1879 - 1950), John Loder (1898 - 1988), Maureen O'Hara (1920 - 2015), Walter Pidgeon (1897 - 1884)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /pas drôle mais beau /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 118 mn, NB

Critique perso :

La verte vallée du titre, c'est le Pays de Galles charbonnier, période Germinal tardif. Pas forcément pimpant, dans l'imaginaire commun. Mais les paradis de l'enfance sont souvent verts, allez savoir pourquoi. Dans la famille Morgan il y a, si j'ai bien compté, 6 fils (dont un narrateur : le plus jeune) et une fille à marier. Des parents, aussi, bien sûr : modèle frustre mais droit (côté paternel) ou intelligent du coeur (côté maternel) -modèles tout court. La mine, la grève, les pintes de bière, le pasteur, l'école... rien d'étonnant au décor. Et pourtant, tout arrive par surprise, sans doute parce que c'est la première fois. Dans ce corron d'outre Manche, on parle une drôle de langue : du Welch poétique, peut-être. A moins que cela ne soit la langue de la nostalgie universelle.

Lady Eve (The) - Coeur pris au piège (Un)

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Réalisé par : Preston Sturges (1898 - 1959)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Eric Blore (1887 - 1959), Charles Coburn (1877 - 1961), Henry Fonda (1905 - 1982), Eugene Pallette (1889 - 1954), Barbara Stanwyck (1907 - 1990)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Voici l'homme. Il vient de passer un an dans la jungle. Naïf, timide, maladroit. Papa dans la bière, très riche. Voici la femme. Elle passe sa vie à plumer des gogos. Perfide, tricheuse, aguicheuse. Papa dans les jeux de cartes, très malin. Il élève des serpents. Elle lui fait avaler des couleuvres. Il ne rate pas une seule peau de banane qui traîne. Elle ne rate pas une seule occasion de les laisser trainer. Ils sont forcément faits pour éviter de ne pas s'entendre -et plutôt deux fois qu'une. Au pays de la comédie romantique loufoque, tout est toujours pareil et prévisible -sauf quand ça n'a rien à voir. Dans les couples, c'est pareil.

Maltese Falcon (The) - Faucon maltais (Le)

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Mary Astor (1906 - 1987), Humphrey Bogart (1899 - 1957), Elisha Cook Jr. (1903 - 1995), Sydney Greenstreet (1879 - 1954), Walter Huston (1884 - 1950), Peter Lorre (1904 - 1964)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Avant d'être Philip Marlow, Bogart a été un Sam Spade très crédible. Qui, bien sûr, est assailli de belles dames à son bureau dès qu'il arrive le matin. Et, évidemment, envoie son associé au casse-pipe le soir même. A la suite de quoi, naturellement, il est embarqué dans une sombre affaire passablement emberlificotée, plein de de faux jetons et de gros dégueulasses. Ce qui le sauve, c'est qu'il est un parfait metteur en scène de lui-même et qu'il a toujours l'air d'en savoir plus qu'il n'en a l'air. Ce qui nous accroche, of course, c'est la même chose.

Meet john Doe - Homme de la rue (L')

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Réalisé par : Frank Capra (1897 - 1991)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Walter Brennan (1894 - 1974), Gary Cooper (1901 - 1961), Barbara Stanwyck (1907 - 1990)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 122 mn, NB

Critique perso :

Pour sauver son job, une journaliste excitée -mais belles jambes- bidonne un article dont le héros s'appellerait John Doe, autant dire Jean Dupont ou M. Toutlemonde. Triomphe. Tout le monde veut connaître le type, il n'y a plus qu'à l'inventer. Pour l'incarner, elle caste un vagabond sans le sou -mais belle gueule- et lui fait lire les dicours de son papa humaniste. Capra se moque de sa morale de boy-scout, tout en la donnant à entendre avec conviction. Et puis la machine s'emballe, John Doe devient une icône. Sa pygma-lionne est débordée sur sa droite par une ombre de populisme cynique (à marionnette, marionnette et demi), on ne sait plus trop à quel saint se vouer. Reste John, fidèle à lui-même, prophète sans qualités qui accomplit les écritures des autres. Print the legend et la légende fut. Une nouvelle Genèse de l'Amérique.

Penny Serenade - Chanson du passé (La)

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Réalisé par : George Stevens (1904 - 1975)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Irene Dunne (1898 - 1990), Cary Grant (1904 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 119 mn, NB

Critique perso :

Désolée : c'est pire qu'une erreur de casting, ça frise la faute professionnelle cinéphilique d'avoir ça dans sa collection. Non, je n'aime pas ce film, je l'ai commandé par hasard, je ne le connais pas, je ne l'ai jamais vu. Ce roublard de Stevens a sans doute voulu faire la crème des mélos, mais il appuie vraiment trop sur le champignon. Non je n'ai aucune sympathie pour Julie, dont la seule ambition professionnelle est de devenir une mère de famille parfaite. Rien ne m'énerve plus que de la voir en tablier avec un fichu sur la tête, tentant de passer son certificat de bonne ménagère apte à adopter un petit ange. La seule chose dont je lui suis reconnaissante, finalement, c'est d'avoir donné à Cary Grant le goût des voyages en train.

Shanghai Gesture (The)

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Réalisé par : Josef von Sternberg (1894 - 1969)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Eric Blore (1887 - 1959), Marcel Dalio (1900 - 1983), Walter Huston (1884 - 1950), Victor Mature (1915 - 1999), Gene Tierney (1920 - 1991)
Genre(s) : jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 99 mn, NB

Critique perso :

A l'entrée : un cerbère enturbanné à poils longs et une enseigne lumineuse ("never closes"). A l'intérieur : une foule cosmopolite agglutinée sur des paliers en cercles concentriques jusqu'à une table de casino. Bienvenue en enfer... La patronne s'apelle Mother Gin Sling's (ça aurait très bien pu être Mother Whisky Soda) et, à en juger par sa coiffure, l'intérieur de son crâne a besoin de ventilation. On mettra du temps à comprendre pourquoi elle en veut tant à sa nouvelle cliente, la distinguée Poppy, et pourquoi elle la pousse dans les coussins d'un nonchalant à tarbouche qui se fait appeler Dr. Omar. Elle mettra encore plus de temps à comprendre que ce n'était peut-être pas une si bonne idée que cela... L'histoire est tordue à souhait, les personnages retors, le décor somptueux (et vice-versa). Qu'importe la vraisemblance : même en smoking et en très bonne compagnie, on ne s'évade pas si facilement du petit enfer portatif coincé dans sa mémoire.

Suspicion - Soupçons

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1941, USA
Acteurs principaux : Joan Fontaine (1917 - 2013), Cary Grant (1904 - 1986)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 99 mn, NB

Critique perso :

Tout commence dans un train : début de la romance. Tout continue dans un décor de cottage anglais avec vent dans les chapeaux, chevaux et bal du soir : mariage. Elle s'appelle Lina, il s'appelle Johnnie. Mais, à partir de là, on n'est plus dans le même film. Lina, qui ne voit pas bien de près sans ses lunettes, commence tout de même à trouver que son cher époux exagère. Est-il irresponsable, menteur, voleur, escroc voire plus (si affinités monétaires) ? La maison de Lina -et sa vie- ressemble de plus en plus à une toile d'araignée de lumières et d'ombres. Un tournage en sentiments subjectifs, avec dénouement final trop beau (comme Johnnie) pour être honnête.

Casablanca

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Réalisé par : Michael Curtiz (1886 - 1962)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Humphrey Bogart (1899 - 1957), Marcel Dalio (1900 - 1983), Sydney Greenstreet (1879 - 1954), Peter Lorre (1904 - 1964), Claude Rains (1889 - 1967), Conrad Veidt (1893 - 1943)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 102 mn, NB

Critique perso :

Le Maroc, dernier refuge avant le désespoir (cf. Morocco). C'est un film qui en est plusieurs. Peut-être une fresque politique sur l'Amérique qui décide, en 1942, d'entrer en guerre pour libérer l'Europe, au nom des liens anciens entre les deux continents. Ou alors, un mélo tragique sur l'amour impossible entre un tenancier de bistrot et son ancienne maîtresse, retrouvée par hasard. Ensemble, ils auraient inventé la résistance glamour -celle dont le principal titre de gloire est de réussir à finir les bouteilles de champagne français avant que les allemands ne s'en emparent. Ou alors, c'est le drame de la lutte clandestine contre le nazisme, traquée jusque dans les colonies... Bref, de toute façon un film aussi généreux en intrigues, personnages, scènes d'anthologie et niveaux de lecture n'est sûrement pas devenu mythique pour rien. Play it again (and again...).

Cat People - Féline (la)

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Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Simone Simon (1910 - 2005)
Genre(s) : New York - New York /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 73 mn, NB

Critique perso :

Oliver Reed est architecte. il vit dans un monde où les traits sont tirés à la règle et où les angles filent droit. Irena Dubrovna a le crayon plus souple : elle est styliste pour dames. Elle s'entraîne à dessiner au zoo, devant la cage des panthères. Elle a des ancêtres venus d'Europe de l'est, ce qui explique sans doute son accent français et qu'on la sent capable de tout. Elle a du chien -enfin, plutôt du chat. Comme toutes les choses intéressantes, elle fait envie et elle fait peur. Elle a envie et elle a peur... A quoi rêvent les jeunes femmes ? A la panthère tapie en elles. Et aux hommes qui la réveilleront... Pour se rappeller que la naissance du frisson, c'est la caresse d'une griffe sur du velour.

Magnificent Ambersons (The) - Splendeur des Amberson (La)

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Anne Baxter (1923 - 1985), Joseph Cotten (1905 - 1994), Tim Holt (1918 - 1973), Agnes Moorehead (1900 - 1974)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /vive la (critique) sociale ! /épique pas toc
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Les Amberson sont les rois de leur quartier. Ils vivent dans une maison qui ressemble à une cathédrale gothique. Mais, dès le début du film, leur splendeur s'écrit déjà au passé antérieur : le père a été riche, la fille capricieuse. Elle a préféré à son fiancé fantasque un mari à tête de comptable. Leur fils est devenu le vieux con le plus jeune de ville. Le récit au présent se focalise sur sa confrontation avec l'ex-fiancé fantasque, de retour au pays, en passe de devenir le vieux monsieur le plus jeune de la ville. On dirait la vieille histoire du chêne et du roseau, dans la tempête de l'histoire. Les personnages de cette histoire entretiennent d'ailleurs tous avec un grand raffinement l'art de se gâcher mutuellement la vie -et de rater la leur. Les acteurs sont suivis à la culotte, par une caméra à hauteur de nombril. Tourné par Welles (Mr. Amberson, c'est lui ?), relifté par Wise : on dirait un grand fim aux ailes coupées.

Saboteur - Cinquième colonne (La)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Robert Cummings (1908 - 1990)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Les japonais viennent de s'en prendre à Pearl Harbour. Hitch, passé à l'ouest (de l'Atlantique) depuis Rebecca, veut participer à l'effort de guerre. Alors, il s'en prend aux ennemis du dedans, aux combattants de la Liberté planqués derrière les américains bon teint, aux saboteurs du politiquement correct. Il choisit ses alliés parmi les prolos anars et les aristocrates du coeur, les artistes et les freaks. L'histoire a un goût de déjà vu et un parfum de à revoir : c'est une marche forcée à l'intérieur de la démocratie, east by south east. Le gentil rencontrera la fille des rêves américains. Le méchant sera perdu parce qu'il n'a pas de tailleur anglais. Tout est pour le mieux dans le meilleur des films de propagande possible.

To Be or Not to Be

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Réalisé par : Ernst Lubitsch (1892 - 1947)
En : 1942, USA
Acteurs principaux : Felix Bressart (1892 - 1949), Carole Lombard (1908 - 1942), Robert Stack (1919 - 2003), Henry Victor (1892 - 1945)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /entre Berlin et Moscou /jeu dans le jeu /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 99 mn, NB

Critique perso :

Comment peut-on être nazi, telle est la question ?! Et en 42, il y avait de quoi se la poser... Là où Lubitsch est gonflé, c'est qu'il traite en comédie un thème pareil. Là où il est carrément génial, c'est qu'il choisit pour héros une troupe de comédiens plus familiers des répliques de Shakespeare que des méthodes d'interrogatoire du contre espionnage. Mais tant qu'à se jeter dans la gueule de la Gestapo, autant se déguiser en loup ! Et pour démasquer des imposteurs, rien ne vaut une plus grande imposture encore (ça pourraît bien être, d'ailleurs, une excellente définition du théâtre). Tout cela nous vaut une perle quasi-unique (avec Le Dictateur, bien sûr) : un film de propagande hilarant.

Hangmen Also Die - Bourreaux meurent aussi (Les)

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1943, USA
Acteurs principaux : Walter Brennan (1894 - 1974)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /entre Berlin et Moscou /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 140 mn, NB

Critique perso :

Pour les Praguois de 1940, les bourreaux avaient un nom : Heydrich, représentant d'Hitler. Ca n'a pas dû chagriner grand monde quand il a été assassiné. Mais le film va plus loin : il raconte comment un peuple entier en arrive à prendre sur lui le crime d'un seul -tel un messie à l'envers. Et comment, une fois n'est pas coutume, ses héros s'inventent un prétexte amoureux pour cacher une cause politique. Le grand Brecht est au scénario. Pour l'image, on peut faire confiance à Lang. Il a prouvé dans M qu'il savait regarder une histoire avec ses deux yeux (un pointé sur la police, un dans les bas-fonds). Il refait le coup ici, en laissant traîner sa caméra aussi bien au siège de la Gestapo que chez les résistants. Je ne sais pas si le récit contient une quelconque once de vérité, mais il le mérite.

I Walked with a Zombie - Vaudou

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Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1943, USA
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /poésie en image
Caractéristiques : 69 mn, NB

Critique perso :

Betsy est infirmière. Belle et dévouée, par déformation professionnelle. Elle se voit confier une étrange mission dans les antilles. Il s'agit d'aller soigner l'épouse d'un certain Mr. Holland, propriétaire terrien désabusé. La malade est belle, mais son cas clinique assez désespéré : bien que déjà morte, elle n'arrête pas de sortir de son lit. Zombie, qu'ils disent par là-bas. C'est malheureusement une maladie très répandue de nos jours. Les tams tams grondent beaucoup, mais pas autant que les coeurs, dans la grande maison Holland. Un St Sébastien criblé de flèches, dernier vestige d'un bateau négrier, nargue tout le monde dans la cour... Ambiance et symbolique lourdes, donc, pour ce Jane Eyre (ou Rebecca) des tropiques, enivrant comme un Ti-punch.

Leopard Man (The) - Homme léopard (L')

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Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1943, USA
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 66 mn, NB

Critique perso :

Dans un Mexique de pacotille, suite à une opération publicitaire douteuse, un léopard de compagnie -nettement moins sympa que celui de L'Impossible M. Bébé- est laché dans la nature. Peu après, des femmes disparaissent. On ne voit rien mais on sent tout, surtout le goût du sang. Le film est choral : on passe d'un personnage à un autre, tous reliés entre eux par le fil invisible du destin -ou celui, très lisible, du scénario. Aucun n'est un héros : que des victimes, que des coupables. C'est comme dans La Féline, mais à l'envers. Cherchez la bête. Cherchez l'homme derrière la bête. Cherchez la bête derrière l'homme derrière la bête.

Shadow of a Doubt - Ombre d'un doute (L')

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1943, USA
Acteurs principaux : Joseph Cotten (1905 - 1994), Teresa Wright (1918 - 2005)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Au commencement, Dieu créa la famille américaine moyenne. Et puis, le petit dernier, avec son premier vélo, fit une chute et se fractura le crâne. Devenu grand, il est parti vivre ailleurs, a fait d'autres bêtises. Il rêve de veuves joyeuses. Il s'appelle Charlie. Un jour, il revient hanter le foyer de sa grande soeur qui, elle, a su (re)constituer une parfaite famille américaine moyenne (avec maison typique, jardin, garage, mari et enfants), et dont la fille aînée s'appelle Charlie, en hommage à l'enfant prodige. L'ange déchu parviendra-t-il à pervertir l'ange ingénue qui porte son nom ? Après avoir sérieusement écorné les joies matrimoniales (cf. ses premiers films américains), Hitchcock introduit un soupçon de Soupçons dans le paradis familial.

Stage Door Canteen - Cabaret des étoiles (Le)

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Réalisé par : Frank Borzage (1894 - 1962)
En : 1943, USA
Acteurs principaux : Ralph Bellamy (1904 - 1991), Katharine Hepburn (1907 - 2003)
Genre(s) : New York - New York /en avant la musique /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 132 mn, NB

Critique perso :

Soit disant que, pendant World War II, le monde du spectacle a contribué à l’effort de guerre en s’occupant d’une cantine-salle de spectacle réservée aux GI en plein New York. Soit disant qu’on pouvait y croiser plein de people du théâtre ou du cinéma : les vaguement connus faisaient le service, les has been le ménage, les stars le spectacle ou le management en coulisse. Gros régiment de jeunes filles pour faire -heu…- la conversation. Enfin, quand on dit gens « connus » ou « stars » dans le personnel, c’est avec les critères des bobos américains de l’époque : au regard d’un(e) français(e) même extrêmement cinéphile d’aujourd’hui (au hasard : moi), c’est tout juste si on en reconnait deux ou trois. On a plutôt l’impression d’assister à une interminable soirée « Maritie et Gilbert Carpentier » (désolée, ça en dit long sur mon âge : disons Drucker pour les plus jeunes) avec vagues intrigues pour faire patienter entre deux shows. Réservé aux historiens du music hall, ou aux masos de la cinéphilie.

Double Indemnity - Assurance sur la mort

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Fred MacMurray (1908 - 1991), Edward G. Robinson (1893 - 1973), Barbara Stanwyck (1907 - 1990)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 107 mn, NB

Critique perso :

Walter Neff est le genre de type qui se balade toujours avec des allumettes dans les poches -le genre qui s'enflamment toutes seules, en les grattant avec le pouce. Phyllis Drietrichson est le genre de nana qui se balade toujours avec pas grand chose sur le dos et une chaîne en or à la cheville. Il s'y connaît en assurances -il en vend-, elles s'y connaît en emberlificotage d'hommes -elle a déjà un mari. Entre eux, ça s'enflamme tout seul, presque sans gratter. Logiquement, la prochaine étape obligée consiste à zigouiller le mari, et à toucher l'assurance qu'il ne sait même pas qu'il vient de signer. Si possible en faisant jouer la clause de "double indemnité", qui optimise les profits. Et les emmerdes. Parce que, faut dire, c'est Walter qui nous raconte tout ça, une balle et pas mal d'amertume près du coeur, comme le fera aussi son cousin Joe du fond de sa piscine de Sunset Blvd. Encore un grand couillon avec un faible pour les pétasses perruquées. Le genre de films qui invente un genre nouveau. Le genre qui rend grandioses les criminels amateurs minables, genre grands couillons et pétasses perruquées.

It Happened Tomorrow - C'est arrivé demain

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Réalisé par : René Clair (1898 - 1981)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Linda Darnell (1923 - 1965), Dick Powell (1904 - 1963)
Genre(s) : c'était demain /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 85 mn, NB

Critique perso :

Un rêve de journaliste : disposer du journal du lendemain avant même qu'il ne soit écrit. Un cauchemar d'être humain : connaître avant tout le monde les méfaits qui se commettront bientôt au coin de la rue et la date de sa propre mort, sans rien pouvoir y changer... Eternelle ambivalence de toutes les pulsions et de tous les fantasmes. Voici donc l'un des fleurons du fantastique tranquille de René Clair, où l'imagination remplace les effets spéciaux et la fantaisie l'angoisse. On est plus proche de La Vie est belle que des films de Murnau, Whale et autres effrayeurs en chefs comme Cooper et Schoedsack. C'est qu'ils ne sont pas si nombreux, ceux qui ont tenté d'attaquer l'inconscient par la face sud (celle qui est éclairée par le soleil...).

Laura

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Judith Anderson (1897 - 1992), Dana Andrews (1909 - 1992), Vincent Price (1911 - 1993), Gene Tierney (1920 - 1991)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /la parole est d'or /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Le Lieutenant-détective McPherson -type homme d'action taciturne-, rend visite au chroniqueur mondain Waldo Lydecker -type homme de lettres fielleux-, dans sa baignoire. Et sourit. La guerre du carnet de notes contre la machine à écrire commence. L'enquête porte sur le meurtre d'une certaine Laura, avec qui Waldo a joué à Pygmalion. Il y a aussi Shelby, qui était son ex-futur potentiel époux. Elle valait le coup, Laura, à en juger par son portrait dans le salon, qui a l'air d'aimanter tous les hommes qui passent à proximité (en le regardant, ils finissent tous par se servir un whisky). Une femme de rêve, un rêve de femme, une musique entêtante qui s'insinue partout. Le temps s'inverse, se retourne et n'en finit pas de ne pas s'arrêter : on appelle ça un classique.

Meet Me in St. Louis - Chant du Missouri (Le)

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Réalisé par : Vincente Minnelli (1903 - 1986)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Mary Astor (1906 - 1987), Lucille Bremer (1917 - 1996), Judy Garland (1922 - 1969), Margaret O'Brien (1937 - )
Genre(s) : en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

J'ai enfin retrouvé les ancêtres de mes Demoiselles préférées : elles habitaient St. Louis (Missouri), chantaient déjà pas mal et lorgnaient déjà sur les boys next door en attendant avec impatience leur expo universelle de 1904. C'était le bon temps. L'époque d'Autant en emporte le vent était déjà loin, et pourtant les filles se serraient encore le corset, et avaient encore l'air de faire leurs robes avec des rideaux. Les hommes, eux, ne quittaient jamais leur cravatte pour manger, ni leur smoking pour danser. Tout ça pour quoi ? Presque rien. Une morale nostalgique convenue (le "there is no place like home" du Magicien d'Oz), un hymne à la famille tout ce qu'il y a de plus tradi. Et pourtant, la douce euphorie du "musical" n'y a jamais été aussi douce, ni aussi euphorisante.

Passage to Marseille - Passage pour Marseille

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Réalisé par : Michael Curtiz (1886 - 1962)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), Sydney Greenstreet (1879 - 1954), Peter Lorre (1904 - 1964), Michèle Morgan (1920 - 2016), Claude Rains (1889 - 1967)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 109 mn, NB

Critique perso :

1944 : la guerre est presque finie, alors on va nous la raconter en marche arrière, en flash-backs emboîtés les uns dans les autres (4 niveaux : ça vaut bien Inception !) pour remonter jusqu'aux accords de Munich. Il y a deux journalistes dans l'histoire. Le premier est un petit jeune innocent qui découvre la guerre en spectateur : elle est cachée dans le paysage, littéralemente invisible. Le deuxième est un tough guy embourbé dans les combats (intellectuels puis réels) jusqu'au cou depuis le début. Il est devenu hors la loi, il a du sang sur les mains, mais c'est quand même lui qui a épousé Michèle Morgan. Comme on n'a pas les moyens d'embaucher le monde entier pour la figuration, on se contentera d'un vieux rafiot et de quelques avions, mais l'essentiel y est. La B.O. n'a pas dû coûter très cher non plus : on y entend surtout des versions instrumentales de la Marseillaise (moins emballante que dans Casablanca) et de "en passant par la Lorraine" (sans doute parce que le bâteau s'appelle "ville de Nancy"). A la fin, on sent poindre l'espoir d'un monde (et d'un homme) nouveau. Bref, de la belle allégorie déguisée en film d'action.

To Have and Have Not - Port de l'angoisse (Le)

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Réalisé par : Howard Hawks (1896 - 1977)
En : 1944, USA
Acteurs principaux : Lauren Bacall (1924 - 2014), Humphrey Bogart (1899 - 1957), Walter Brennan (1894 - 1974), Marcel Dalio (1900 - 1983), Sydney Greenstreet (1879 - 1954)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Transposée à la Martinique, c'est à peu près la même histoire que dans Casablanca, mâtinée d'une anticipation d'African Queen. Sauf que l'histoire d'amour (ici, entre Slim et Steve) ne s'écrit pas au passé : elle est dans le présent de l'action. Et même en direct, pour de vrai -tant les acteurs poussent loin la conscience professionnelle... Quant à en avoir (le titre original est quand même nettement meilleur), ils en ont tous les deux, ça ne fait aucun doute. En plus, tous les acteurs secondaire du genre sont aussi au rendez-vous : Greenstreet, Dalio, un bar et un piano. Et l'exotisme de pacotille. Et les 3 étages de l'hotel, pour suivre de près les fluctuations du désir. Il s'y sont mis à deux prix Nobel (Hemingway et Faulkner) pour pondre le scénario. Et un réalisateur génial. Et la grâce...

Detour

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Réalisé par : Edgar G. Ulmer (1904 - 1972)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Tom Neal (1914 - 1972)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 67 mn, NB

Critique perso :

Al est le genre de gars parti de rien pour arriver nulle part. Il a joué du piano dans des bars pour des mecs qui s'en foutaient. Il a laissé filer sa girlfriend à Hollywood. Il a tenté, pour la retrouver, de refaire le chemin des pionniers -de NY à LA. Mais avec quelques siècles de retard, comme tout le reste. Et pas assez de dollars au fond des poches. Al est le genre de type qui, à l'en croire (mais faut-il l'en croire ?) a la poisse collée aux talons comme un chewing-gum. Le genre à se prendre dans l'oeil l'aiguille planquée dans la botte de foin. A attirer les garces et les escrocs avec sa gueule de papier tue-mouche. Filmé en six jours pour le prix d'une nuit au camping, tourné dans un garage avec deux décors, quelques transparences et pas mal d'opacité : le genre de films qui résument un genre à eux tout seul, un petit concentré de perle noire.

Picture of Dorian Gray (The) - Portrait de Dorian Gray (Le)

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Réalisé par : Albert Lewin (1894 - 1968)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Hurd Hatfield (1917 - 1998), Angela Lansbury (1925 - ), Peter Lawford (1923 - 1984), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, NB/couleur

Critique perso :

Au début, Dorian est jeune, beau et amoureux : le portrait parfait du gendre idéal, tel que le peint son ami Basil. Mais, bientôt, perverti par un lecteur des "Fleurs du mal", il se met à fréquenter les bas-fonds de Londres (vers 1886, on y faisait décidément de mauvaises rencontres : Jack, Hide... qui est qui, telle est la question !). Ce qu'il y fait nous reste mystérieux, mais lui attire des ennuis et des ennemis. Lui voit des yeux partout mais garde son teint de bébé. La peinture, elle, traverse l'histoire de l'art à toute vitesse : il se voit dedans comme dans un miroir, mais il est bien le seul. Le roman d'Oscar Wilde m'avait fascinée. Lewin, déjà amateur des poèmes d'Omar Khayyan, de fantastique baroque et d'art raffiné, était l'homme de la situation. Un portrait, une chanson, deux tortues et un poignard : tous les éléments de sa Grande Oeuvre à venir sont déjà là.

Scarlet Street - Rue rouge (La)

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Joan Bennett (1910 - 1990), Edward G. Robinson (1893 - 1973)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 103 mn, NB

Critique perso :

Remake de La Chienne : dans la rue rouge, Chris Cross, comptable gris, peintre du dimanche, va en voir de toutes les couleurs. Sa femme lui donne le blues. Avec une autre, il croit voir la vie en rose. En fait, c'est clair : il est aveugle et se fait rouler comme un bleu. La vérité le rendra vert de rage... Personne n'est sympathique, dans cette histoire. La seule vraie couleur de ce film, c'est le noir de chez noir (dommage que la copie pourrie de ce DVD tranforme tout en gris quasi-uniforme).

Spellbound - Maison du Docteur Edwardes (La)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1945, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Gregory Peck (1916 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 111 mn, NB

Critique perso :

Le Docteur Edwardes est en fait un imposteur, sa Maison est un asile de fous. Ca démarre sur de bonnes bases. La douce (et belle) Constance, elle, est une vraie top psychanaliste de la Maison, qui semble avoir reçu (en vain) les tranferts de tous ses patients et de tous ses collègues. Elle craque pour le faux (mais beau) docteur amnésique, qui pourrait bien être le cas (et l'homme) de sa vie. Le faux (mais beau) Edwardes a des morts à aller récupérer au fond de son trou de mémoire. Et la douce (et belle) Constance, elle, se trouvera bien quelques portes à ouvrir et un père à tuer. La clé des révélations à double fond réside dans un rêve obscur, mis en image par M. Dali himself. Bien mieux qu'une leçon de psychanalyse pour les nuls, un grand film fantas(ma)tique pour tous les grands névrosés que nous sommes.

Tree Grows in Brooklyn (A) - Lys de Brooklyn (Le)

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Réalisé par : Elia Kazan (1909 - 2003)
En : 1945, USA
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 128 mn, NB

Critique perso :

Ca se passe à New-York (made in Hollywood), début XXème siècle (made in du milieu), dans un taudis réglementaire pour émigrés fraichement débarqués qui en sont encore à leur première leçon de rêve américain. C'est le genre d'histoire que doivent adorer les ex-profs de ZEP en retraite : celle de la bonne petite élève méritante, qui réussira à sortir de sa condition par sa bonne volonté, et par Shakespeare. C'est aussi le genre d'histoire que doivent adorer les artistes qui ont réussi : celle du raté pathologique (père de la précédente) qui s'est perdu dans sa bohème mais dont la fantaisie a réussi tout de même à embellir un peu la petite vie de sa modeste famille. Moins efficacement que M. Corleone, qui a dû être son voisin, mais plus honnêtement tout de même. C'est le genre d'histoire qui avait de quoi tenter le débuttant cinéaste Kazan. Il n'avait pas encore eu l'occasion de visiter tous ses côtés obscurs, mais était déjà capable de faire le genre de film social qui peut plaire à tout le monde.

Big Sleep (The) - Grand sommeil (Le)

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Réalisé par : Howard Hawks (1896 - 1977)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Lauren Bacall (1924 - 2014), Humphrey Bogart (1899 - 1957), Elisha Cook Jr. (1903 - 1995), Dorothy Malone (1925 - 2018)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Le détective privé Philip Marlowe est un peu le grand frère de Sam Spade. Pour les cinéphiles, il aura à jamais le même visage : celui de Bogart en majesté, imperméable, chapeau mou, cigarette et ironie toujours au bord des lèvres. Notre homme se voit ici proposer par un vieillard impotent de démèler une affaire de chantage dans laquelle une de ses filles est impliquée. L'autre fille, c'est Lauren Bacall. Le jeu du chat et de la souris peut commencer. Quelques cadavres plus tard, l'histoire d'amour a un peu progressé mais l'affaire est toujours aussi obscure. Une anecdote célèbre (sans doute bidon) rapporte que ni le réalisateur ni les scénaristes (parmi lesquels William Faulkner himself) n'étaient capables de dire, au bout du compte, qui avait tué le chauffeur. Qu'importe ! L'atmosphère somnambulique est de celles qui font veiller très tard.

Cluny Brown - Folle ingénue (La)

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Réalisé par : Ernst Lubitsch (1892 - 1947)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Sara Allgood (1879 - 1950), Charles Boyer (1899 - 1978), Jennifer Jones (1919 - 2009), Peter Lawford (1923 - 1984)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Ils ne pensent qu'à ça -mais n'en montrent jamais rien. Ils ne parlent que de ça -sans jamais rien en dire. C'est un peu comme les politiciens de cette époque, qui ne parlaient jamais de guerre non plus avec Hitler. De quoi est-il question, alors ? De tuyauterie, de bonnes manières. De ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Par exemple, qu'il n'est pas très correct pour une jeune fille de s'occuper de la plomberie. Et que si un homme ose s'intéresser aux domestiques, c'est qu'il a au moins l'excuse d'être un dissident tchèque. Et que rien d'intéressant n'arrive si on ne fait jamais rien de pas correct. On sent le maître qui sourit derrière chaque sous-entre-entendu, jubile derrière chaque geste subtilement incongru. Et cligne de ses yeux malins derrière les paupières de sa caméra.

Dragonwyck - Château du Dragon (Le)

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Walter Huston (1884 - 1950), Vincent Price (1911 - 1993), Gene Tierney (1920 - 1991)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 103 mn, NB

Critique perso :

Elle aurait pu s'appeler Jane Eyre, le film aurait pu s'appeler Rebecca. Mais là, c'est Miranda. Au début, elle vit dans une petite maison dans la prairie. Un brillant destin de paysanne dévotte lui est promis. Mais un vague cousin très riche l'invite à venir jouer la dame de compagnie dans son antre, Dragonwyck, et sa vie bascule. Le cousin s'avère un irrésistible monstre, la maison se révèle gothique et hantée. Miranda est ravie, dès que possible elle épouse les deux. Il ne lui restera plus qu'à survivre le plus longtemps possible aux charmes vénéneux du lieu, et plus qu'à explorer les recoins obscurs du maître de maison. Il y a des gens comme ça qui ont l'air d'être faits pour s'épanouir à l'ombre, qui sont amoureux de leur prison, et de leur geôlier. La mise en bouche d'une grande oeuvre, en forme de curiosité gothique.

Duel in the Sun - Duel au soleil

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Réalisé par : King Vidor (1894 - 1982)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Lionel Barrymore (1878 - 1954), Joseph Cotten (1905 - 1994), Lillian Gish (1893 - 1993), Walter Huston (1884 - 1950), Jennifer Jones (1919 - 2009), Herbert Marshall (1890 - 1966), Gregory Peck (1916 - 2003)
Genre(s) : carrément à l'ouest /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 138 mn, couleur

Critique perso :

Dans un riche ranch du Sud -façon Autant en emporte le vent, quelques années avant-, vivent un vieux sénateur réac et impotent, sa femme qui a tout le temps l'air de pleurer en silence, et leurs deux fils : le gentil progressiste et le séduisant vilain garçon. On leur met dans les pattes une jolie métisse -lointaine cousine à secourir. Et plein de beufs et de chevaux à déplacer, surveiller et dresser. Avec de telles bases, il ne faut pas s'attendre à beaucoup de nuances : de la passion et des coups de feu. Comme dans l'incroyable duel final, qui conjugue l'amour et la mort dans un bain de poussière et de soleil. Un joyau de sang dans un monde de brutes.

Gilda

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Réalisé par : Charles Vidor (1900 - 1959)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Glenn Ford (1916 - 2006), Rita Hayworth (1918 - 1987)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Un tripot clandestin mais chic dans une Argentine de pacotille : voilà pour le décor. Deux hommes qui fondent leur vie sur le jeu, une femme sublime et superstitieuse : voilà pour les personnages. Fric, mensonges et dialogues à triple fonds : voilà pour les moteurs de l'intrigue. Pas facile de mettre un nom sur les sentiments et les motivations des protagonistes, qui s'échangent des déclarations de haine enflammées. Mais quand, dans une scène mythique, Gilda retire langoureusement son gant en chantant aux grands garçons qui la regardent de s'en prendre à Mame, tout le monde retient son souffle. Un film qui serait comme la partie émergée d'un iceberg de pulsion troubles.

It's a Wonderful Life - Vie est belle (La)

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Réalisé par : Frank Capra (1897 - 1991)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Lionel Barrymore (1878 - 1954), Gloria Grahame (1923 - 1981), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 130 mn, NB

Critique perso :

A quoi ça pourrait ressembler, un saint américain ? L'hypothèse George Bailey est ce qu'on propose de mieux sur le marché. Tout petit déjà, il sauve son frère et un petit commerce de la noyade. Il nourrit toute sa vie des ambitions de grand explorateur, sans jamais quitter son village natal. Il devient un père de famille fidèle et honnète, tout en exerçant la profession de banquier sympa. Tant de contradictions refoulées le mènent bientôt au bord de la dépression, et là il faut quand même qu'un ange stagiaire s'y colle pour le sauver du suicide. En lui montrant -sublime trouvaille- que le monde tourne nettement plus rond avec lui que sans. Quand le conte de Noël rencontre la mauvaise conscience américaine et que Capra s'en mèle, ça devient du grand art.

Notorious - Enchaînés (Les)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Louis Calhern (1895 - 1956), Cary Grant (1904 - 1986), Claude Rains (1889 - 1967)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Imaginons que le personnage de La Mort aux trousses soit un vrai espion, et que l'héroïne de Casablanca doive donner des gages de bonne conduite patriotique : le monde à l'envers ! A l'image du film entier, où tout le monde ment et joue la comédie. Sous prétexte de raison d'Etat, bien sûr. Parce que l'amour, il faut bien sûr faire mine, dans ce monde-là, de ne pas y croire. Pour y croire, le spectateur, lui, a droit au plus long baiser en pointillé de l'histoire du cinéma (entrecoupé de dialogues sur le poulet dans le frigo, pour détourner le code Hays). Mais ce n'est que le début : le reste du film est une longue jouissance retardée où la tension monte, se cristallise sur des objets fétiches (clé, bouteille, tasse) avant la délivrance finale. Difficile de ne pas adorer.

Scandal in Paris (A) - Scandale à Paris

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Réalisé par : Douglas Sirk (1897 - 1987)
En : 1946, USA
Acteurs principaux : George Sanders (1906 - 1972), Akim Tamiroff (1899 - 1972)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /la parole est d'or
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Voix off distinguée qui commente avec une brillante ironie les méfaits d'un vaurien : le procédé n'est pas complètement surprenant (c'est parce qu'on a vu avant Noblesse oblige et Barry Lyndon mais ce film-ci est plus ancien) ; il est toujours efficace. Nous voici donc partis pour la vie et les oeuvres du Lieutenant Rousseau, plus connu sous le nom de François Eugène Vidocq -qui n'était pas plus vrai que le précédent. Hollywood en fait une métaphore de l'éternel combat de l'homme contre ses propres démons (via St Georges et le dragon !)- mais sans se prendre trop au sérieux, heureusement. On soupçonne le récit, concentré sur 2 ans, d'être légèrement romancé -sans doute très en dessous de la vérité d'ailleurs ! George Sanders entame là sa brillante carrière de fripouille aristocratique. Mais, comme c'est lui le héros, il pousse pour une fois le bon goût jusqu'à s'amender in extremis pour les beaux yeux d'une marquise. On lui pardonne tout, même son honnêteté.

Lady from Shanghai (The) - Dame de Shanghai (La)

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Rita Hayworth (1918 - 1987), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Un polar, oui, mais d'Orson Welles. Donc : tarabiscoté, désabusé, grandiose. La rousse la plus explosive de l'époque -Rita Hayworth, qui ne pouvait rien lui refuser-, il lui coupe les cheveux et la teint en blonde - mais elle reste plus garce que jamais. Les mecs autour sont des ordures cyniques -mais riches. Il se réserve le rôle du baroudeur naïf sacrifié, tough guy mais pas tant que ça. Les décors sont géniaux (surtout dans quelques scènes mythiques : l'aquarium, le palai des glaces), l'atmosphère lourde, les intentions de chacun tordues à souhait. Ca ne contribue pas beaucoup à faire aimer le monde, mais beaucoup à faire aimer le cinéma !

Lady in the Lake - Dame du lac (La)

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Réalisé par : Robert Montgomery (1904 - 1981)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Robert Montgomery (1904 - 1981), Audrey Totter (1918 - 2013)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 105 mn, NB

Critique perso :

Dans la peau de Philip Marlowe ! C'est ce que promet clairement ce film, (presque) entièrement tourné en caméra subjective. Ca commence, en fait, quand Marlowe essaie de caser la nouvelle qu'il a écrite à l'éditrice d'une revue. "Au cas où il y aurait une vie avant la mort", que ça s'appelle (ou peut-être le contraire). Peut-être bien un traité sur l'histoire du cinéma... En fait, l'éditrice se fout pas mal de sa prose, mais pas de son métier de détective privé. Elle a une affaire à lui soumettre, concernant une certaine Chrystal Kingsby. Marlowe rechigne, mais pas longtemps. Comme c'est un homme-un vrai, il fume beaucoup (effet "fumée blanche" en bord de cadre), reçoit et donne pas mal de gnons (effet caméra qui tremble), se retourne sur les filles (panoramique), en embrasse une (jusqu'à l'écran noir, mais pas le carré blanc). Mais la vie en plans séquences, en fait, c'est surtout un peu chiant, on connaît déjà trop bien. Quant à Chrystal Kingsby, il suffit de lire le générique : Ellay Mort... On pensait entrer dans la peau du seul vrai Marlowe, et on se retrouve surtout dans l'oeil (un peu éteint) de Robert Montgomery (effet déception garanti).

Monsieur Verdoux

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Charles Chaplin (1889 - 1977)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 124 mn, NB

Critique perso :

Une voix d'outre-tombe nous raconte son histoire. Celle d'un certain M. Verdoux, qui ressemble comme deux gouttes de poison au cauteleux M. Vernay, ainsi qu'à un pimpant capitaine Bonheur. En temps de crise des Temps modernes, en France ou ailleurs, tout est bon pour survivre. M. Verdoux a monté une petite entreprise prospère : le détroussage de veuves avec consentement. Un Landru, ce n'est après tout rien d'autre qu'un Charlot qui aurait de l'éducation et des bonnes manières. Mais le métier de multigame polyrécidiviste et de serial-killer en chambre demande une bonne santé et une grande organisation, surtout quand on a le coeur faible. Surtout quand l'heure est aux assassins professionnels d'Etat et à l'industrie du crime rationnalisé. M. Verdoux peut passer à bon droit pour un humaniste désuet ; il arriverait presque à nous faire regretter les petits artisans du bon vieux temps.

Paradine Case (The) - Procès Paradine (Le)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : Ethel Barrymore (1879 - 1959), Charles Coburn (1877 - 1961), Louis Jourdan (1919 - 2015), Charles Laughton (1899 - 1962), Gregory Peck (1916 - 2003), Ann Todd (1909 - 1993), Alida Valli (1921 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s)
Caractéristiques : 125 mn, NB

Critique perso :

Un (très) bel avocat doit assurer la défense d'une (très) belle veuve accusée d'avoir empoisonné son mari aveugle -à moins que le (très) beau valet du défunt n'ait quelque chose à se reprocher... Une moitié du film pour l'enquête, une autre pour le procès, déguisements et perruques comprises (ça se passe à Londres). Dialogues subtils, effets de manche, ombres menaçantes, cadrages brillants. Mais on comprend vite que le verdict n'est pas l'enjeu majeur du récit, puisque les personnages sont déjà tous, avant qu'il ne tombe, condamnés à perpet' à la douleur d'aimer sans retour.

Private Affairs of Bel Ami (The) - Bel Ami

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Réalisé par : Albert Lewin (1894 - 1968)
En : 1947, USA
Acteurs principaux : John Carradine (1906 - 1988), Angela Lansbury (1925 - ), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : Paris /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 112 mn, NB

Critique perso :

Bel(le) tronche et (faux) ami, George Duroy est un provincial sans le sou, arriviste et pique-assiette, promis à une belle carrière mondaine dans le Paris de la fin du XIXème. Son principal atout : il a l’air d’un gentleman distingué et il plait aux femmes. Son principal fardeau : la même chose. Grâce à un copain de régiment (et surtout à la femme du copain), il devient journaliste : couverture idéale pour aller partout et être au courant de tout. La politique, l’économie… rien ne lui échappe, surtout pas la rubrique people, qu’il invente au passage. Pour le reste, il préfère évidemment rater sa vie (amoureuse) que la gâcher (socialement). Les femmes -ses femmes- sont largement aussi intelligentes que lui -et nettement plus sympas-, mais ce sont des femmes. Il arrivera brillamment à tout foirer. Avec élégance. Le film est tout aussi élégant, et ne foire rien.

Boy with Green Hair (The) - Garçon aux cheveux verts (Le)

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Réalisé par : Joseph Losey (1909 - 1984)
En : 1948, USA
Acteurs principaux : Pat O'Brien (1899 - 1983), Dean Stockwell (1936 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 82 mn, couleur

Critique perso :

Un jeune garçon se souvient du matin où il a compris qu'il était unique et seul au monde. Et, accessoirement, orphelin de guerre. Du jour au lendemain, ses cheveux ont tourné au vert pomme. Déjà que la plupart des adultes ne lui inspiraient pas confiance ; là c'est la trahison générale. Il devient rebelle et pacifiste presque malgré lui : natural-born punk ! C'est une fable, bien sûr. Une histoire aux multiples entrées et à la morale ferme et claire. Un film simple et beau comme on n'ose plus en faire.

Foreign Affair (A) - Scandaleuse de Berlin (La)

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1948, USA
Acteurs principaux : Jean Arthur (1900 - 1991), Marlene Dietrich (1901 - 1992), Jonh Lund (1911 - 1992)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Berlin en 1945 : un peu comme un gros tas de légos dans lequel quelqu'un aurait mis un grand coup de pieds. Pas évident d'y caser une comédie. Mais tout n'est pas perdu, voici une délégation Républicaine du Congrès US qui débarque par les airs, avec pour mission de contrôler le (ou la, c'est pas très clair) moral(e) des troupes. Et, en son sein, une sénatrice de l'Iowa qui prend sa charge très à coeur, surtout depuis qu'elle est escortée d'un bel officier qui lui rappelle le pays. Côté moral(e), on ne demande pas trop leur avis aux autochtones, déjà trop heureux d'avoir survécu au gros coup de pied. Y'en a même qui sont encore debout, voire même sexy et bien habillée, et qui chante depuis toujours. Trop heureuse d'avoir pris très à coeur ses relations avec l'occupant, et particulièrement un bel officier qui n'est pas du pays. Le choc des cultures a déjà eu lieu (il a fait quelques millions de morts), il ne reste plus qu'à savoir laquelle est le côté pile, laquelle est le côté face, et de quel côté tombe la pièce quand c'est un bel officier qui la lance. Laquelle sauvera la face et le (ou la) moral(e) des troupes.

Letter from an unknown Woman - Lettre d'une inconnue

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Réalisé par : Max Ophüls (1902 - 1957)
En : 1948, USA
Acteurs principaux : Joan Fontaine (1917 - 2013), Louis Jourdan (1919 - 2015)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau
Caractéristiques : 86 mn, NB

Critique perso :

Vienne, 1900. Stefan, grand séducteur et petit pianiste, se prépare à fuir bravement de chez lui pour échapper à un duel. Et voilà que lui parvient une longue lettre -la lettre d'une vie. La signature ne lui dit rien et pourtant c'est celle d'une femme qui a mis toute son existence sous le signe de sa pâle étoile : adolescente, elle a guetté ses moindres pas, jeune fille, elle s'est donnée à lui juste avant -pas de chance !- qu'il ne parte pour une longue -très longue- tournée. Femme mûre, elle a croisé une fois encore sa route... L'éternelle histoire de la groupie du pianiste : rien de tel que de fréquenter un minable pour entretenir une âme sublime (et un peu maso quand même). Mon coeur de midinette ne s'en est jamais remis.

Rope - Corde (La)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1948, USA
Acteurs principaux : Farley Granger (1925 - 2011), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 80 mn, NB

Critique perso :

Vue sur une rue de New-York très calme. Un cri. La caméra se tourne vers l'intérieur de l'appart. Contrechamp de l'autre côté des rideaux, où deux élégants jeunes hommes en étranglent un troisième. On ne quittera plus ni l'appart (3 pièces-cuisine, mais on ne voit jamais la chambre) ni le plan (8 bobines de 10mn chacune, mais on voit à peine les transitions) -enfin, il m'a bien semblé apercevoir une coupe et un contrechamp, mais ils font sans doute partie du jeu. Et pour raconter quoi, ce simili plan-séance traficoté ? Le buffet froid donné par les deux dandys-assassins sur le cadavre encore tout chaud de leur victime. Le lien qui les attache ne se réduit sans doute pas à la corde qui leur a servi d'arme. Pour les démasquer, on ne pourra guère compter sur la vieille excentrique de service : elle a vu Les Enchaînés mais ne vaut pas Miss Marple. Mais leur prof en toutes choses, lui, a le regard bien affuté. Comme quoi il ne faut jamais croire avoir dépassé son maître.

Tresor of Sierra Madre (The) - Trésor de la Siarra Madre (Le)

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1948, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), Tim Holt (1918 - 1973), John Huston (1906 - 1987), Walter Huston (1884 - 1950)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /épique pas toc
Caractéristiques : 126 mn, NB

Critique perso :

Disons pour simplifier qu'on aurait affaire à une relecture post-western un peu trash et très ironique du "laboureur et ses enfants" : une histoire de glandus au bout du rouleau qui s'improvisent chercheurs d'or au Mexique, à la suite d'un vieux briscard. Ils ont été chauffés à blanc par la misère, mais c'est une fois le filon déniché que le plus dur commence. Ils doivent patauger dans la boue sous un soleil de plomb, rester discrets, planquer leur récolte, se méfier de tout le monde. Ils sont quatre, comme les trois mousquetaires, mais avec des armes à feu et des bandits à sombreros aux trousses. Et puis, à force de fouiller la terre, ils se creusent en eux-mêmes d'insondables boyeux creux. Ils pillent si bien qu'ils se retrouvent avec l'âme toute rabottée : à la fin, on a l'impression de voir les leur toute nues (et celle de Bogart est pas belle à voir). Il y a des hommes qui ne valent sans doute pas leur pesant de pépites. Le film, oui.

Down to the Sea in Ships - Marins de l'orgueilleux (Les)

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Réalisé par : Henry Hathaway (1898 - 1985)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : Lionel Barrymore (1878 - 1954), Dean Stockwell (1936 - ), Richard Widmark (1914 - 2008)
Genre(s) : pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

Il a 12 ans, est orphelin, a été élevé par son grand-père marin sans quasiment jamais mettre un pied à terre, et passe très laborieusement son certificat d'étude grâce à l'indulgence du jury. Il ré-embarque sur un baleinier dirigé par son grand-père, qui le confie à son second qui a fait des études. Toute l’histoire, ce sera : c'est quoi la meilleure école, celle de la vie ou celle de la culture, les baleines ou les livres ? La bonne réponse, ce sera : les deux, mon capitaine ! Mais attention, on n'est pas dans un livre, justement, on est dans un film avec des hommes des vrais dedans, beaucoup d'eau, de la sueur, du sang, des larmes et des baleines (sans doute un peu fausses, elles, mais on s’en fiche). De l'aventure, du panache, des héros des vrais. Du vrai cinéma, de la vie la vraie (et inversement).

Heiress (The) - Héritière (L')

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Réalisé par : William Wyler (1902 - 1981)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : Montgomery Clift (1920 - 1966), Miriam Hopkins (1902 - 1972), Ralf Richardson (1902 - 1983), Olivia de Havilland (1916 - )
Genre(s) : New York - New York /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 115 mn, NB

Critique perso :

Henry James, grand coupeur de cheveux en 4000, a inspiré cette histoire de jeune femme sous influence, dans la bonne société new-yorkaise du XIXème siècle. La jeune femme est censée être très moche et très fade (bien qu’incarnée par Olivia de Havilland), si mal aimée de son père, docteur de la haute, qu’il n’imagine pas un instant qu’on puisse la courtiser pour autre chose que ses sous à lui, surtout si on est fauché et beau comme Montgomery Clift. Une fois toutes les pièces du jeu posées, il n’y a plus qu’à observer la lente destruction d’un coeur par tout ceux qui sont censés lui vouloir du bien. L’héritage (financier et biologique) comme malédiction et obstacle au bonheur : la leçon de maître Henri est, comme on pouvait s’y attendre, subtile et ambiguë, mais néanmoins assez claire, même découpée en 4000. Film de prestige typique de l’âge d’or hollywoodien, en mode beau boulot.

I Was a Male War Bride - Allez coucher ailleurs

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Réalisé par : Howard Hawks (1896 - 1977)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : Cary Grant (1904 - 1986), Ann Sheridan (1915 - 1967)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 103 mn, NB

Critique perso :

Dans l'Allemagne convalescente, les forces alliées occupantes sont multinationales... et mixtes. Le French Capitaine Rochard est ainsi amené à faire équipe avec la Lieutenante yankee Gates. Leur mission confidentielle tourne aussitôt à la guerre des nerfs et des sexes, puis à la scène de ménage pré-nuptiale. Ils signent l'armistice devant un maire, un curé et un pasteur, mais un ordre d'évacuation interrompt la nuit de noce. D'ailleurs, Cary Grant n'arrive pas à passer une seule nuit complète dans un lit, pendant tout le film (ce qui, vu par les américains, doit être le comble de ce qui peut arriver à un français). Comme ses mains ont parfois de drôles d'envies, il préfère mettre des gants. En fait, il découvre progressivement sa vraie nature, qui n'éclate que dans la dernière partie du film : celle d'épouse de guerre frustré(e). Comme quoi, une fois de plus, c'est en déguisant la réalité qu'on la découvre le mieux.

On the Town - Jour à New-York (Un)

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1949, USA
Acteurs principaux : Gene Kelly (1912 - 1996), Ann Miller (1923 - 2004), Frank Sinatra (1915 - 1998)
Genre(s) : New York - New York /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Trois marins en perm' de 24h dans le port de New-York : en moins d'une matinée, ils ont épuisé toutes les curiosités qu'il m'a fallu une semaine pour parcourir ; il ne leur reste que 3/4 de journée pour draguer quelques millions de jeunes filles. Alors que deux d'entre eux se font assez rapidement sauter dessus par deux girls pas nunuches et pas farouches (dont une Impossible Miss Baby), le troisième, lui, a plus de mal. Il tourne autour d'une "Miss Tourniquet" qui lui donne le tournis : poursuites, mensonges, RDV obligé (depuis Elle et lui) en haut de l'Emprire State Building , avant la tournée des bars de nuit. Un concentré de vie, d'énergie et de musique, comme si la forme d'une ville posait déjà sa marque sur le coeur des mortels qui arpentent ses rues.

Under Capricorn - Amants du Capricorne (Les)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : Ingrid Bergman (1915 - 1982), Joseph Cotten (1905 - 1994)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

Ca sent le piège : les amants sont en fait des époux, et apparemment plus tellement si épris que ça. Ils vivent en Australie, début XIXème. Pour se retrouver là-bas à ce moment-là, faut soit porter un uniforme, soit avoir eu des choses à se reprocher, et à fuir. On sait assez vite à quelle catégorie appartient chacun des personnages : tous enfermés dans leur rôle, leur histoire, leur héritage social, leurs petites prisons portatives. Pour zigzaguer à l'aise dans cette geôle, Hitchcock met des ailes à sa caméra. Il la fait virevolter dans les pièces, fureter entre ses acteurs, capter en douce la moindre esquisse de geste, la moindre ébauche de sentiment. L'histoire rappelle un peu celle de Rebecca : c'est du lourd, mais filmé par un papillon. Là sans doute est le piège... le gros monsieur cacherait-il donc une âme de midinette ?

White Heat - Enfer est à lui (L')

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Réalisé par : Raoul Walsh (1887 - 1980)
En : 1949, USA
Acteurs principaux : James Cagney (1899 - 1986), Virginia Mayo (1920 - 2005), Edmond O'Brien (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 114 mn, NB

Critique perso :

Cody Jarrett est un drôle de zig. Avec sa bande de truands-objets, il joue à l'attaque des trains en marche. Il s'en met plein les poches mais ne dépense rien. Avec sa femme-objet, il joue à la poupée (ou le contraire). Avec les gendarmes, il joue au chat et à la souris. Le seul être vivant avec qui il ne rigole pas, c'est sa môman. Cinglé, migraineux, aiguisé comme un couteau, il ne devra sa chute qu'à un Cheval de Troie dissimulé dans un autre Cheval de Troie. Et encore, ce grand bébé a l'art de transformer sa chute en son plus beau triomphe. L'archétype du film noir tardif : redoutablement efficace, dégénéré, plein de fulgurances -comme son héros. "Put the blame on mame", comme disait l'autre.

All about Eve - Eve

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1950, USA
Acteurs principaux : Anne Baxter (1923 - 1985), Bette Davis (1908 - 1989), Marilyn Monroe (1926 - 1962), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : jeu dans le jeu /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 138 mn, NB

Critique perso :

Eve, jeune et charmante actrice, reçoit un prix d'interprétation au milieu de VIP en pingouins. Applaudissements, remerciements. Flash-back : moins d'un an avant, Eve (la même), dans le rôle de la fan anonyme faisant (pour de vrai) le pied de grue à la sortie des théâtres. Que s'est-il passé entre les deux ? Bette Davis, dans le rôle d'une célèbre actrice vieillissante et capricieuse (qui, bizarrement, lui va comme ses gants), arrivera dans l'intervalle à se rendre plus sympathique que l'onctueuse Eve, c'est dire. Mankiewicz prouve par l'exemple que manipulations, faux-semblants et mises en scènes sont les clés d'un spectacle réussi. Impeccable leçon de misanthropie (voire de misogynie) et de cynisme, pour ne plus jamais regarder les cérémonies des Oscar, César, Molière et patapon de la même façon.

Asphalt Jungle (The) - Quand la ville dort

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1950, USA
Acteurs principaux : Louis Calhern (1895 - 1956), Jean Hagen (1923 - 1977), Sterling Hayden (1916 - 1986), Sam Jaffe (1891 - 1984), Marilyn Monroe (1926 - 1962)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 112 mn, NB

Critique perso :

Doc Erwin Riedenschneider, agrégé en combriolage juteux et metteur en scène affuté de son art, sort de prison et ne tarde pas à reprendre ses chères études. Pour mettre la main sur quelques bijoux, il a un scénario en or qui lui permet de choisir son casting : quelques stars incontestées de la cambriole, quelques seconds rôles de plus ou moins gros calibres. Le producteur-promoteur est véreux et amateurs de starlettes, ça n'étonnera personne. Préparation, exécution, conséquences : le plan (devenu) habituel (depuis) de toutes les écoles de casses, de cinéma et d'ailleurs. Comme d'hab, ce serait trop beau que tout se passe bien. Comme d'hab, tout est prévu sauf l'imprévisible : le hasard et la faiblesse des hommes -pas toujours la même, mais il suffit de la trouver. Quand la ville dort, tous les chats sont gris et tous les films sont noirs. Surtout les bons.

Sunset Blvd. - Boulevard du Crépuscule

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1950, USA
Acteurs principaux : Cecil B. DeMille (1881 - 1959), William Holden (1918 - 1981), Buster Keaton (1895 - 1966), Gloria Swanson (1897 - 1983), Erich von Stroheim (1885 - 1957)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Voix off d'outre-tombe pour le premier flash-back post-mortem de l'histoire du cinéma : Joe, donc, est mort. Noyé dans l'objet de son désir : une piscine sur Sunset Blvd., Hollywood. Et avec trois balles dans la peau. Un peu avant, Joe se contentait d'être comme la moitié des habitants de L.A. : un scénariste raté. Jusqu'au jour où sa voiture crève devant chez Norma, richissime ex-star du muet, en pleine préparation ultra-secrète de son come-back. Il devient courtisan, puis courtisé. Complice, compromis, corrompu. Condamné... Victime, comme Norma, de l'illusion à laquelle il a consacré sa vie. Billy Wilder, coté obscur. Derrière l'hommage aux pionniers du cinéma, aux Griffith, DeMille et Stroheim (et au fantôme de Buster Keaton qui joue aux cartes), se profile une féroce satire et une vision fulgurante, qui désigne la rubrique people et les faits divers comme avenir possible de son art.

African Queen (The)

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), Katharine Hepburn (1907 - 2003)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914) /épique pas toc
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Guerre de 14, en pleine brousse africaine, loin de tout. Une vieille fille anglaise, qui a suivi dans ce trou son frère missionnaire, et un aventurier frustre se retrouvent sur un bateau -le fameux African Queen. Personne ne tombe à l'eau, mais c'est thé à 5h contre gin à la bouteille. Ils échaffaudent pourtant bientôt un projet extravagant : en gros, transformer leur raffiot rafistolé en lanceur de roquettes et attaquer le plus gros navire allemand de la région. En route, ils font connaissance avec l'Afrique et avec eux-mêmes. Ce bizarre mélange d'héroïsme en haillons pour has-been qui ont de beaux restes et de romantisme exotique arrive à nous faire croire à l'aristocratie du coeur. Et à l'improbable magie du cinéma.

American in Paris (An) - Américain à Paris (Un)

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Réalisé par : Vincente Minnelli (1903 - 1986)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Leslie Caron (1931 - ), Gene Kelly (1912 - 1996), Oscar Levant (1906 - 1972)
Genre(s) : Paris /en avant la musique
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

Vue d'Amérique, Paris est un rêve, un mirage, un pays merveilleux, un Brigadoon sur Seine. En fait, Paris n'existe pas, ce sont les peintres qui l'ont inventée rien que pour la peindre (même les décorateurs du film se sont fait avoir : on aperçoit la Tour Eiffel, dans le fond, qui repose sur un socle...). Prenez un peintre américain misérable, par exemple, qui vit sous les toits et tente laborieusement de vendre ses tableaux aux pieds de Montmartre, hé bien, il chante et il danse comme un Dieu (c'est-à-dire comme Gene Kelly), il fait des rencontres fabuleuses à chaque coin de rue, il n'a pas un sou et il est heureux (c'est vraiment n'importe quoi). Un film carte-postale, donc, de celles qu'on s'envoie à soi-même pour se dire qu'on pourrait être heureux.

Anne of the Indies - Flibustière des Antilles (La)

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Réalisé par : Jacques Tourneur (1904 - 1977)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Louis Jourdan (1919 - 2015), Herbert Marshall (1890 - 1966), Jean Peters (1926 - 2000)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 81 mn, couleur

Critique perso :

Le capitaine Providence est la terreur des navires anglais des mers du Sud. En fait, son petit nom, c'est Anne. Intrépide, cruelle, comme il sied à quelqu'un qui a été formé(e) à la meilleure école en piraterie du moment : celle de Barbe Noire. Et, effectivement, une petite dent contre les anglais. Donc, plutôt un a priori favorable à l'encontre des français. Ca se confirme lors de sa première rencontre avec un spécimen mâle de l'espèce : tout de suite, elle le fait fouetter torse nu. Mais bientôt, elle ne sait plus à quel genre se vouer. Après avoir embauché le beau frenchy, elle ne sait plus si elle doit convoiter un sabre ou une robe comme part de butin. Et ne sait plus non plus si elle doit faire confiance à son coeur ou à sa raison. Finalement, elle prouvera qu'elle en a (de la féminité) en surpassant tout le monde sur le créneau réservé aux femmes depuis la nuit des temps : le sacrifice. Anne, ma semblable, ma soeur Anne.

Father's Little Dividend - Allons donc, papa !

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Réalisé par : Vincente Minnelli (1903 - 1986)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Joan Bennett (1910 - 1990), Elizabeth Taylor (1932 - 2011), Spencer Tracy (1900 - 1967)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 82 mn, NB

Critique perso :

Stanley, la cinquantaine pimpante, est un parfait chef de famille responsable, époux d'une ménagère modèle comblée, et père de trois merveilleux grands enfants. Alors qu'il commence à envisager un repos bien mérité, il apprend qu'il est enceint de son premier petit-fils. Et comme il ne semble pas prévu dans son contrat que Liz Taylor (qui joue la future heureuse maman) prenne un gramme, la grossesse par procuration s'annonce nerveuse. Bon, avec un tel scénario, pas de quoi faire le film d'action du siècle. Juste assez pour lancer un petit coup de sonde dans les profondeurs de l'Amérique, et d'en tirer un petit sourire de surface. Les desperate housewives ont sûrement eu des parents et des grands-parents qui ressemblaient à ceux-là.

Place in the Sun (A) - Place au soleil (Une)

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Réalisé par : George Stevens (1904 - 1975)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Montgomery Clift (1920 - 1966), Elizabeth Taylor (1932 - 2011), Shelley Winters (1922 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 122 mn, NB

Critique perso :

Il y a deux sortes d'américaines : celles qui fabriquent les maillots de bain à la chaîne, et celles qui les portent sans jamais se salir les mains au travail. Il n'y a qu'une sorte d'américain : celui qui veut tout, comme George Eastman. Avec Alice, sa collègue ouvrière : une idylle de l'ombre. Avec Angela, la mondaine ingénue : le grand jeu et la belle vie. Il est long, pourtant, le chemin qui va de l'une à l'autre. George, auquel Montgomery Clift prête son regard brûlant et ses épaules de vaincu, a le tort de vouloir les aimer toutes les deux, et de croire aux slogans de son pays. Verdict implacable : coupable. Coupable d'avoir eu honte de l'une et envie de l'autre. Coupable d'avoir voulu apprendre à nager dans le grand bain.

Royal Wedding - Mariage royal

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Fred Astaire (1899 - 1987), Peter Lawford (1923 - 1984), Jane Powell (1929 - )
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 93 mn, couleur

Critique perso :

Tom et Ellen sont partenaires sur scène et inséparables dans la vie. Pas mariés pour autant -ça ne se fait pas, ils sont frère et soeur. Leur impressario new-yorkais les envoie à son frère jumeau de Londres pour jouer leur spectacle, juste quelques semaines avant que future Queen Elisabeth et Prince Philippe ne jouent le leur. Ca fait déjà pas mal de couples d'opérettes. Tom et Ellen s'empressent bien sûr d'en constituer deux autres avec d'authentiques autochtones -un vrai Lord et la fille d'un tenancier de bistrot qui est en fait celle de Winston Churchill (dans la vraie vie, pas dans le film !). Tout finira par des chansons -mais vu que ça commençait déjà comme ça, on n'est pas trop surpris. J'oubliais : 15 ans avant les spationautes de 2001, l'Odyssée de l'espace et 50 ans avant Spider-man, Fred Astaire, l'homme qui danse comme il respire, passait déjà sans effort des murs au plafond.

Show Boat

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Réalisé par : George Sidney (1916 - 2002)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Joe E. Brown (1892 - 1973), Ava Gardner (1922 - 1990), Agnes Moorehead (1900 - 1974)
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

Un steamboat sur le Mississipi sert de salle de spectacle flottant pour comédies musicales à volants et à frou-frou. Papa est capitaine-metteur en scène, maman gère les coulisses. La vedette a les beaux yeux d'Ava (mais la voix de quelqu'un d'autre). Un dandy errant et fauché fait semblant de se prendre de passion pour la fille du patron et tout le monde y croit, même lui. A peine débarqué dans l'histoire, il embarque avec la troupe. Dehors, un vieux black chante Ol' man river. La vie, même en volants et en frou-frou, c'est pas drôle tous les jours. Sidney, spécialiste de ballets nautiques, a bien du mal à rester à flot avec cette adaptation très décorative d'un spectacle de Broadway qui échoue à inspirer la moindre émotion. On fait pas que semblant de s'emmerder.

Strangers on a Train - Inconnu du Nord-Express (L')

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Farley Granger (1925 - 2011), Robert Walker (1918 - 1951)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 97 mn, NB

Critique perso :

Guy, un champion de tennis bien propre sur lui, croise dans un train un admirateur anonyme et empressé, prêt à accomplir ses désirs les plus inavouables. Il en oublie son briquet. Il va le regretter. Le film démarre donc sur une espèce de pacte faustien. La suite sera, pour Guy, l'occasion de franchir, les unes après les autres, toutes les marches de l'enfer. Par lâcheté, mensonge, compromission. Secrête attirance, peut-être ? En Méphisto de fête foraine décidément de plus en plus envahissant, Robert Walker tient le rôle de sa vie. Le genre de films qui laisse des traces (un plan de meurtre réfléchi par des lunettes, un briquet tombé au fond d'une bouche d'égout, un manège infernal) même quand on a tout oublié.

Streetcar Named Desire (A) - Tramway nommé désir (Un)

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Réalisé par : Elia Kazan (1909 - 2003)
En : 1951, USA
Acteurs principaux : Marlon Brando (1924 - 2004), Kim Hunter (1922 - 2002), Vivien Leigh (1913 - 1967), Karl Malden (1912 - 2009)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 122 mn, NB

Critique perso :

Blanche, délicate petite chose, échoue un jour à La Nouvelle Orléans, chez sa soeur enceinte. Elle doit cohabiter avec le mari de la soeur, un ouvrier brut(e) de décoffrage qui a visiblement un fort mauvais tailleur (il n'arrête pas de déchirer ses marcels) et n'utilise apparemment pas beaucoup de déodorant pour atténuer l'effet de son abondante sueur. Mais beau comme Brando. Ca se flaire, ça se renifle, façon minauderies ou façon ours, c'est finalement à peu près la même chose. Ca sent le fauve et le renfermé, dans ce film là. Tout le monde y est comme embarrassé ou dépassé par son propre corps. Léger et doux comme du béton armé brut de décoffrage.

5 Fingers - Affaire Cicéron (L')

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Danielle Darrieux (1917 - 2017), James Mason (1909 - 1984)
Genre(s) : entre Berlin et Moscou /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Ankara (Turquie), pendant la dernière guerre. Le terrain est neutre : les ambassadeurs des deux camps s'observent et cohabitent, tout en prenant grand soin de ne surtout pas se croiser au détour d'un couloir. Une comtesse ruinée cotoie les uns et les autres. Son ex-majordome, désormais valet de chambre de l'ambassadeur anglais, fricotte contre finances avec l'ennemi allemand. Pas d'effets de suspens, ici : nous savons tout de tous, ce qui n'est le cas de personne d'autre. Nous sommes les seuls à pouvoir évaluer le subtil réseau de relations et de dépendances, d'asservissements et de soumissions, qui lie les personnages les uns aux autres. Nous serons aux premières loges de la déconfiture ironique de chacun. Le meilleur film d'espionnage que je connaisse, en forme de grand jeu de dupes à qui perd gagne... et où tout le monde perd, bien sûr...

Angel Face - Si doux visage (Un)

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Herbert Marshall (1890 - 1966), Robert Mitchum (1917 - 1997), Jean Simmons (1929 - 2010)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Elle est jeune, belle, riche -très riche. Une enfant gâtée. Il est beau, flegmatique et pauvre -très pauvre. Un postulant au rêve américain, qu'il verrait bien sous la forme d'un petit garage rien qu'à lui. Dès la première rencontre, ils s'échangent une baffe : coup de foudre. Elle s'intéresse au piano, aux échecs et à la mécanique. Elle a des petits problèmes de famille. Elle adore foutre la merde. Il n'a que sa carrure d'athlète et sa bonne volonté. Il est un peu mou et hésitant. Il ne pas voit pas bien ce qui se cache derrière les sourires. Ils sont faits pour s'entendre, c'est-à-dire associer leurs intérêts mal compris. Manipulations, jeux de dupes et névroses tapies sous les tapis... Un grand film noir, c'est noir.

Big Sky (The) - Captive aux yeux clairs (La)

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Réalisé par : Howard Hawks (1896 - 1977)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Kirk Douglas (1916 - )
Genre(s) : carrément à l'ouest /épique pas toc
Caractéristiques : 122 mn, NB

Critique perso :

La conquête de l'ouest passe aussi par le nord -et par le chemin des fleuves. Deux cow-boys en rade, bons camarades mais prompts à la bagarre, se retrouvent embarqués dans une expédition au long cours : l'un a un long fusil, l'autre devra se faire amputer le doigt. Je ne dirai pas lequel la fille -une otage indienne- choisira, mais ça peut se deviner. Un western pour marins d'eau douce qui suit le rythme nonchalent de l'eau et qui, malgré quelques coups de feu, nous repose des tueries pétaradantes.

Deadline - U.S.A - Bas les masques

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Réalisé par : Richard Brooks (1912 - 1992)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Ethel Barrymore (1879 - 1959), Humphrey Bogart (1899 - 1957), Kim Hunter (1922 - 2002)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 87 mn, NB

Critique perso :

Le compte à rebours a commencé pour Ed, rédacteur en chef super-compétent du « Day », quotidien new yorkais sous pression. Avec ses journalistes, il a des plusieurs affaires sur le feu, Ed : une sombre histoire de politicien véreux, celle d’une jeune fille retrouvée nue et noyée dans son manteau de fourrure. Et quelques autres, comme d’hab. Il a aussi une ex-femme désabusée, sur le point de refaire sa vie sans lui. Et là-dessus, les filles indignes du fondateur du journal veulent revendre le titre à la concurrence pour le liquider. Un vrai emploi du temps de super-héros. Un vrai film de super héros de la démocratie avec des vrais gens dedans.

Limelight - Feux de la rampe (Les)

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Réalisé par : Charles Chaplin (1889 - 1977)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Claire Bloom (1931 - ), Charles Chaplin (1889 - 1977), Buster Keaton (1895 - 1966)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 141 mn, NB

Critique perso :

Pour un de ses avant-derniers tours de piste, Chaplin échange ses frusques de Charlot pour celles d'un certain Calvero et joue à se faire croire qu'il n'est plus qu'un tocard solitaire qui ne fait plus rire personne. Plus inquiétant encore : fidèle à son grand coeur, il sauve du suicide une charmante jeune fille, elle lui tombe dans les bras et voilà qu'il s'esquive pour laisser la place à un plus jeune (même pas plus drôle) que lui (qui pourrait même être son fils). Ca va vraiment mal pour les vieux drôles (Buster Keaton aussi, aurait besoin d'être sauvé du suicide). Le temps d'un avant-dernier tour de piste, jouons à croire qu'ils ne pourront plus jamais nous faire rire comme avant.

Narrow Margin (The) - Enigme du Chicago Express (L')

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Réalisé par : Richard Fleischer (1916 - 2006)
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Marie Windsor (1919 - 2000)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Partie de cache-cache avec flingues, dans le dernier train pour L.A. C'est drôles, les trains, pour se cacher : c'est plein de coins, de portes et de vitres, ça s'arrête presque jamais. Participent à la partie quelques policiers qui protègent un ou deux mouchards, un ou deux mouchards pas rassurés par les mauvaises fréquentations des wagons, et des mauvaises fréquentations un peu fachées avec les policiers. Chacun est le chat et la souris de quelqu'un d'autre, mais pas toujours de ceux qu'on croit. D'ailleurs, ce n'est pas très facile de jouer à la ronde dans un alignement de compartiments. Chapeau au réalisateur qui, lui, a l'air aussi à l'aise sur cette poutre étroite que dans un décor confortable. Et puis, les trains, c'est pas parce que ça file droit que ce n'est pas propice aux bons films, et aux retournements de situations.

Singin' in the Rain - Chantons sous la pluie

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1952, USA
Acteurs principaux : Cyd Charisse (1921 - 2008), Jean Hagen (1923 - 1977), Gene Kelly (1912 - 1996), Debbie Reynolds (1932 - 2016)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

La grâce, comme la pluie, tombe du ciel, et ce film-là a été copieusement arrosé. Normal, en fait, parce qu'il ne parle que d'une chose : comment échapper à la pesanteur ? Recensement des réponses possible : la danse, la musique, le rire, l'amour, l'enfance et l'art (ou plutôt l'enfance de l'art -du cinéma en l'occurrence). Et la synthèse de tout ça s'appelle Gene Kelly (crédité aussi du statut de co-réalisateur). Il n'a jamais été aussi jeune et aussi beau qu'ici, et personne n'a plus jamais aussi bien que lui barbotté dans une flaque en hurlant son bonheur.

Band Wagon (the) - Tous en scène

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Réalisé par : Vincente Minnelli (1903 - 1986)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Fred Astaire (1899 - 1987), Cyd Charisse (1921 - 2008), Oscar Levant (1906 - 1972)
Genre(s) : New York - New York /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

Un certain M. Truffaut (ou son double de cinéma) dit quelque part qu'un film est comme un train dans la nuit. Un "musical" à l'américaine, c'est pareil : ça embarque tout un tas de monde pour on ne sait trop où, et ça y va à toute vitesse. Des fois, ça fait rire en voulant impressionner, des fois ça impressionne en voulant faire rire. Des fois, ça déraille. Des associations de talents les plus hétéroclites peuvent y réussir à s'entendre, ou bien exploser, et les cabots les plus incompatibles devenir inséparables (enfin, c'est un "musical", tout de même, pas la vraie vie). L'art d'attraper la chance et la grâce, c'est un bricolage de pros. Et quand ça rend heureux, on se fiche de savoir si c'est notre double de spectateur ou dans la vraie vie.

Beat the Devil - Plus fort que le diable

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), Jennifer Jones (1919 - 2009), Gina Lollobrigida (1927 - ), Peter Lorre (1904 - 1964), Robert Morley (1908 - 1992)
Genre(s) : jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Un port italien après la guerre, cuit à l'étouffé. Un yankee désabusé, flanqué de trois complices pas tout à fait à la hauteur et d'une brune épouse explosive, fait la connaissance d'un couple de faux aristocrates so british avec qui il doit voyager. Ca s'observe, ça s'agite, ça se raconte des histoire. Ca cause chateaux en Espagne et uranium en Afrique. Les femmes et les mensonges circulent un peu trop vite. La pompe à récit déraille parfois autant que celle du bateau pourri censé les accueillir à son bord (dès que le capitaine aura déssoulé). Que vont-ils donc faire dans ce raffiot ? Se raconter d'autres histoires, of course. Un African Queen pour rire, hommage à la fiction qui ne mène nulle part et au plaisir du voyage immobile dans un bateau ivre.

Big Heat (The) - Réglements de comptes

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Glenn Ford (1916 - 2006), Gloria Grahame (1923 - 1981), Lee Marvin (1924 - 1987)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 89 mn, NB

Critique perso :

Ca commence par la mort d'un flic qui n'a plus du tout envie de vivre, et ça se termine par celle d'une pétasse qui aurait bien mérité d'être sauvée. Le chemin entre les deux passe par le Sgt de police Bannion, brave type incorruptible que la rage peut tout de même rendre assez méchant. Surtout quand on lui tue sa femme sans le faire exprès. Dans cette histoire, tout ou presque est à double face, comme un bout de scotch qui colle aux doigts. Le pape de la pègre est fier de sa lignée respectable, les officiers de police jouent aux cartes avec les truands, et les veuves éplorées se font du fric sur la mort de leur époux. Mais chacun va finir par ressembler à ce qu'il est, et c'est pas toujours beau à voir. Il y a des films noirs qui ont une sacrée lumière intérieure.

Bigamist (The) - Bigamie

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Réalisé par : Ida Lupino (1918 - 1995)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Joan Fontaine (1917 - 2013), Ida Lupino (1918 - 1995), Edmond O'Brien (1915 - 1985)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 80 mn, NB

Critique perso :

Harry Graham est le parfait mari d’Eve. Ils vivent à San Francisco. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des amours possibles s’ils pouvaient avoir un enfant. Procédure d’adoption en cours. C’est l’agent chargé à cette occasion de se renseigner sur la vie des époux qui découvre le pot aux roses. En fait, à Los Angeles, où il va souvent pour son travail, Harry est aussi le parfait époux de Phyllis, avec qui il vient d’avoir un bébé. Pas de suspens, donc, on comprend vite la situation. L’enjeu du film c’est : comment il en est arrivé là, le pauvre chou ? Parce qu’attention : un bigame, c’est pas du tout quelqu’un qui méprise le mariage. Au contraire, il aime et respecte tellement ça qu’il préfère en contracter plusieurs que prendre une maîtresse. Admirable comportement. Et habileté suprême, c’est la quasi-seule réalisatrice répertoriée de l'époque qui se coltine avec empathie cette émouvante confession en l’honneur du traitre le plus sincère qu’on ait imaginé. Impressionnant dévouement de part et d’autre.

Gentlemen Prefer Blondes - Hommes préfèrent les blondes (Les)

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Réalisé par : Howard Hawks (1896 - 1977)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Charles Coburn (1877 - 1961), Marcel Dalio (1900 - 1983), Marilyn Monroe (1926 - 1962), Jane Russell (1921 - 2011)
Genre(s) : Paris /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique
Caractéristiques : 91 mn, couleur

Critique perso :

Une blonde et une brune de Little Rocks (Arkansas) partent à la pêche au coeur et au gros poisson dans une croisière transatlantique. L'une est fiancée et intéressée (et blonde), l'autre sentimentale. Bref, libres comme l'air. L'équipe olympique américaine (on ne sait pas trop de quoi, d'ailleurs) est aussi sur le bateau. Fausse piste : les sportifs se couchent à 9h et, avec leur entrainement à la grecque, on ne peut vraiment pas compter sur eux (cf. The Celluloid Closet). Et surtout (à l'époque en tout cas), ils ne gagnent pas un rond. Mais les amateurs ne manquent pas quand Marilyn -sexy comme jamais, blonde comme toujours, pétasse comme personne- est dans les parages. La pertinence de sa conversation fait d'ailleurs des bonds insoupçonnés quand il est question des choses importantes de l'existence : l'argent, les bijoux (Girls' Best Friends) et les fortunes personnelles. Même poursuivies par des juges intègres dans la ville d'Un Américain à Paris (à ne pas confondre avec Paris en France), pas de quoi s'en faire pour elles. Le rire est everyone's best friend.

Hitch-Hiker (The) - Voyage de la peur (Le)

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Réalisé par : Ida Lupino (1918 - 1995)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Edmond O'Brien (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 71 mn, NB

Critique perso :

Deux potes en vadrouille (soit disant qu'ils vont à la pêche) en prennent un troisième en stop. Mauvaise pioche : le gars en question est un tueur en série pervers. En plus, il a la tête de l'emploi (il est très moche et très malheureux) et ne dort que d'un oeil (l'autre est toujours ouvert, comme celui du spectateur). Il a juste besoin de se faire conduire à l'autre bout du pays, de l'autre côté du désert. D'autres hommes (des flics) ne vont pas tarder à être à leur trousse. Ce road-huis-clos-movie où la tension monte aussi vite que la température est l'oeuvre d'une des (très) rare réalisatrice d'Hollywood. Elle s'amuse à mettre trois hommes dans une voiture, quelques autres en décor, et les regarde apprendre à se détester. Ils font ça très bien. Elle aussi.

Man on a Tightrope - Cirque en révolte

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Réalisé par : Elia Kazan (1909 - 2003)
En : 1953, USA
Acteurs principaux : Gloria Grahame (1923 - 1981), Frederic March (1897 - 1975), Adolphe Menjou (1890 - 1963)
Genre(s) : entre Berlin et Moscou /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 105 mn, NB

Critique perso :

En 1952, il s’est passé un truc embêtant dans la vie d’Elia Kazan. C’est à ce moment-là qu’il a évoqué quelques noms de potes communistes devant une certaine commission. C’est aussi à partir de là qu’il a commencé à faire des films intéressants, des films où il est question d’agents doubles et de légitimes trahisons. Ici, c’est carrément une troupe entière de cirque (dompteur de lions, clowns, acrobates et musiciens, familles comprises), qui, manque de bol, opère en Tchécoslovaquie, du mauvais côté du rideau de fer. Et rêve de passer de l’autre côté, en bloc et en musique, si possible. Pour éviter d’avoir à faire rire sur les prolétaires méritants et les méchants capitalistes. Si c’est pas de la belle justification a posteriori, ça y ressemble beaucoup. Apparemment, en tout cas, c’est pas le collectivisme qui le rebutait, Kazan, surtout pas celui d’une troupe soudée par le spectacle. Et coup de bol ou pas, il savait décidément faire du très bon cinéma avec (suspense, héros et traitres compris).

Barefoot Contessa (The) - Comtesse aux pieds nus (La)

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Humphrey Bogart (1899 - 1957), Ava Gardner (1922 - 1990), Edmond O'Brien (1915 - 1985)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /la parole est d'or /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

Comme toujours avec Mankiewicz, c'est un film sur la duplicité. Mais la duplicité sincère, la duplicité comme fidélité à ses origines. Ava Gardner, au top de sa beauté, y est une danseuse de cabaret espagnole devenue star hollywoodienne. Elle parvient sans mal à nous faire croire à cette histoire de Cendrillon qui ne renonce pas totalement à ses haillons, et poussera le paradoxe jusqu'à tromper son mari par amour pour lui. Son histoire nous est racontée en flash-back par plusieurs personnes qui assistent à son enterrement (on se doute donc que ça ne finira pas très bien). Un conte de fées spéculaire et désenchanté avec Bogart dans le rôle de la marraine, ça ne se refuse pas !

Carmen Jones

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Harry Belafonte (1927 - ), Dorothy Dandridge (1922 - 1965)
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

C'est la même histoire, la même musique et c'est tout différent. C'est pendant World War II, Carmen tricotte des parachutes pour les GI, (Don) Jo(s)e est un postulant-aviateur qui a du mal à décoller et l'Escamillo de service est un taureau des rings. Les chansons ont été un peu reliftées, mais pas trop jazzy pour autant malgré la distribution all blacks. C'est tout différent mais, ici comme ailleurs, dès que Carmen passe, il y a de l'électricité -et du beat- dans l'air. C'est presque étonnant à quel point on jurerait que l'original est un plagiat par anticipation. La passion serait-elle l'ultime liberté des déclassés..? C'est tout différent mais c'est la même histoire.

Dial M for Murder - Crime était presque parfait (Le)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Robert Cummings (1908 - 1990), Grace Kelly (1929 - 1982), Ray Milland (1905 - 1986), Audrey Totter (1918 - 2013)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

Un décor de théâtre, un sombre complot en vase clos, un scénario à la Colombo, avec mondains pervers et objets fétiches dans les rôles principaux : c'est tout ce qu'il faut à Hitch. Fidèle à son dicton qui veut que meilleur est le méchant, meilleur est le film, il case là une des pires crapules les mieux habillées de son cinéma : un ambitieux opportuniste, faux-cul et manipulateur : bref, un vrai metteur en scène. Il est marié à quelqu'un à sa hauteur : une dame très élégante bien qu'un peu garce et hypocrite sur les bords -capable de tuer un homme avec ses jolies petits bras et ses ciseaux de couture, tout de même. L'un veut tuer l'autre, mais l'autre a l'art de tout gacher. Que le fin mot de l'histoire dépende d'une clé volée dans le porte-monnaie de la dame n'étonnera que ceux qui ignorent tout de la psychanalyse.

Johnny Guitar

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Réalisé par : Nicholas Ray (1911 - 1979)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : John Carradine (1906 - 1988), Joan Crawford (1904 - 1977), Sterling Hayden (1916 - 1986), Mercedes McCambridge (1916 - 2004)
Genre(s) : carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

C'est un western à la fois classique et étonnant. Classique parce qu'on y croise des héros de la gachette, un saloon-tripot, une attaque de diligence, un casse de banque, un projet de gare et des oppositions entre bandes. Toute la panoplie ! Et comme toujours, la loi et l'autorité sont à négocier en permanence ; ils reviennent à ceux qui ont l'énergie de s'en emparer. Mais, en même temps, tout semble nouveau : les meneurs y sont des femmes (ce qui donne lieu à un duel final iconoclaste) ; les hommes, "gun-crazy" fatigués, font la cuisine. Il faut dire que tous les éléments de la nature s'en mèlent : tempête de vent, feu de la vengeance, cascade d'eau et galeries souterraines protectrices. Je ne suis pas très fan des westerns d'habitude, mais celui-là touche à l'essentiel...

On the Waterfront - Sur les quais

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Réalisé par : Elia Kazan (1909 - 2003)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Marlon Brando (1924 - 2004), Karl Malden (1912 - 2009), Eva Marie Saint (1924 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 108 mn, NB

Critique perso :

Sur les quais de la Nouvelle Amsterdam, y'a des dockers qui triment. Y'en a d'autres qui commandent. Et y'a ceux qui encaissent.
Dans les rues de la Nouvelle Amsterdam, y'a des dockers qui trainent. Y'en a qu'on retrouve morts et personne sait pourquoi. Y'a aussi un curé qui voudrait bien savoir. Pourquoi.
Sur les toits de la Nouvelle Amsterdam, y'a des pigeons qu'attendent qu'un docker les nourisse. Ou bien qu'on les libère.
Et puis, sur les quais de la Nouvelle Amsterdam, y'a Terry le beau gosse, jeune retraité des rings. C'est l'frère d'un magouilleur, mais il a le coeur pur. La conscience pas tranquille.
Terry, le gentil traitre...

Rear Window - Fenêtre sur cour

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Grace Kelly (1929 - 1982), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 112 mn, couleur

Critique perso :

Le meurtre mode d'emploi selon sir Alfred. Jeff a la jambe cassé et le platre qui le démange. Alors, il fait comme tout le monde : il regarde par la fenêtre dans la cour de l'immeuble en face de chez lui. Et il voit tout -ou presque : les étapes de la vie, les saisons de l'amour, les heurs et malheurs des hommes. Le reste, quand son infirmière et sa fiancée lui en laissent l'occasion, il a tout le temps de l'imaginer (ça tombe bien : il a beaucoup d'imagination !). Hitchcock invente le thriller en pyjamas, le huis clos avec vue sur le monde, la tragédie humaine dans une maison de poupée -bref, il ré-invente (une fois de plus) le cinéma.

Salt of the Earth - Sel de la terre (Le)

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Réalisé par : Herbert J. Biberman (1900 - 1971)
En : 1954, USA
Genre(s) : pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 94 mn, NB

Critique perso :

Dans les années 70, des chanteuses MLF chez Agnès Varda rappelaient : "papa Hengel disait qu'à la maison, l'homme est le bourgeois, et la femme est le prolétariat". C'est le résumé de ce drôle d'ovni marxiste-féministe, brulôt culte et maudit -et tout sauf américain- réalisé par un arrière-cousin back-listé de Ken Loach. Il y est question d'une grève de mineurs (majoritairement mexicains) qui dure des mois, dans un bled près de la frontière dont le Shérif est un arrière-cousin de Georges Bush Jr. (avec des moustaches). Au moment où tout risque de foirer, les femmes s'en mèlent, sauvent le mouvement, l'honneur et leur dignité. Merci mesdames. Le prolétariat du prolétariat aura des lendemains qui chantent au MLF.

Star Is Born (A) - Etoile est née (Une)

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Réalisé par : George Cukor (1899 - 1983)
En : 1954, USA
Acteurs principaux : Judy Garland (1922 - 1969), James Mason (1909 - 1984)
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 181 mn, couleur

Critique perso :

Déjà plus si jeune et une étoile qui jusqu'à présent n'a ébloui personne : c'est l'apprentie chanteuse Esther Blodgett (en plus, impossible de caser un nom pareil en tête d'affiche). Dommage, la Star Ac n'existe pas encore. Mais elle tombe, en la personne de Norman Maine, sur un protecteur qui eut, un siècle avant, son heure de gloire à Hollywood. Maintenant, il a quelques beaux restes mais fréquente surtout les bouteilles de whisky. Il est un peu passé de l'autre côté de la pente... A eux deux, il vont pourtant trouver la formule magique du succès -à défaut de celle du bonheur. Un peu mélo et longuet à mon goût, mais avec quelques morceaux fulgurants et savoureux (le tour du monde dans le salon est mon préféré).

Man with the Golden Arm (The) - Homme au bras d'or (L')

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Kim Novak (1933 - ), Frank Sinatra (1915 - 1998)
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 119 mn, NB

Critique perso :

Frankie rentre au pays avec son bras de chair en or. Pourquoi en or ? Trois pistes simultanées : deux au passé -c'était le meilleur distributeur de cartes des tables de poker du coin, c'était le plus camé aussi- et un au présent de l'espoir -il a appris la batterie de jazz en prison (la musique, épatante, est devenue un standard). Frankie traîne aussi quelques autres casseroles de sa vie d'avant -mais je raconte pas tout, parce que tout est un peu trop too much, dans ce film. Le naturalisme social et le drame conjugal sont poussés un peu loin, aussi. La démo est lourde. Gonflée pour l'époque, sûrement, et pour toutes les époques. Portrait de l'humanité en état de dépendance qui guette, impatiente, l'heure de s'envivrer. De dope, de sentiment ou de musique, à votre guise...

Moonfleet - Contrebandiers de Moonfleet (Les)

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Réalisé par : Fritz Lang (1890 - 1976)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Stewart Granger (1913 - 1993), Joan Greenwood (1921 - 1987), George Sanders (1906 - 1972)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 87 mn, couleur

Critique perso :

Angleterre, XVIIIème siècle. John Mohune, pas plus de 7-8 ans au compteur mais le coeur noble déjà bien accroché, est à la recherche du père de substitution que lui a recommandé sa défunte maman. Il tombe sur un chef de bande douteux, l'adopte, lui apprend les bonnes manières et déniche avec lui un trésor. Pour eux deux, "the exercice was profitable". C'est un peu une fable sur les aventures d'un mouton au milieu des loups. Une histoire de pirates à pieds secs, un récit d'apprentissage et de rédemption, quelque part entre les "Liaisons dangereuses" et "L'île au trésor" (les livres). Une aventure humaine, passée en contrebande d'un récit d'aventure clasique. Un bon plan pour apprendre à trouver son chemin dans le grand labyrinthe du monde.

Mr. Arkadin - Dossier secret

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Michael Redgrave (1908 - 1985), Akim Tamiroff (1899 - 1972), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 93 mn, NB

Critique perso :

Quelques années après Citizen Kane, un autre portrait sous forme d'enquête labyrinthique sur un autre magna riche comme un pape et seul comme un chien. Citizen Arkadin, donc, vit de suites en palaces dans une ambiance de fête perpétuelle, en s'amusant à raconter des fables cyniques (cf. la grenouille et le scorpion) à sa clique de parasites. Mais il ne sait plus de quel pays il est originaire ni, d'ailleurs, comment il s'appelle et d'où vient son argent. Officiellement, c'est pour cela qu'il paie Guy. Officieusement, ça l'arrange bien. L'enquête fait voyager autour du monde, pénétrer dans des repères louches où est passé un certain Mr. M, sur un étrange rythme à contretemps, et dans un climat d'insécurité croissant. Le mystère d'un homme plus grand que lui-même, caché sous des couches de secrets et de paroles. Naughty by nature ? Non, just human...

Night of the Hunter (The) - Nuit du chasseur (La)

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Réalisé par : Charles Laughton (1899 - 1962)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Lillian Gish (1893 - 1993), Robert Mitchum (1917 - 1997), Shelley Winters (1922 - 2006)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 89 mn, NB

Critique perso :

La rencontre improbable entre le western, le film noir et le conte de fées a donné ce bijou improbable, seule réalisation de son auteur (par ailleurs excellent acteur). Le diable s'est déguisé en pasteur, il a la tête de Robert Mitchum et il plaît aux dames. Il rejoue par coeur le sketch du combat entre le bien et le mal (les américains ont toujours adoré ça) à qui veut bien l'écouter. Mais c'est pour de faux. Pour de vrai, il n'est pas à quelques cadavres près pour récupérer son magot. Pour de vrai, c'est un grand loup dans la bergerie du monde de l'enfance. De ceux dont on a toujours adoré avoir peur.

Rebel Without a Cause - Fureur de vivre (La)

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Réalisé par : Nicholas Ray (1911 - 1979)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : James Dean (1931 - 1955), Dennis Hopper (1936 - 2010), Natalie Wood (1938 - 1981)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

L'adolescent est un animal à sang chaud. Il aime errer là où il n'est pas censé aller, et faire exactement le contraire de ce que lui disent ses congénaires adultes. En famille, l'adolescent a une facheuse tendance à s'opposer à l'absence d'autorité de ses géniteurs. En fait, il n'est jamais content. L'adolescent est aussi un animal grégaire. En bandes, les individus s'enferment dans des carrosseries ou s'échangent leur blouson : c'est qu'ils sont en pleine mue et qu'ils n'ont pas encore reconstitué leur carapace. Dans la nature, l'adolescent a une espérance de vie limitée. C'est un animal perdu au milieu de l'univers qui n'a pas encore appris à s'en foutre. C'est un homme en entier qui n'a pas encore eu le temps de l'oublier.

Seven Year Itch (The) - Sept ans de réflexion

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1955, USA
Acteurs principaux : Oskar Homolka (1898 - 1978), Marilyn Monroe (1926 - 1962)
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

On pourrait faire une thèse sur les symboles sexuels chez Billy Wilder (ça a sans doute déjà été fait -sinon, j'ai raté ma vocation !) : mouvements involontaires du pouce, problèmes de tuyauterie et de bouteilles à déboucher, trappes cachées, démangeaisons, torticolis et courants d'air : un vrai artiste en allusions, sous-entendus et contournements de censure. Son héros préféré, l'Américain moyen, est ici encombré d'une imagination débordante et d'une bombe -pardon, d'une blonde- en voisine du dessus. En plus, il vient d'envoyer sa femme et son fils en vacances et, comme tous les Américains moyens, cultive avec soin son complexe de culpabilité. Le mythe est à portée de main, c'est beaucoup trop pour un Américain moyen.

Baby Doll - Poupée de chair

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Réalisé par : Elia Kazan (1909 - 2003)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Carroll Baker (1931 - ), Karl Malden (1912 - 2009), Eli Wallach (1915 - 2014)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 114 mn, NB

Critique perso :

"T'as trouvé le trou ? Le grand ?" C'est la première réplique du film. Archie s'adresse au type chargé de réparer la toiture de sa maison en ruine, mais on soupçonne déjà qu'il a autre chose en tête. D'ailleurs, il s'empresse aussitôt après d'agrandir un autre trou, dans le mur d'une chambre de sa maison en ruine, pour y observer en douce sa jeune épouse endormie dans son lit d'enfant qu'elle est encore. Et ça ne fait que commencer, de toute façon le film entier ne parle que de ça, ne pense qu'à ça, ne montre que ça, tout en faisant semblant de s'occuper d'autre chose. Du Sud profond, par exemple, et de ses plantations de coton -et de ses filles à la peau aussi blanche et douce que le coton. Ou alors de la rivalité économique entre les producteurs locaux, modèle fraichement immigré ou modèle vieux propriétaire déclassé -et de celui qui plait le plus aux filles. En fait, la seule question qui préoccupe tout le monde, c'est : qui aura le droit de jouer le premier à la poupée avec la fille du lit d'enfant ? Les hommes, dans leur cour de récré pour grands...

Bigger Than Life - Derrière le miroir

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Réalisé par : Nicholas Ray (1911 - 1979)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : James Mason (1909 - 1984), Walter Matthau (1920 - 2000)
Genre(s) : les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 91 mn, couleur

Critique perso :

Devant le miroir : la parfaite image de la parfaite famille américaine. Papa au boulot, maman à la cuisine et le fiston devant la télé. Il fait même du zèle, le papa : double boulot (instit et employé d'une compagnie de taxis) pour que maman cuisine encore mieux. Mais il est malade -très. Diagnostic fatal, un seul espoir en stock : un nouveau traitement expérimental. Derrière le miroir, donc (dans l'armoire à pharmacie) : des pilules miracle de cortisone. La molécule le soulage, le guérit, l'exalte. Flate son côté schizo qui ne sommeillait qu'à moitié et, surtout, lui permet de devenir enfin ce qu'il est : supérieur - infiniment supérieur. Elle lui donne des ailes de géant qui l'empêchent de marcher dans les clous. Et la middle class américaine frustrée montre son vrai visage : la parfaite image de la parfaite horreur domestique.

Forbidden Planet - Planète interdite

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Réalisé par : Fred M. Wilcox (1907 - 1964)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Leslie Nielsen (1926 - 2010), Walter Pidgeon (1897 - 1884)
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Il sera une fois le vaillant équipage d'un vaisseau spatial terrien, parti au secours des éventuels rescapés d'un précédent voyage égaré sur une planète lointaine. En fait, il y a des rescapés, mais ils ne veulent pas être secourus. L'histoire est largement pompée à Shakespeare (le scénariste-dialoguiste de "La Tempête") relookée par le Dr. freud, mais, hélàs, pas les dialogues, qui ont plutôt l'air de sortir de comics cheaps. C'est de la SF vintage, où le plus démodé est moins les costumes et l'appareillage technique que la façon de traiter la seule femme de la bande, une jolie cruche à qui on n'explique et ne demande jamais rien (à part de l'embrasser), bien qu'elle soit censée être plus savante que tous les autres. Même Nielsen a encore ses cheveux bruns, c'est dire comme ça donne l'impression de dater. Le monstre est réussi, presqu'autant que Robby, le gentil robot-minute-à-(vraiment)-tout-faire.

Giant - Géant

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Réalisé par : George Stevens (1904 - 1975)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Carroll Baker (1931 - ), James Dean (1931 - 1955), Rock Hudson (1925 - 1985), Mercedes McCambridge (1916 - 2004), Elizabeth Taylor (1932 - 2011), Rod Taylor (1930 - 2015)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 293 mn, couleur

Critique perso :

Une grande saga familiale qui voudrait, sans doute, être pour le Texas du XXème siècle ce que fut Autant en emporte le vent pour la Georgie du XIXème. 30 ans de vie commune, donc, pour Jordan, son plat pays et ses miliers de vaches, et Leslie, recrutée à Washington, un seul cheval mais de beaux yeux. Dans le rôle du méchant (successivement) : une belle soeur, quelques bons vieux préjugés racistes ou machistes, le temps qui passe... Dans le rôle, plus inattendu, de l'autre qui dérange (un peu), un marginal parvenu qui mettra 30 ans à comprendre que l'argent ne fait pas le bonheur. James Dean, de toute façon, joue dans un autre film. La civilisation vient de l'Est, et des femmes. Pour la richesse, descendez au sous-sol. Ca lorgne pas mal du côté de Douglas Sirk (surtout Ecrit sur du vent et Imitation of Life) mais ça préfigure surtout Dallas (le feuilleton).

Killing (The) - Ultime razzia

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Elisha Cook Jr. (1903 - 1995), Sterling Hayden (1916 - 1986), Marie Windsor (1919 - 2000)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 85 mn, NB

Critique perso :

Un casse, une bande, un leader. Une garce. Tous avec les gueules de l'emploi. Des solos d'honnêtes travailleurs, des duos de comploteurs, des chorus de maniganceurs. Des masques et des guns. Tous de parfaits artisans cambrioleurs. Une caméra qui traverse les murs, fait des rosaces dans le temps et l'espace, perce les contre-jours et les arrière-pensées. Et une voix off de contremaître à chronomètre. Tous les pions du grand jeu sont à leur place. Le plan était parfait, la mécanique capable de fonctionner même avec quelques éléments défaillants. Mais ce serait compter sans un grand architecte ironique qui, sans doute après avoir trop regardé Le Trésor de la Sierra Madre, a décidé de faire du destin son arme favorite. Et qui a bien raison de croire au sien.

Man Who Knew Too Much (The) - Homme qui en savait trop (L')

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Doris Day (1924 - ), Daniel Gélin (1921 - 2002), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en avant la musique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Replay, en couleur et en plus long. La même histoire d'homme ordinaire embarqué malgré lui dans une embrouille d'espionnage (cf. aussi Les 39 marches, entre autres). Cette fois, l'homme est marié à une ex-chanteuse (elle a changé d'arme mais ça reste utile), ils ont un petit garçon et ils sont en vacances au Maroc. Il est toujours censé en savoir trop, mais on a plutôt l'impression qu'il navigue encore dans le fog (d'ailleurs, c'est le seul personnage qui ne connaît rien à la musique). Quelques péripéties plus tard, tout converge aussi vers l'Albert Hall de Londres. Là, le meilleur du film : Hitch fait passer la musique au premier plan, il inverse la figure et le fond, en quelque sorte. La cymbale devient le personnage principal. Et c'est la musique, encore et toujours, qui achèvera le dénouement final. Bien joué, maestro ! Un film un peu mineur mais que sera sera toujours aussi plaisant.

Searchers (The) - Prisonnière du désert (La)

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Réalisé par : John Ford (1894 - 1973)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Jeffrey Hunter (1926 - 1969), Vera Miles (1929 - ), John Wayne (1907 - 1979), Natalie Wood (1938 - 1981)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

La petite famille Edwards est plutôt modeste, mais elle dispose tout de même d’une concession avec vue imprenable sur Monument Valley. Ethan, il fait partie de la famille (c’est le frère du père) mais c’est l’homme du dehors. Il a fait l’armée, est resté célibataire (même si on sent qu’il n’est pas insensible à sa belle-soeur), est du genre baroudeur bougon. Quand, un soir, des indiens très méchants massacrent la famille et kidnappent les deux filles, Ethan trouve une mission à sa hauteur : les retrouver. Au début, il doit se coltiner l’aide d’autres volontaires mais ils jettent vite l’éponge sauf Martin, son neveu vaguement métis, fiancé de la plus âgée des filles. La quête va durer longtemps, longtemps. Le temps de voir passer les saisons, de quadriller toute la région, de dormir dehors, toujours. Une vraie route initiatique, où chacun des deux mecs a des choses à apprendre à/de l’autre, en particulier sur ce que c’est que la famille, les liens du sang et les liens du coeur. Et Ethan, l’homme du dehors, arrivera tout de même à nous convaincre qu’il a quelque chose de potable à l’intérieur.

Ten Commandments (The) - Dix commandements (Les)

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Réalisé par : Cecil B. DeMille (1881 - 1959)
En : 1956, USA
Acteurs principaux : Judith Anderson (1897 - 1992), Anne Baxter (1923 - 1985), Yul Brynner (1915 - 1985), John Carradine (1906 - 1988), Charlton Heston (1924 - 2008), Vincent Price (1911 - 1993), Edward G. Robinson (1893 - 1973)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /à l'antique /épique pas toc
Caractéristiques : 220 mn, couleur

Critique perso :

Entre le moment où Moïse a été retrouvé flottant sur le Nil dans son berceau et celui où il a conduit les Hébreux à travers la Mer Rouge et le désert, il a bien dû se passer des choses. Hollywood, auquel aucun secret des Dieux n'échappe, s'est chargé de combler les ellipses bibliques -en pompant largement, tout de même, sur le Nouveau Testament (que, du coup, l'Ancien semble annoncer) mais en y ajoutant quelques starlettes affriolantes. Ca donne 2h de peplum romanesque très correct.
Et puis, Moïse rencontre Dieu déguisé en buisson phosphorescent et ça se gâte terriblement, côté scénario. Le film se transforme en livre d'images déconseillé aux plus de 12 ans, plein d'effets spéciaux très kitchs. Les hommes deviennent des marionnettes et on ne croit plus à rien : Charlton Heston a le regard ailleurs, il fait de grands gestes majestueux en répétant "let my people go" au méchant pharaon. Parler à Dieu face à face, forcément, ça vous change un homme. Mais dans la Bible (chapitre 19 du 1er livre des Rois), il est aussi dit que Dieu n'est pas dans les tremblements de terre, ni dans le feu du ciel. Il n'est donc pas dans les trucages hollywoodiens. Allez le chercher plutôt dans les angoisses métaphysiques d'un mécréant polonais.

Funny Face - Drôle de frimousse

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1957, USA
Acteurs principaux : Fred Astaire (1899 - 1987), Michel Auclair (1922 - 1988), Audrey Hepburn (1929 - 1993)
Genre(s) : Paris /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Sous l'influence survoltée de sa patronne, un photographe de mode se pique de dénicher un nouveau top model top QI (pour changer). Ils squattent une librairie à l'ancienne (décor exotique garanti) et tombent sur leur perle rare : une adepte charmante de l'empathologie (sorte de version dégénérée de l'existentialisme rive gauche, vue de Hollywood). Le développement des photos (et de l'histoire) repose ensuite sur le rapprochement de la culture livresque savante et de la haute couture fashion : le poids des mots contre (tout contre) le choc des photos -à Paris bien sûr, capitale des deux pôles. Drôle de film (sorte de version dégénérée de la comédie musicale à l'ancienne, vue de Paris) qui, comme Fred, semble pourtant avoir encore des jambes de 20 ans.

Girls (Les)

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Réalisé par : George Cukor (1899 - 1983)
En : 1957, USA
Acteurs principaux : Taina Elg (1931 - ), Mitzi Gaynor (1931 - ), Gene Kelly (1912 - 1996), Kay Kendall (1926 - 1959)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 114 mn, couleur

Critique perso :

Encore un scandale, encore un procès dont Londres est le théâtre. Personne n'est mort, mais il s'en est fallu de peu. Il s'agit de savoir qui, des trois girls de Barry, dit la vérité. Ensemble, ils ont dansé sur les scènes de tous les cabarets d'Europe. Mais laquelle des trois avait sa préférence, qui était la chouchoute secrète ? Bien sûr, c'était la française libérée, sa très intime partenaire de répétitions qui s'éternisaient. Evidemment, c'était l'anglaise portée sur la bouteille, qui connaissait ses manies de très très près. Of course, c'était la discrète américaine intello-bio, grande consommatrice de fruits et légumes. Trois visions de l'amour, trois versions de la vie (mais on ne saura jamais qui a gardé la montre). Un Rashômon glamour et rigolo qui ne sème le doute que pour récolter le tempo.

Gigi

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Réalisé par : Vincente Minnelli (1903 - 1986)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Leslie Caron (1931 - ), Maurice Chevalier (1888 - 1972), Louis Jourdan (1919 - 2015)
Genre(s) : Paris /du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Bienvenue sur une planète étrange : Paris en 1900. Les autochtones y sont terriblement exotiques et raffinés -en un mot : français. Et ils cotoient une autre race encore plus mystérieuse : la française. Là, par exemple, dans ce petit appartement à l'intérieur purpurin, vivent 3 générations de cocottes -enfin, la dernière, Gigi n'a pas 17 ans, elle est encore en couveuse. Elle ne montre d'ailleurs pas beaucoup de dispositions naturelles pour l'affectation requise par son futur emploi, dont elle ignore encore a peu près tout. A coup de somptueux tableaux vivants (recyclés de My Fair Lady) et de chansons enjouées (idem), et en ayant l'air de ne pas y toucher, Minnelli tape fort là où ça va mal. Il montre la cruelle élégance d'une broyeuse de jeunes filles en gants blancs : la bonne société bourgeoise, cette grande mère maquerelle de si bonne compagnie.

Quiet American (The) - Américain bien tranquille (Un)

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Claude Dauphin (1903 - 1978), Michael Redgrave (1908 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

Comme dans La Comtesse aux pieds nus, le film commence par une mort violente dont on apprend la cause en flash-back. Par exemple, que l'arme du crime est une citation de Shakespeare... Le mort est un jeune américain, débarqué quelques mois auparavant de son plein gré au Vietnam, du temps où il s'appelait encore l'Indochine. La guerre gronde au Nord. Pour l'instant, elle ne concerne que les communistes et les Français. L'américain boy scout sympathise avec un journaliste britanique revenu de tout. Ils se donnent mutuellement des leçons de démocratie et de savoir-vivre et, bientôt, aiment la même femme (ça promet). Les fils de la tragédie domestique s'emmêlent bientôt avec ceux de la politique. Les tireurs de ficelles, eux, restent dans l'ombre. Elégant et complexe, comme seul Mankiewicz en était capable.

Some Came Running - Comme un torrent

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Réalisé par : Vincente Minnelli (1903 - 1986)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Arthur Kennedy (1914 - 1990), Shirley MacLaine (1934 - ), Dean Martin (1917 - 1995), Frank Sinatra (1915 - 1998)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 137 mn, couleur

Critique perso :

Dans le bus, il a encore son uniforme de soldat. Il revient de la guerre avec pas mal d'amertume dans ses bagages, et une fille collée à ses basques depuis la nuit d'avant. Il revient « chez lui » mais il a pris de la bouteille, toutes sortes de bouteilles. Son frangin n'a jamais bougé. Il devait être un peu planqué, maintenant il tient la banque. Lui, il a déjà publié un livre et il voudrait faire écrivain, encore. En fait, il veut tout : la respectabilité et l'encanaillement. Il drague la prof de littérature locale, tout en sympathisant avec les joueurs de poker. C'est le genre de ville un peu perdue mais pas trop, où tout est possible et tout est coincé en même temps. Où tout change mais où tout le monde fait comme si rien n'avait changé. Où on peut tout réussir et (encore plus facilement) tout rater. L'Amérique, en un tout petit peu plus petit. Qui suis-je, qui j'aime, quoi faire de ma vie ? that is the question, that is the big question... And this is a big film.

Tarnished Angels (The) - Ronde de l'aube (La)

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Réalisé par : Douglas Sirk (1897 - 1987)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Rock Hudson (1925 - 1985), Dorothy Malone (1925 - 2018), Robert Stack (1919 - 2003)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /épique pas toc
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

New-Orleans, années 30. Un journaleux qui a déjà perdu quelques plumes trouve le sujet en or de son prochain papier. Il fera le portrait d'une des troupes les plus minables qui traine dans le coin pendant le carnaval : un aviateur ex-héros de guerre, une ex-fan devenue sa femme, et le mécano dévoué, ex-prétendant de Madame. Il y a un petit garçon aussi, mais on ne sait pas trop qui est son père. Il sont là pour participer à des compet' aériennes, sortes de manèges pour grandes personnes où la queue du Mickey ne vaut pourtant pas tripette. Rien que des has-been en deuil de leurs espoirs passés, fâchés avec la gloire qui leur était promise, ivres de leurs rêves brisés. Avec le journaleux, la ronde à trois devient une ronde à quatre, qui ne résoud pas pour autant la quadrature du cercle. Un petit bijou qui démontre une fois de plus que le mélo, c'est de la tragédie déguisée en farce de foire.

Touch of Evil - Soif du mal (La)

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Réalisé par : Orson Welles (1915 - 1985)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Marlene Dietrich (1901 - 1992), Charlton Heston (1924 - 2008), Janet Leigh (1927 - 2004), Mercedes McCambridge (1916 - 2004), Akim Tamiroff (1899 - 1972), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, NB

Critique perso :

Ca se passe quelque part sur la frontière entre le bien et le mal, le vrai et le faux, le noir et le blanc, le nord et le sud. Une bombe explose dans une voiture en marche. Deux flics sont sur les dents : le modèle mexicain : incorruptible, athlétique, jeune marié. Et le modèle américain : adipeux-avachi, ex-alcoolo reconverti dans les sucreries, qui ne croit qu'aux intuitions que lui donne sa jambe malade. Et Janet Leigh qui, décidément, a des problèmes dans les motels. Et Marlene Detriech qui, décidément, a tout compris aux hommes depuis toujours. Le premier plan (environ 3mn) est mythique. Mais le reste le vaut largement, avec tous ces cadrages impossibles, à hauteur de géant ou de ver de terre. Décidément un chef d'oeuvre.

Vertigo - Sueurs froides

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1958, USA
Acteurs principaux : Kim Novak (1933 - ), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 128 mn, couleur

Critique perso :

Une version possible : un homme est obsédé par une femme, parce qu'elle ressemble à une autre, une qui l'avait fait tourner en rond et en bourrique dans les rues de San Francisco avant de se suicider (parce qu'elle-même était obsédée par une autre femme morte un siècle auparavant). Une autre version (pas plus simple) : les trois femmes n'en font qu'une, ou peut-être deux. Une autre : c'est l'homme qui a tout inventé - ou tout rêvé (comme dans Laura), ou tout mis en scène... Vertige de l'amour et de la culpabilité, spirale du temps et du désir : bienvenue au pays des fantasmes de Mr. Hitchcock ! On y tutoie des abîmes dangereux et sublimes, souvent blondes : très très haut dans mon Panthéon personnel.

Anatomy of a Murder - Autopsie d'un meurtre

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Ben Gazzara (1930 - 2012), Lee Remick (1935 - 1991), George C. Scott (1927 - 1999), James Stewart (1908 - 1997)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 160 mn, NB

Critique perso :

Paul Biegler est un pêcheur à la ligne assez performant -et un avocat occasionnel pas mauvais non plus. Alors, quand une certaine Laura vient lui demander très gentiment de défendre son cher assassin de mari, il flaire le gros poisson. Le mari est coupable, personne (même pas lui) ne le conteste, mais était-il responsable au moment des faits ? Ca, ça se discute. Et les américains ne discutent jamais aussi bien que dans une cour d'assise. Paul est assez bon pour diriger les projecteurs de la procédure là où il faut, pour coacher son casting de témoins et pauffiner leur texte sans avoir l'air d'y toucher (la clé de l'affaire, c'était à prévoir, est dans la culotte de Laura). Preminger aussi.

Ben-Hur

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Réalisé par : William Wyler (1902 - 1981)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Stephen Boyd (1931 - 1977), Charlton Heston (1924 - 2008), Sam Jaffe (1891 - 1984)
Genre(s) : à l'antique /épique pas toc
Caractéristiques : 212 mn, couleur

Critique perso :

Judas Ben-Hur, prince de Judée, retrouve son amant d'enfance (cf. Celluloid Closet) Massala, qui prend le commandement des troupes romaines à Jérusalem. Mais ils ne s'entendent plus aussi bien qu'avant. Judas, accusé d'en vouloir aux romains, est bientôt envoyé aux galères. Heureusement, il tape dans l'oeil d'un consul romain qui l'adopte. Requinqué à Rome, il retourne conquérir Esther (son ancienne esclave) et la Judée. Et se venger de Massala (puisque rien n'arrête son char). Le contexte historique, c'est le début de l'ère chrétienne. Ce qui explique que l'on croise le roi Balthazar, Ponce Pilate et un type aux cheveux longs qu'on ne voit que de dos mais qu'on parierait barbu, et qui a l'air de faire un drôle d'effet sur tous ceux qu'il regarde dans les yeux. On s'attend aussi, parfois, à voir surgir Lawrence d'Arabie au coin d'un palmier. Le contexte théologique, c'est que les caprices du destin n'ont rien d'arbitraires et que, si on y croit, la vie a vraiment un sens. Le contexte cinématographique, c'est le péplum qui en met plein la vue. Kitch mais encore très regardable.

North by Northwest - Mort aux trousses (La)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Cary Grant (1904 - 1986), Martin Landau (1931 - 2017), James Mason (1909 - 1984), Eva Marie Saint (1924 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 136 mn, couleur

Critique perso :

Roger Thornhill, publicitaire new-yorkais surbooké mais sans histoires, est pris pour un certain Geoges Kaplan, ce qui lui vaut d'être kidnappé par une bande d'espions qui ne lui veut pas que du bien -et lancé dans une histoire de fous. Plus tard, c'est lui qui les poursuivra, de New-York à Chicago direction Rushmore (north by northwest of course), en se faisant passer pour Georges Kaplan. Les rôles s'inversent et s'échangent sans cesse dans ce cauchemar délicieusement emberlificoté où un homme finit par en devenir un autre. Roger devient donc Georges, endossant une identité inventée de toute pièce (au cinéma, on s'appelle ça un personnage), pour vivre une autre vie que la sienne (au cinéma, on appelle ça un scénario). Ce film est un musée du cinéma à lui tout seul, tant il enchaîne les scènes d'anthologie : le meurtre aux Nations Unies, l'attaque d'un avion en rase campagne, la poursuite sur les têtes du mont Rushmore, le train s'enfonçant dans un tunnel... Une histoire de fous relookée en film d'espionnage glamour, à revoir régulièrement comme on rend visite à un vieux pote délicieusement pervers.

Plan 9 from Outer Space

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Réalisé par : Edward D. Wood Jr. (1924 - 1978)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Bela Lugosi (1882 - 1956)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /nanar pur sucre
Caractéristiques : 79 mn, NB

Critique perso :

Depuis quelque temps, des morts tout frais se réveillent. Et il semble qu'Eros, Tanna (il y a un Os ?), et leur bande d'extra-terrestres anonymes, qui viennent de survoler Hollywood, y soient pour quelque chose (ne cherchez pas trop le rapport : dans ce film, la logique et la causalité sont vraiment des notions extra-terrestres). C'est un peu une version cheap (très cheap) du Jour où la terre s'arrêta assaisonnée de zombies et de stock-shots disponibles -dont 2 plans posthumes d'outre-tombe de Bela qui, le reste du temps, a bien du mal à ressembler à sa doublure. Quelques faiblesses dans le scénar, donc, une voix-off ronflante-gonflante, des dialogues au 0,5ème degré (j'en passe, et des pires)... Et dire qu'il y en a qui ont dû payer pour ne pas rigoler !

Rio Bravo

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Réalisé par : Howard Hawks (1896 - 1977)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Walter Brennan (1894 - 1974), Angie Dickinson (1931 - ), Dean Martin (1917 - 1995), Ricky Nelson (1940 - ), John Wayne (1907 - 1979)
Genre(s) : carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 141 mn, couleur

Critique perso :

Dans les westerns, c'est facile : le méchant, c'est celui qui tue sans raison. Le héros, il tue aussi mais il a la loi avec lui. En plus, il s'appelle souvent John Wayne. Ici, il est shérif, il doit garder en prison un méchant qui a plein de copains dans la région, avec pour adjoints un vieillard infirme et un ex-alcolo en cure de désintoxication. Un gamin joueur de guitare, aussi. Et le soutien moral d'une charmante tricheuse professionnelle avec qui il adore s'engueuler à la première occasion. Autant dire un saint bourru en santiag, surpris en plein chemin de croix dans la poussière de l'ouest. En flagrant délit de mythe.

Some Like It Hot - Certains l'aiment chaud

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1959, USA
Acteurs principaux : Joe E. Brown (1892 - 1973), Tony Curtis (1925 - 2010), Jack Lemmon (1925 - 2001), Marilyn Monroe (1926 - 1962), Pat O'Brien (1899 - 1983)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

Deux musiciens traqués et fauchés (qui ne trouvent rien de mieux que de se produire dans les tripots de Chicago en pleine Prohibition) se voient proposer, en dernier recours, un contrat à Miami... dans un orchestre féminin. Travestis incognito, ils font la connaissance de la joueuse de yukulélé de la bande, une fondante Sugar... On dirait des gamins dans une patisserie, déguisés en grandes personnes. Après, la mécanique des intrigues, déguisements, embrouilles et quiproquos s'emballe, d'autant que la sweet Sugar ne ménage pas ses efforts pour réchauffer l'atmosphère ("poo poo pee dou..."). Humour farfelu, situations et répliques d'anthologie : une comédie presque (parce que personne ne l'est vraiment, n'est-ce pas) parfaite.

Apartment (The) - Garçonnière (La)

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1960, USA
Acteurs principaux : Jack Lemmon (1925 - 2001), Shirley MacLaine (1934 - ), Fred MacMurray (1908 - 1991), Ray Walston (1914 - 2001)
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

Ca se passe dans l'immense immeuble d'une compagnie d'assurance new-yorkaise. Les chefs sont en haut, ils disposent de grands bureaux individuels et de plaques à leur nom. Les employés ordinaires sont en bas, ils travaillent côte à côte sur d'interminables files de bureaux anonymes. Le pouvoir, l'argent et l'arrogance sont réservés aux uns, l'exploitation et la servilité aux autres. Jack Lemmon incarne un petit employé des bas étages qui a l'espoir de sortir du rang parce qu'il daigne prêter son appartement à ceux d'en haut en mal de garçonnière discrète. Shirley Mac Laine est une fille d'ascenceur (social ?) courtisée par les hautes sphères. Ce sera dur de rapprocher ces deux-là parce que l'amour, aussi, est plutôt réservé aux étages supérieurs... Une comédie grinçante et amère qui est aussi une critique sévère de la corruption "à tous les étages" de la société. Jubilatoire, drôle et intelligent.

Psycho - Psychose

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1960, USA
Acteurs principaux : Janet Leigh (1927 - 2004), Vera Miles (1929 - ), Antony Perkins (1932 - 1992)
Genre(s) : les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 109 mn, NB

Critique perso :

Marion -très bien en soutien-gorge- n'a pas la conscience tranquille : elle vient de voler 40 000 $ à son patron. Dans sa fuite, elle se réfugie au Bates Motel. Mauvaise idée. Surtout que Janet Leigh, elle aurait dû se souvenir du motel de La Soif du mal. Norman Bates, le jeune proprio, sourire d'ange mais regard de hibou, n'a pas, lui, le subconscient tranquille. Et puis, elle n'aurait jamais dû prendre une douche... Ah ! LA fameuse scène de la douche ! On en est encore tout dégoulinant d'eau, de sang et de peur. On n'en est pourtant qu'au milieu du film, et on vient de perdre une héroïne. Bon, je ne raconte pas tout le reste : suffit de savoir que le film est une plongée de plus dans les profondeurs marécageuses de nos cauchemars, l'ancêtre de tous les films d'horreur actuel -le gore en moins, le génie en plus.

Spartacus

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1960, USA
Acteurs principaux : Tony Curtis (1925 - 2010), Kirk Douglas (1916 - ), John Ireland (1914 - 1992), Charles Laughton (1899 - 1962), Laurence Olivier (1907 - 1989), Jean Simmons (1929 - 2010), Peter Ustinov (1921 - 2004)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /à l'antique /épique pas toc
Caractéristiques : 184 mn, couleur

Critique perso :

Il nait dans une famille modeste, au-delà de la Méditerranée, pendant l'occupation romaine. Pas mal d'années dans l'ombre avant de se faire remarquer. Une parole de liberté. Il trainera des foules derrière lui et mourra crucifié. Non non, ce n'est pas lui, c'est Spartacus : faut s'attendre à un peu plus de sang parce qu'il est d'abord esclave, puis apprenti gladiateur. Un professionnel de la guerre, formé à la meilleure école : celle de la haine et de l'oppression. Tellement bon qu'il réussit à retourner le fer contre ses exploiteurs -ces romains corrompus, débauchés et sans scrupules, évidemment. Il sera pourtant vaincu par de plus grands barbares encore : ceux qui bataillent au Sénat avec leur langue. Parce que ce pouvoir là est encore plus redoutable. Haute tenue pour un péplum.

Breakfast at Tiffany's - Diamants sur canapé

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Réalisé par : Blake Edwards (1922 - 2010)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : Audrey Hepburn (1929 - 1993), George Peppard (1928 - 1994), Mickey Rooney (1920 - 2014)
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 115 mn, NB

Critique perso :

Holly et Paul habitent à la même adresse new-yorkaise, mais pas le même appartement -enfin, la plupart du temps. Il est gigolo d'occasion, elle est postulante croqueuse de diamants. Elle a un chat qui ne doit pas non plus en être à sa première vie. Parce qu'ils ne sont pas vieux, Holly et Paul, mais ils trimballent déjà pas mal de casseroles. Ils ont raté quelques virages, ont changé de route plusieurs fois et ne savent plus où ils en sont. Ils n'arrêtent pas de perdre leurs clés. Ils trainent leur mélancolie d'enfants gâtés abandonnés dans l'anonymat de la ville, dans la solitude de leurs Partys surpeuplées. Mais la surprise de l'amour atteint parfois les coeurs les plus blasés et les jeunes gens les plus vieux.

Cid (El) - Cid (Le)

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Réalisé par : Anthony Mann (1906 - 1967)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : Hurd Hatfield (1917 - 1998), Charlton Heston (1924 - 2008), Sophia Loren (1934 - ), Raf Vallone (1916 - 2002)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /épique pas toc
Caractéristiques : 182 mn, couleur

Critique perso :

Le Cid, quand on est français, on connaît : on sait qu'il cause l'alexandrin couramment, qu'il souffre de cruels dilemmes incurables et on se souvient vaguement d'une querelle avec trois unités. C'était qui, celles-là, déjà ? Bizarre, il n'en est pas question ici. Pourtant il a du coeur, aussi, ce Rodrigue. Il aime aussi une Chimène, et tout irait pour le mieux si les beaux-pères ne s'avisaient de gâcher la fête. Le tout est traité en peplum tardif, dans un Moyen-âge ibérique pré-jihadique sous influence shakespearienne. Pas sûr que Gérard Philippe y retrouve son pourpoint. La morale est claire : ô rage, ô désespoir, le pouvoir et l'héroïsme vont rarement ensemble. Le Cid a choisi son camp, mais il n'aura droit qu'à une victoire post-mortem. Mais aux âmes bien nées, la gloire peut bien attendre le nombre des années.

Hustler (The) - Arnaqueur (L')

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Réalisé par : Robert Rossen (1908 - 1966)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : Piper Laurie (1932 - ), Paul Newman (1925 - 2008), George C. Scott (1927 - 1999)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 134 mn, NB

Critique perso :

Dans le jargon local, un arnaqueur est un type qui fait mine de mal jouer au billard pour faire monter les paris, et envoie finalement tout le monde au tapis en empochant la mise. C'est un sport dangereux, qui ne marche qu'une fois. C'est le métier de Fast Eddie : beau comme Brando, sorti de nulle part, pas d'avenir très clair. Mental fragile quand il joue pour de vrai. A priori, donc : une histoire de boules et de queues, une histoire de mecs. Heureusement, il y a aussi Sarah, séduite par Eddie -et par les alcools forts : belle comme Liz, sortie de nulle part, pas d'avenir très clair. Mental fragile quand elle aime pour de vrai. Une histoire de fuites et de combats, une histoire d'anges déchus.

Misfits (The) - Désaxés (Les)

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : Montgomery Clift (1920 - 1966), Clarck Gable (1901 - 1960), Marilyn Monroe (1926 - 1962), Eli Wallach (1915 - 2014)
Genre(s) : carrément à l'ouest /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 124 mn, NB

Critique perso :

Un chant du cygne qui porte malheur, un très beau film... Un jeune veuf et un (encore) jeune retraité à moustaches rencontrent une toute jeune divorcée douce comme un ange et belle comme Marilyn. Ils s'installent dans une baraque à moitié en chantier, éclusent quelques bières puis décident de recruter un mercenaire de rodéos pour aller chasser avec eux le mustang sauvage. Ce sont de grands enfants qui essaient de jouer aux cow-boys (sans indiens), des éclopés de partout à la recherche de paradis impossibles. Des petits points perdus dans l'immensité d'un écran de cinéma. Tristes à pleurer, bêtes et méchants, beaux comme des hommes.

One, Two, Three - Un, deux, trois

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : James Cagney (1899 - 1986)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /entre Berlin et Moscou /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 115 mn, NB

Critique perso :

Allons droit au but : il ne s'agit pas ici de football mais de comédie et de politique. Le film a été tourné à Berlin en 1961 (au coeur de l'action). La guerre y est froide, mais pas l'atmosphère. On ne savait rien, encore, du politiquement correct : les allemands coté ouest sont bien sûr tous d'anciens nazis, ceux de l'est récitent leur catéchisme communiste, les russes de service sortent tout droit de Ninotchka, la jeune première américaine est une écervelée (elle s'appelle Scarlett et vient d'Atlanta, c'est tout dire !). Au milieu du foutoir, droit dans ses bottes, s'ébat le représentant de Coca Cola himself, plus truand encore que les autres (on l'a reconnu, c'est James Cagney : dans les années 20, il ne vendait pas que du coca !), metteur en scène survolté d'intrigues de plus en plus tarabiscotées. En débit de paroles à la seconde et de gags à la minute, ce film est peut-être bien, effectivement, champion du monde.

One-Eyed Jacks - Vengeance aux deux visages (La)

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Réalisé par : Marlon Brando (1924 - 2004)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : Marlon Brando (1924 - 2004), Elisha Cook Jr. (1903 - 1995), Karl Malden (1912 - 2009)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest
Caractéristiques : 141 mn, couleur

Critique perso :

Depuis une fuite au Mexique qui a mal tourné, Dad et Kid, pilleurs de banques récidivistes, sont fachés à mort. 5 ans passent ; leur vie change, leur rancoeur demeure. Ils se retrouvent en Californie, au bord de la mer, avec quelques comparses. Ils s'observent de biais. Ils mentent beaucoup. Ils n'arrêtent pas de se dire les uns aux autres "I'll be (right) back" et "wait a minute". Il y a ceux qui tiennent parole, et il y a les autres. Il y d'étranges non-dits, aussi (que sont devenus les deux sacs d'or de la première partie ?). Mais il paraît que le film durait initialement 5h et a été coupé à la tronçonneuse. Ca donne un drôle de western maso et oedipien, un peu languissant, avec un Marlon (acteur) qui en fait le minimum. Juste assez pour suggérer l'éternel retour du refoulé

West Side Story

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Réalisé par : Robert Wise (1914 - 2005)
En : 1961, USA
Acteurs principaux : George Chakiris (1934 - ), Natalie Wood (1938 - 1981)
Genre(s) : New York - New York /conte de fées relooké /en avant la musique
Caractéristiques : 145 mn, couleur

Critique perso :

Et si l'inconscient était structuré comme une ville !? (à moins que cela ne soit le contraire). Sur les balcons et les terrasses : les rêves d'amour et d'intégration, l'Amérique quoi. Dans les sous-sols, les règlements de comptes sordides. Le reste pour guetter la bande d'en face -les autres. Et surtout, surtout, gaspiller son énergie en chantant sa révolte et en dansant sa vie. D'ailleurs, c'est drôle, on ne peut presque pas s'empêcher de chanter avec eux, tellement on connaît tout par coeur. Shakespeare en a fait un remake par anticipation, situé à Vérone, mais nettement moins pêchu.

Advise & Consent - Tempête à Washington

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1962, USA
Acteurs principaux : Henry Fonda (1905 - 1982), Charles Laughton (1899 - 1962), Peter Lawford (1923 - 1984), Walter Pidgeon (1897 - 1884), Gene Tierney (1920 - 1991)
Genre(s) : jeu dans le jeu /la parole est d'or /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 142 mn, NB

Critique perso :

Emoi à Washington : le Président vient de nommer un nouveau secrétaire d'Etat sans consulter personne. Le Sénat doit valider. L'heureux nominé a apparemment tout pour inspirer confiance : quand il était jeune, il a été Young Mr. Lincoln. Enfin, dans l'histoire, il est plutôt suspecté d'avoir fréquenté des communistes -vous imaginez l'horreur. D'où : commission d'enquête, tractations, appel à témoins. Deux camps s'affrontent : celui de la "majorité", tiraillé de contradictions internes (très plurielle, en fait), et celui de "l'opposition", mené par le sénateur Cooley, vieux renard des tribunes depuis au moins 2000 ans (cf. Spartacus). Cela nous vaut une petite visite guidée des coulisses du pouvoir, en passant par les sous-sols de la politique et les égouts des luttes d'influence. Il semble, hélas, parfois, que le service de l'Etat importe un peu moins que les ambitions perso, et la vérité que les effets de manche. Heureusement, c'est pas chez nous que ça se passerait comme ça.

Lolita

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1962, USA
Acteurs principaux : Sue Lyon (1946 - ), James Mason (1909 - 1984), Peter Sellers (1925 - 1980), Shelley Winters (1922 - 2006)
Genre(s) : pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 147 mn, NB

Critique perso :

Au départ, un roman sulfureux de Nabokov, journal très intime d'un amateur de nymphettes. James Mason est l'image parfaite de ce mâle entre deux âges, vague intellectuel européen venu donner des cours aux US et tombant sous le charme acidulé de la fille de sa logeuse. Pour rester auprès d'elle, il sera prêt à tout. Il finirait presque à se faire croire que leur histoire a un avenir, s'il n'y avait ce stupide et mystérieux ecrivain-caméléon (Peter Sellers, excellent, comme d'hab), qui trainait partout. C'est celui qui meurt avec une grandiose veuleurie dès la première scène. La médiocrité américaine aux mille visages, qui n'en font qu'un.

Man Who Shot Liberty Valance (The) - Homme qui tua Liberty Valance (L')

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Réalisé par : John Ford (1894 - 1973)
En : 1962, USA
Acteurs principaux : John Carradine (1906 - 1988), Lee Marvin (1924 - 1987), Vera Miles (1929 - ), Edmond O'Brien (1915 - 1985), James Stewart (1908 - 1997), John Wayne (1907 - 1979)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 123 mn, NB

Critique perso :

Le grand sujet des grands westerns, c'est comment créer de la civilisation dans le désert, comment passer en quelques décennies de la loi du plus fort à la loi tout court -bref, sur quels mensonges se bâtit un Etat. Face à la Liberty de faire n'importe quoi, deux hommes se dressent. Le premier est le modèle tradi : un cow-boy rustaud, as de la gachette qui ne rêve au fond que de se ranger et de fonder une famille. Le deuxième est le modèle moderne : un petit avocat venu de l'est, le nez dans ses bouquins. Au milieu : une femme. Mais ne comptez pas sur John Ford pour développer les histoires d'amour : c'est au spectateur de tout imaginer à partir de quelques regards en coin (ce sont évidemment toujours les plus belles). Lui se contente de filmer la légende -et comment on la fabrique. La démocratie et le cinéma, mode d'emploi.

55 Days at Peking - 55 jours de Pékin (Les)

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Réalisé par : Nicholas Ray (1911 - 1979)
En : 1963, USA
Acteurs principaux : Ava Gardner (1922 - 1990), Charlton Heston (1924 - 2008), John Ireland (1914 - 1992), David Niven (1909 - 1983)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 150 mn, couleur

Critique perso :

1900, en plein coeur de Pékin, là où la Citée Interdite (ah! la cruauté exotique de ses princes perfides) fait face à l'enclave occidentale (ah! le raffinement érudit de ses sages ambassadeurs). Les esprits s'échauffent, les boxers sont lâchés. Bientôt, c'est Shanghai Gesture contre Fort Alamo. Heureusement, la cavalerie est déjà arrivée sans qu'on l'ait sonnée. 55 jours de siège, c'est le temps qu'il faudra à cette grande brute de Charlton Heston pour regretter de ne pas avoir un coeur, et à cette grande garce d'Ava Gardner pour croire qu'elle en a retrouvé un. Ce western shop suey pas avare sur les feux d'artifices traîne une réputation qui n'est pas à la hauteur de son film.

Birds (The) - Oiseaux (Les)

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1963, USA
Acteurs principaux : Tippi Hedren (1931 - ), Rod Taylor (1930 - 2015)
Genre(s) : les chocottes à zéro
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Deux histoires pour le prix d'un film ! D'abord, une parade de séduction raffinée entre deux grands enfants en costume d'adulte qui sortent le grand jeu. Et puis, là-dessus, de drôles d'oiseaux menaçants se mettent à assombrir sérieusement le ciel et l'avenir du petit village de bord de mer qui sert de décor. Evidemment, Hitchcock n'explique rien, ne force aucune interprétation symbolique de cet étrange rapprochement ; mais nous, pauvres humains, nous ne pouvons pas nous empêcher d'essayer de faire du sens avec tout ça : violence sexuelle, étrangeté du monde, rebellion de la nature, défi à la raison et au contrôle... On est attaqué en plein inconscient, on a compris quelque chose et on ne sait pas quoi, c'est le pouvoir des grands films.

Cardinal (The) - Cardinal (Le)

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1963, USA
Acteurs principaux : John Huston (1906 - 1987), Romy Schneider (1938 - 1982), Tom Tryon (1926 - 1991), Raf Vallone (1916 - 2002)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 175 mn, couleur

Critique perso :

Le générique est très beau : un homme en noir avance, seul, dans le magnifique décor tout en pavés, escaliers et colonnades de l'architecture vaticane. Une fourmi traverse l'éternité. Stephen Fermoyle, donc, est prêtre. Formé à Rome mais américain de coeur et irlandais d'origine, carrure d'athlète, intelligence de compétition. C'est un spécialiste de l'histoire de la réforme. Ca tombe bien, le monde bouge : on le voit au turbin des âmes en divers points du monde occidental, entre les deux guerres mondiales. On suit ses problèmes de conscience et ses intéractions avec le monde des hommes. Sérieux comme un pape (qu'il n'est pas), un peu trop poli et honnête (pour le devenir), il croise la route de beaucoup de puissants et de gros cons, de femmes idéales et de filles perdues. Il résiste à la tentation d'épouser Romy Schneider, ce qui prouve la force de sa vocation. Une grande fresque en rouge et noir, plus politique (façon Tempête à Washington) que spirituelle (façon Dix commandements). Assez impressionnante au bout du compte.

Charade

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1963, USA
Acteurs principaux : Cary Grant (1904 - 1986), Audrey Hepburn (1929 - 1993), Jacques Marin (1919 - 2001), Walter Matthau (1920 - 2000)
Genre(s) : Paris /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

Mon premier est une jolie veuve. Mon second un séduisant divorcé qui n'a jamais été marié. Mon troisième une bande de Pieds Nickelés menaçants. Le Mc Guffin : un mystérieux magot introuvable... Indices : le générique rappelle Vertigo, et certaines scènes ressemblent furieusement à celles de Les Enchaînés. Mais non, ce n'est pas du Hitchcock. On se croirait parfois dans Un Américain à Paris, les chansons en moins. Et mon tout aurait pu finir comme dans Les 39 marches ou La Dame de Shanghai, avec un poil de démesure en plus. De toute façon, l'art de brouiller les pistes aura rarement été porté aussi loin. Et l'éloge du mensonge rarement été aussi élégamment illustré.

Cleopatra - Cléopâtre

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Réalisé par : Joseph L. Mankiewicz (1909 - 1993)
En : 1963, USA
Acteurs principaux : Richard Burton (1925 - 1984), Rex Harrison (1908 - 1990), Martin Landau (1931 - 2017), Elizabeth Taylor (1932 - 2011)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /à l'antique /épique pas toc
Caractéristiques : 243 mn, couleur

Critique perso :

La fresque au budget pharaonique qui sonna le déclin de l'empire Fox : 4h de démêlées politico-amoureuses entre quelques hommes qui prétendent, en toute simplicité, aux titres de rois, empereurs et Dieux, et une petite femme qui ose leur tenir tête -et quelle tête ! Cléopâtre, donc, mélange de Margaret Thatcher et de meneuse de Crazy Horse, change de robe et de coiffure à chaque scène. Les hommes, eux, causent beaucoup -et plutôt bien, puisque Shakespeare et Mankiewicz se sont occupés de leur texte. Et puis, Richard Burton porte très bien la minijupe. Mais la patronne, c'est elle. Maîtresse de cérémonie (en plus de César et d'Antoine) hors pair, elle a compris que le pouvoir, c'est avant tout la pompe. Hollywood, qui a pris le relai en la matière, lui devait bien un aussi grandiose hommage.

Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb - Dr Folamour

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1964, USA
Acteurs principaux : Sterling Hayden (1916 - 1986), George C. Scott (1927 - 1999), Peter Sellers (1925 - 1980)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 93 mn, NB

Critique perso :

C'était au temps où la guerre froide risquait bien de ne pas le rester très longtemps. Une petite étincelle (un gradé parano, par exemple - Sterling Hayden, encore plus gun-crazy que dans Johnny Guitar) pouvait à tout moment mettre le feu (atomique) aux poudres. Mais, ce que Kubrick filme mieux que tout et tous, c'est comment la proximité de la catastrophe émoustille les instincts guerriers les plus sauvages de l'homme (au sens purement masculin, pour une fois !), leur bêtise virile et suicidaire. Ils atteignent sans mal le fond du ridicule, pour notre plus grande jubilation, ces mâles frustrés. Le fin mot de l'histoire, laissé au sinistre Dr Folamour (génial Peter Sellers), en dit long sur le peu d'espoir qui nous est laissé...

Kiss Me, Stupid - Embrasse-moi, idiot

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1964, USA
Acteurs principaux : Dean Martin (1917 - 1995), Kim Novak (1933 - ), Ray Walston (1914 - 2001)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 125 mn, NB

Critique perso :

A Climax, Nevada (nulle part entre Las Vegas et Hollywood), il ne se passe jamais rien. Comme quoi : se méfier de la pub... Mais il suffit d'y parachuter, sous un prétexte mécanique quelconque, un crooner très célèbre et très libidineux pour que la population locale atteigne la température d'ébullition. Enfin, pas n'importe qui tout de même mais, pour Orville J. Sponner, natif névrosé aspirant à son 1/4h d'heure de gloire, artiste aussi inspiré que frustré, cette présence est la chance de sa vie. Et le pire risque aussi pour sa charmante épouse, fan de la première heure du crooner libidineux. Pour optimiser ses chances (c'est-à-dire garantir ses gains tout en limitant ses risques), Orville se lance dans le plan le plus foireux de sa vie qui, apparemment, n'en manque pas. Beethoven, le nombril de Polly et le pamplemousse de L'Ennemi public : tout est bon pour arriver à ses fins. Mais Climax est si petit que tourner le dos au pire est le plus sûr moyen d'y arriver. Comme quoi : se méfier de tout, de tout le monde, et surtout de soi-même.

Marnie - Pas de printemps pour Marnie

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1964, USA
Acteurs principaux : Sean Connery (1930 - ), Bruce Dern (1936 - ), Tippi Hedren (1931 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 130 mn, couleur

Critique perso :

Marnie est charmante. Dommage qu'elle soit un peu cleptomane. Et frigide. Marnie est folle. De temps en temps, elle voit la vie en rouge. Elle a des terreurs et une voix d'enfant pendant les orages. Son patron, lui, est amateur de bêtes sauvages. Il l'a connue ailleurs "brunette with legs". Il la trouve aussi pas mal en blonde. Il la présente à papa, l'emmène dans ses écuries, lui force un peu la main (et pas que la main). Il fait ce que Alfred aurait adoré faire à Tippy, si j'ai bien compris les biographes. Un drôle de cours de psychanalyse illutrée (en couleur) pour débutants, façon Dr. Ewardes à l'envers. Ou cauchemar à l'endroit.

My Fair Lady - My fair Lady

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Réalisé par : George Cukor (1899 - 1983)
En : 1964, USA
Acteurs principaux : Rex Harrison (1908 - 1990), Audrey Hepburn (1929 - 1993)
Genre(s) : en avant la musique /heurs et malheurs à deux /la parole est d'or /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 170 mn, couleur

Critique perso :

Suite à un pari stupide, le professeur Higgins (bien aspirer le "H") décide de faire sauter toutes les classes (sociales) en 6 mois à son élève-cobaye Eliza Doolittle -fleuriste de rue. Comment s'y prend-il ? Facile : la spécialité du professeur Higgins, c'est la phonétique. Or, l'habit ne fait peut-être pas le moine, mais l'habit + l'accent des beaux quartiers et la langue chatiée fait facilement la lady ! Mais changer de langage, c'est changer d'identité (les écrivains le savent bien). Eliza Doalot l'apprend vite, tandis que l'ignoble Higgins doit apprendre, lui, que l'être humain parlant est doué d'un peu plus d'autonomie et de sensibilité que le perroquet. Suprêmement méchant, profond et allègre.

Night of the Iguana (The) - Nuit de l'iguane (La)

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1964, USA
Acteurs principaux : Richard Burton (1925 - 1984), Ava Gardner (1922 - 1990), Deborah Kerr (1921 - 2007), Sue Lyon (1946 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 125 mn, NB

Critique perso :

Un ex-pasteur douteux et fiévreux, reconverti en guide touristique pour américaines friquées, embarque sa fournée de vieilles demoiselles sans avenir dans un cul de sac mexicain. Sur place, il y a tout de même trois femmes fréquentables, aussi dangereuses les unes que les autres : une petite allumeuse, l'hôtelière en chaleur et une espèce de sainte mendiante. Une bête étrange est tapie dans l'ombre, pendant que les humains passent la nuit à causer. Ils ont l'inquiétude métaphysique bavarde, ça se faisait beaucoup à l'époque. Mais ils sont tous au bout de leurs rouleaux. Ils sont au paradis et trop fatigués pour en profiter, il y fait plus chaud que prévu. Un film sur l'honneur des vaincus qui survivent au désastre de leur vie.

Sound of Music (The) - Mélodie du bonheur (La)

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Réalisé par : Robert Wise (1914 - 2005)
En : 1965, USA
Acteurs principaux : Julie Andrews (1935 - ), Christopher Plummer (1927 - )
Genre(s) : en avant la musique /entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 174 mn, couleur

Critique perso :

Maria chante et danse au milieu des montagnes verdoyantes, façon "petite maison dans la prairie". Maria veut devenir religieuse. Mais avant, elle doit faire un stage de gouvernante chez un capitaine à la retraite de 25 ans, veuf avec 7 enfants. Elle se révèle pour ce qu'elle est : la nounou préférée des culottes courtes (à bretelles, on est en Autriche). En vrai clône de Blanche-Neige, elle fabrique des fringues pour tout le monde avec les rideaux de sa chambre (syndrôme Autant en emporte le vent typique) et invente une méthode rose-express pour tranformer sa nichée de nains en chorale de compet' (on est à Salzburg). Le père-capitaine, pas fou, l'embauche gratis à vie (il l'épouse) et se révèle pour ce qu'il est : un héros patriote anti-nazi (on est à la fin des années 30). Pour la décomposition de la haute société pré-World War II, mieux vaut voir La Règle du jeu. Pour les mauvais souvenirs du nazisme en chansons, mieux vaut voir Cabaret. Pour tout le reste, ça se lasse voir.

Fantastic Voyage - Voyage fantastique (Le)

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Réalisé par : Richard Fleischer (1916 - 2006)
En : 1966, USA
Acteurs principaux : Stephen Boyd (1931 - 1977), Arthur Kennedy (1914 - 1990), Edmond O'Brien (1915 - 1985), Donald Pleasence (1919 - 1995), Raquel Welch (1940 - )
Genre(s) : c'était demain /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Pour une opération chirurgicale délicate, trois types sérieux et une assistante blonde sont réunis dans un petit sous-marin et, réduits à la taille d'atomes de ciron, expédiés à la seringue dans un corps humain. Transformés en nanotechnologies vivantes, ils explorent donc les mystères de l'organisme par l'intérieur. Brillante idée, propice à un dialogue surréaliste (du genre : "la troisième veine à gauche, c'est le coeur" ou, côté labo, "silence, ils sont dans l'oreille !"), à un cours de bio rigolo et, surtout, à des décors en piscine psychédéliques et inédits. Dans le rôle des ennemis de l'intérieur, les anticorps ou les globules blancs (même quand ils sont en papier collant ou en coton hydrophile) renouvellent avantageusement les panoplies d'aliens habituels. Ca ressemble un peu au voyage de Tintin sur la lune, en plus liquide et plus flashi. Sinon, peu de vertige métaphysique mais un indice tout de même : le méchant, c'est celui qui n'a pas lu Pascal.

Casino Royale

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1967, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Ursula Andress (1936 - ), Jean-Paul Belmondo (1933 - ), Jacqueline Bisset (1944 - ), Charles Boyer (1899 - 1978), William Holden (1918 - 1981), John Huston (1906 - 1987), Deborah Kerr (1921 - 2007), David Niven (1909 - 1983), Peter Sellers (1925 - 1980), Orson Welles (1915 - 1985)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /entre Berlin et Moscou /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 131 mn, couleur

Critique perso :

Patchwork parodique improbable et décousu (Huston n'est pas le seul responsable de la mise en scène, mais c'est le plus connu), cette James-Bonderie de pacotille pompe allègrement dans les séries anglo-saxonnes de l'époque, le cinéma allemand (au moins Caligari et Fritz Lang) et, sans doute aussi, les vrais "James Bond" -mais je n'en ai pas vu assez pour les reconnaître. La moitié du casting joue James Bond (d'où une certaine discontinuité dans l'intrigue), l'autre moitié joue aux guests stars qu'ils sont. Plein de jolies jambes, de poursuites et de bagarres, évidemment. On n'y comprend pas grand chose, mais ça fait partie du jeu. A égale distance entre le nanard et l'art abstrait post-moderne.

Two for the Road - Voyage à deux

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Réalisé par : Stanley Donen (1924 - )
En : 1967, USA
Acteurs principaux : Claude Dauphin (1903 - 1978), Albert Finney (1936 - ), Olga Georges-Picot (1940 - 1997), Audrey Hepburn (1929 - 1993)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en France profonde /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 111 mn, couleur

Critique perso :

Il faut une épidémie de varicelle et pas mal de hasards pour que Mark et Joanna se retrouvent à faire un bout de chemin ensemble (et en France). Après, ils ne peuvent plus s'empêcher de repasser toujours par les mêmes routes. Au cours de leurs vacances successives, toutes mélangées au présent de la mémoire, on voit défiler les panneaux indicateurs de leur histoire, les bornes kilométriques de leurs souvenirs. Au fil du temps, les marques de voiture et les brushing gagnent en standing (c'est comme ça qu'on arrive à s'y retrouver) ce qu'ils perdent en insouciance. L'architecte fait des lignes de plus en plus droites. La choriste fait de moins en moins entendre le son de son rire. Ils finissent même, bien sûr, par franchir les feux rouges et les lignes jaunes (qui, d'ailleurs, en France, sont blanches). Avec un sujet pareil, facile de filer loin la métaphore. Pas si facile de ne jamais quitter la route des souvenirs universellement partagés.

2001: A Space Odyssey - 2001, l'Odyssée de l'espace

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1968, USA
Acteurs principaux : Gary Lockwood (1937 - )
Genre(s) : c'était demain /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 139 mn, couleur

Critique perso :

Accrochez vos ceintures : voici l'histoire de l'humanité depuis ses commencements, en deux temps trois tableaux. Dans le premier, on voit des singes qui se tiennent debout faire joujou avec des os (pour le meilleur et pour le pire). Dans le deuxième, quelques milliers d''années plus tard, l'homme fait toujours joujou, mais avec (ou contre) une machine intelligente (pour le meilleur et pour le pire). Dans le troisième, ça se complique : le temps et l'espace ne fonctionnent plus vraiment pareil, à moins que ce ne soit la conscience qui ait encore muté. A moins que d'invisibles tireurs de ficelles ne s'amusent... A chaque fois, un gros caillou parallélépipédique, comme posé là par un Grand Poucet à l"échelle de l'univers, semble montrer la voie à suivre. A chaque fois, la mobilité et le meurtre se raffinent. Ce jeu de piste de l'âme à la recherche de ses origines (ça ne s'appelle pas pour rien une Odyssée) est beau et mystérieux comme le testament qu''on voudrait transmettre aux étoiles.

Party (The)

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Réalisé par : Blake Edwards (1922 - 2010)
En : 1968, USA
Acteurs principaux : Peter Sellers (1925 - 1980)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 99 mn, couleur

Critique perso :

A première vue, comme ça, c'est un acteur indien timide et zèlé. Méfiance, en fait c'est une bombe (comique) à retardement, le plus grand gaffeur professionnel jamais inventé par le cinéma. Méfiance méfiance, en plus, c'est Peter Sellers. Pour le récompenser d'avoir étourdiment dynamité un tournage en se prenant un peu trop bien pour Gunga Din, il est étourdiment invité à une party hollywoodienne, avec producteurs chauves et starlettes affriolantes. La maison est un peu celle de Mon oncle, les cuisines sont un peu celles du restau de Play Time, les invités sont un peu ceux de la Dolce vita. Jusqu'ici, tout va (un peu trop) bien. Mais notre indien débarque là-dedans et la catastrophe tranquille peut commencer. L'essentiel, en fait, se passe presque toujours au deuxième plan : derrière, après. Et quand, en fin de soirée, débarquent enfin quelques alliés zèlés (danseurs russes et fils de famille revenant d'un happening avec un éléphant), c'est le bouquet-soirée-mousse final. Le plaisir du gag lent, mais qui dure longtemps.

Planet of the Apes - Planète des singes (La)

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Réalisé par : Franklin Schaffner (1920 - 1989)
En : 1968, USA
Acteurs principaux : Charlton Heston (1924 - 2008), Kim Hunter (1922 - 2002)
Genre(s) : New York - New York /c'était demain /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 112 mn, couleur

Critique perso :

Grâce à la Relativité Générale, Taylor et son équipage d'astronautes parcourent 2000 ans d'espace-temps pendant un petit roupillon. Mais la planète étrangement familière et familièrement étrange où ils accostent leur enseigne un autre genre de relativité : celle de la civilisation homo sapiens. Ici, les hommes sont réduits en esclavage et traités en animaux qu'ils sont (il ne leur manque que la parole !) par de grands singes savants. Taylor, spécimen parlant, donc atypique, se fait remarquer. Il devient l'enjeu d'une controverse scientifique qui oppose le vieux rusé Dr Zaius et le jeune ambitieux Cornélius -un descendant de Darwin, probablement. Bienvenue de l'autre côté du miroir de 2001, l'Odyssée de l'espace : le singe est l'avenir de l'homme et il n'est pas beau ! Le film, lui, n'a rien perdu de son charme rétro.

Thomas Crown Affair (The) - Affaire Thomas Crown (L')

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Réalisé par : Norman Jewison (1926 - )
En : 1968, USA
Acteurs principaux : Faye Dunaway (1941 - ), Steve McQueen (1930 - 1980)
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 102 mn, couleur

Critique perso :

Quiconque a un peu joué aux échecs (et je ne prétends pas du tout être une spécialiste !) sait que, pour s'assurer le contrôle d'une case adverse et menacer la pièce qui s'y trouve, il faut que plusieurs de ses propres pièces soient en position de prise. Et qu'une partie est une manière de tisser et retisser un complexe réseau de positions de contrôle réciproques. C'est la base du scénario de ce film (et de sa forme, aussi, puisque le split screen y est utilisé pour transformer l'écran en échiquier). Deux grands maîtres s'y affrontent. Ils disposent chacun de pièces maîtresses, des plus belles motivations humaines : l'argent, l'amour, le pouvoir -et partagent la capacité de savoir s'en servir et le goût du risque. Mais ils sont irrémédiablement adversaires. La partie culmine, of course, dans une vraie partie d'échecs torride (la seule chose dont se souviennent ceux qui ont vu le film il y a longtemps). Le plaisir est esthétique, sensuel et cérébral. Réussite et mat !

Easy Rider

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Réalisé par : Dennis Hopper (1936 - 2010)
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Karen Black (1939 - 2013), Peter Fonda (1940 - ), Dennis Hopper (1936 - 2010), Jack Nicholson (1937 - )
Genre(s) : carrément à l'ouest /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 95 mn, couleur

Critique perso :

Le film qui a mis a bat le « système des studios » hollywoodien et à 50 ans de style et d’élégance de mise en scène ressemble à du travail d’amateur. D’ailleurs, ça l’est. Il montre la chevauchée pas très fantastique de deux bikers -un pas beau et un taiseux- à travers le pays. Ils viennent de se renflouer en traficotant avec le Mexique, ils ont décidé de rouler de Los Angeles à la Nouvelle Orléans -pour arriver si possible au moment du carnaval. En fait, le carnaval, il est sur la route. C’est l’Amérique la vraie qu’ils rencontrent : ses paysages majestueux, ses fermiers héroïques, ses communautés de hippies utopistes et, surtout, ses hordes de gros bouseux collés à leur patelin paumé. C’est eux les plus nombreux, en fait, et à la fin c’est eux qui gagnent. End of the dream, à peine qu’il commençait à naître. D’où, sans doute, ce goût d’inachevé, qui passe des personnages aux spectateurs. La moitié du budget a dû passer en essence, l’autre en ravitaillement weed (les acteurs ont-ils été payés autrement ?). Quand à la fin l’un des héros reconnaît que « We blew it » (on a tout foiré), on se demande s’il ne parle pas de l’ensemble du film…

Model Shop

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Anouk Aimée (1932 - ), Gary Lockwood (1937 - ), Jean Sorel (1934 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 92 mn, couleur

Critique perso :

George est le parfait jeune américain modèle 60ies : uniforme jean-tee shirt-baskets, bien éduqué mais pas super motivé par le mode de vie de ses parents, cool et sympa. Il vit à L.A., au milieu des derricks, avec une blonde qui se verrait bien en haut de l'affiche. Il a des potes cools et sympas qui jouent de la musique (les Spirit, pour les amateurs), d'autres qui donnent dans le journalisme underground. Ambiance peace and love. Un jour qu'il cherche des sous à taxer, il croise une fille en blanc qu'il prend pour Eurydice. En fait, c'est Lola. Elle est là parce que Michel, son prince charmant, a foutu le camp avec la belle de la Baie des anges. 24h de la vie d'un homme sans boulot qui, en quelques heures, perd tout ce qui lui reste, et que l'armée veut envoyer passer ses vacances au Vietnam. Mais il a trouvé Lola qui lui a rendu l'envie du bonheur, alors qu'elle ne savait pas elle-même où elle l'avait rangée. Keep trying, George. C'est la traduction en idiome local de la maxime éternelle des films de Demy.

Take the Money and Run - Prends l'oseille et tire-toi

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour)
Caractéristiques : 85 mn, couleur

Critique perso :

Virgil Starkwell est un minable récidiviste. Il s'acharne à vouloir faire des casses et ne réussit qu'à cumuler les années de prison, ce qui lui donne l'occasion de s'acharner à tenter des tentatives d'évasion. Mais malgré ses efforts méritoires, il n'arrivera jamais à entrer dans le top 10 des criminels... Cette parodie de film noir marque l'entrée en cinéma de Woody Allen et porte déjà en miniature plusieurs de ses oeuvres à venir. C'est un faux reportage biographique à la Zelig, une chronique de quartier façon Radio Days. Le crime et la caméra s'y croisent déjà, comme dans Crimes et délits et Central Park est le centre de gravité de toutes les romances comme dans... tous ses films. On est comme dans l'antichambre -un peu mal rangée- d'un palais.

They Shoot Horses, Don't They ? - On achève bien les chevaux

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Réalisé par : Sydney Pollack (1934 - 2008)
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Bruce Dern (1936 - ), Jane Fonda (1937 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

Un marathon de danse : il n'y a que les américains en plein crise pour inventer un truc pareil. Ca se joue en couple, le but est de tenir debout le plus longtemps possible en bougeant les pieds (10mn de pause toutes les 2h). Les meilleurs tiennent plus d'un mois. Moi qui serais plutôt assez douée pour les marathons de sommeil, c'est une des pires tortures que je puisse imaginer. Ces jeux du cirque modernes, scénarisés par la misère et la bêtise, attirent le gratin de Hollywood (comme spectateurs) et les cramés du rêve américain (comme concurrents). On suit le parcours d'un couple de hasard : un cow-boy égaré en ville et une poupée pleine de rage qui fait non non non. Quelques flash forward de mauvaise augure laissent présager très tôt que ces losers qui n'ont plus que leur fatigue à vendre peuvent tomber encore plus bas. Métaphore cruelle d'à peu près tout ce qu'il y a de pire dans le monde occidental...

Topaz - Etau (L')

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Réalisé par : Alfred Hitchcock (1899 - 1980)
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Claude Jade (1948 - 2006), Philippe Noiret (1930 - 2006), Michel Piccoli (1925 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

Guerre froide : un dignitaire russe lache son camp, les cubains ne sont pas contents, ce qui inquiète les américains. Pour démèler l'affaire, on fait intervenir un contact neutre, le genre qui se fait une certaine idée de sa mission. Comme il est français, il est autorisé à tromper sa femme avec une charmante agent double cubaine. Mais comme il n'est pas britannique, il n'a pas droit pour autant au glamour de James Bond (lui, son code, ce serait plutôt 0SS 117, c'est dire). Une histoire d'espions de 2ème division, donc, où les décors ont l'air plus réels que les personnages -sauf Fidel et le Che, qui font de la figuration. Pour le reste, plutôt du Hitch de 2ème division.

Walk with Love and Death (A) - Promenade avec l'amour et la mort

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1969, USA
Acteurs principaux : Assi Dayan (1945 - 2014), Anthony Higgins (1947 - ), Angelica Huston (1951 - ), John Huston (1906 - 1987)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 90 mn, couleur

Critique perso :

Héron de Fois est étudiant, jeune, beau et idéaliste. Il veut voir la mer. Mais dehors, c'est la guerre de 100 ans : il mourra avant d'en voir la fin. En attendant, il se trouve une dame à aimer : Claudia, jeune, belle et idéaliste. Nos deux tourtereaux, babas dans un monde pas cool, essaient de s'y faire un nid. Dehors, tout n'est que sang, rage et barbarie : des illuminés, des puritains, des chevaliers rendus à l'état sauvage, des paysans morts de tout. Le service militaire n'a pas encore été inventé, mais on sait déjà très bien faire souffrir les jeunes gens qui s'aiment. Huston fait son Septième sceau post-68 : une ode à la jeunesse en collants, et à l'amour à réinventer en rêvant.

Little Big Man

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Réalisé par : Arthur Penn (1922 - 2010)
En : 1970, USA
Acteurs principaux : Faye Dunaway (1941 - ), Dustin Hoffman (1937 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /conte de fées relooké /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 139 mn, couleur

Critique perso :

Ce serait le Jeanne Calment américain : dernier survivant de la bataille de Little Big Horn, petit par la taille, grand par le coeur, Little Big man. Ce serait le condensé de tous les destins possibles de son temps : fils de pionnier devenu indien Cherokee, enfant de coeur, colporteur douteux, as de la gachette, commerçant honnète, trappeur solitaire et pisteur de cavalerie. Capable de tout, sauf de tuer un homme. Précurseur de Zelig (pour sa capacité d'adaptation) et de Forrest Gump (pour ses rencontres prestigieuses), blanc chez les rouges, rouges chez les blancs : Candide au Far West. Ce serait toute la mémoire du western, toute la mémoire de l'Amérique : un enfant de 121 ans.

Zabriskie Point

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Réalisé par : Michelangelo Antonioni (1912 - 2007)
En : 1970, USA
Acteurs principaux : Rod Taylor (1930 - 2015)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 110 mn, couleur

Critique perso :

Zabriskie Point, c’est un coin paumé de la Vallée de la Mort, en Californie. Du désert jaune à perte de vue, un infini de sable gratiné au soleil. C’est là que se retrouvent Mark, étudiant contestataire et emprunteur d’avion occasionnel (pseudo Karl Marx, pour les flics) et Daria, employée-modèle-voire plus d’un entrepreneur audacieux (promoteur d’une station balnéaire en plein désert - une mauvaise interprétation de ces paradis artificiels dont parlent ses contemporains, sans doute). Ils y font l’amour-pas la guerre, en rêvant y être rejoints par tous ceux qui ont aussi jeté la clé (de leur maison bleue). Bon, très bien mais ça s’appelle pas Vallée de la Mort pour rien et le road-trip-psychédélique movie ne se terminera pas très bien pour Mark. Daria, elle, enverrait bien tout valser (son patron et toutes ses babioles capitalistes avec) dans un feu d’artifice Pink Floyd final. Antonioni, lui, a 58 ans mais il se verrait bien à la pointe de la contestation hippie. Toujours dans les bon plans, les bons coups et les bons coins, Michelangelo !

Johnny Got His Gun - Johnny s'en va en guerre

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Réalisé par : Dalton Trumbo (1905 - 1976)
En : 1971, USA
Acteurs principaux : Timothy Bottoms (1951 - ), Jason Robards (1922 - 2000), Donald Sutherland (1935 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 111 mn, NB/couleur

Critique perso :

Quand un Johnny s'en va en guerre il a... des bonheurs plein la tête, des sourires plein la mémoire. Quand un Johnny revient de guerre il a... simplement eu pas d'bol et puis voilà. Mauvaise nouvelle : vivant certes, mais aveugle, sourd, manchot et cul-de-jatte. La bonne : comme il n'a plus de visage, il ne risque pas de s'enrhumer. Johnny est un légume, mais c'est un légume pensant. Aux mains de bouchers en uniformes, et de gentilles infirmières. Il vit dans sa tête ce qui lui reste à ne pas vivre. Filmer une âme en caméra subjective, c'est toujours un peu casse-gueule (à part pour Antonioni qui ne sait faire que ça). Mais celle du soldat inconnu de toutes les guerres du monde valait bien la flamme des projecteurs.

Play Misty for Me - Frisson dans la nuit (Un)

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Réalisé par : Clint Eastwood (1930 - )
En : 1971, USA
Acteurs principaux : Clint Eastwood (1930 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

DJ amateur de jazz, animateur de nuit sur la radio locale, Dave est la star de son bled. En Califormie, au bord de la mer, pas mal le bled (tellement que Clint en sera le maire, en plus d'en être la star, mais c'est pour plus tard...). Et, bien sûr, il les fait toutes craquer, facile. Il a bien une petite préférence pour Tobie, artiste quoique poupée Barbie blonde, mais elle est souvent absente. Alors quand Evelyn se présente, brune mais tout de même fan de première catégorie en mini-jupe, il ne se fait pas prier. Dommage, parce qu'Evelyn est aussi une harceleuse-schizo de première catégorie qui s'ignore (mais pas pour longtemps). Une vraie Norman Bates en mini-jupe. Jeune encore et déjà persécuté par les jolies femmes qui en veulent à sa virilité, le pauvre Clint ! Il résiste mais faut pas le chercher trop longtemps, quand même. Un bon film de genre avec une petite touche perso en plus (le jazz, filmé en direct dans un festival), facile.

Avanti !

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Réalisé par : Billy Wilder (1906 - 2002)
En : 1972, USA
Acteurs principaux : Jack Lemmon (1925 - 2001)
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 140 mn, couleur

Critique perso :

Cours d'italien élémentaire à usage de businessman américain (stressé, cela va sans dire). Au programme : ethnologie des rites funéraires des îles du sud, bain de soleil et dîner forcé en amoureux... Rossellini avait pourtant prévenu : on croit faire un Voyage en Italie pour régler une affaire d'héritage, et on se retrouve face à l'éternité. Billy Wilder, lui, a plus de 2h devant lui et c'est un coquin. Il se perd dans les couloirs d'un hôtel géré par les descendants méditerranéens de Feydeau, infiltré d'autochtones trop typiques pour ne pas être vrais... Malgré de mauvaises dispositions initiales, le businessman apprend vite. Par exemple, que la traduction approximative mais correcte de "Avanti !", ça pourrait être "vas-y coco", ou encore "cours-y vite (il va filer...)".

Cabaret

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Réalisé par : Bob Fosse (1927 - 1987)
En : 1972, USA
Acteurs principaux : Marisa Berenson (1946 - ), Liza Minnelli (1946 - ), Michael York (1942 - )
Genre(s) : en avant la musique /entre Berlin et Moscou /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 124 mn, couleur

Critique perso :

Les chansons, ça peut aider à consoler les chagrins d'amour. Ca permet de ne pas craindre la pluie, d'espérer aller au-delà des arcs-en-ciel. Mais de là à se confronter avec l'Allemagne nazie, c'est une autre paire de manchettes... C'est pourtant ce que tente ce film, à travers la petite histoire de Sally, chanteuse de cabaret et de son collocataire Brian, étudiant anglais, et de quelques autres. Evidemment, depuis l' Ange bleu plus personne ne s'étonne de trouver, dans les cabarets allemands, des dames avec des jambes interminables. Mais les parenthèses musicales très désenchantées qui ponctuent le récit n'ont plus à offrir que leurs sarcasmes ironiques et grinçants. Les derniers petits ilôts d'innocences sont menacés par une grande vague brune. Chantons sous le 3ème Reich, pendant qu'il en est encore temps...

Godfather (The) - Parrain (Le)

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Réalisé par : Francis Ford Coppola (1939 - )
En : 1972, USA
Acteurs principaux : Marlon Brando (1924 - 2004), James Caan (1939 - ), John Cazale (1935 - 1978), Robert Duvall (1931 - ), Sterling Hayden (1916 - 1986), Diane Keaton (1946 - ), Al Pacino (1940 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 175 mn, couleur

Critique perso :

Le film préféré des américains (cf. IMDB) est l'histoire d'une famille (ce qui ne surprendra guère) qui prospère dans le crime (doit-on vraiment s'en étonner ?). La famille avant toute chose, donc : mariages, baptèmes, repas interminables pendant que les enfants courent autour de la table -de l'universel, avec juste un peu plus de pasta et d'enterrements que la moyenne. Ensuite viennent les affaires : une subtile économie du service rendu et du respect dû, de l'influence monnayée et de l'intimidation musclée ("on n'est pas des communistes !" comme ils le disent eux-même) -avec juste un peu plus de coups de feu que la moyenne. Surtout : l'histoire d'un héritage empoisonné, ou comment le regard insouciant d'un beau jeune homme intègre se fige progressivement. Les meurtres sont filmés comme des cérémonies religieuses, sa résistible ascension à lui comme une damnation.

Play It Again, Sam - Tombe les filles et tais-toi

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Réalisé par : Herbert Ross (1927 - 2001)
En : 1972, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Diane Keaton (1946 - ), Tony Roberts (1939 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 85 mn, couleur

Critique perso :

Allan (pas si) Felix (que ça) est de ceux qui rêvent de faire de leur vie un remake de Casablanca. Au moment où commence le film, il est en pleine déconfiture sentimentale, En fait, vu qu'il foire tout ce qu'il entreprend, il est plutôt bien parti pour suivre l'exemple de Nick (celui de Casablanca, justement) . Ses meilleurs amis, les Christie's, jouent au coach en essayant de lui refiler toutes les célibataires névrosées de Manhattan qu'ils connaissent (y'a le choix, pourtant). Mais Allan a un gros problème : son sur-ça (c'est-à-dire à la fois son ça et son surmoi freudiens) a la tête et la voix de Bogart et c'est pas commode tous les jours. Ecrit (pour le théâtre) et joué par Woody, mais officiellement réalisé par un obscur tâcheron : ça aurait presque pu être un pré-make de La Rose pourpre du Caire. Pas si mal pour un brouillon par procuration.

Soylent Green - Soleil vert

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Réalisé par : Richard Fleischer (1916 - 2006)
En : 1973, USA
Acteurs principaux : Joseph Cotten (1905 - 1994), Charlton Heston (1924 - 2008), Edward G. Robinson (1893 - 1973)
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 97 mn, couleur

Critique perso :

New-York 2022, version trash : surpollution, surpopulation, décadence généralisée. Quelques nantis occupent les apparts de luxe (blonde comprise dans le loyer), une multitude de gueux squattent les rues. Si besoin, les émeutiers se ramassent à la pelleteuse. Au milieu : les flics. Ils jouissent de leur présomption d'impunité pour améliorer l'ordinaire. Faut dire : pas fameux, l'ordinaire, quand le mieux qu'on puisse espérer est un "soleil vert" de plus, sorte de barre de céréales énergétique -mais c'est pas des céréales. Un des anciens patrons de l'usine est mort. Nous suivons l'enquête nonchalente du flic préposé à l'affaire, et la descente aux enfers climatisés du recyclage universel de son vieil adjoint. Quelques scènes mémorables, une atmosphère délétère : un drôle de film du futur qui ressemble au passé -à moins que ça ne soit le contraire.

Westworld - Mondwest

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Réalisé par : Michael Crichton (1942 - 2008)
En : 1973, USA
Acteurs principaux : Yul Brynner (1915 - 1985)
Genre(s) : c'était demain /carrément à l'ouest /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 88 mn, couleur

Critique perso :

Disneyland, c'est bon pour les enfants. Dans pas longtemps, les grands auront bien mieux pour s'amuser : Mondwest. A Mondwest (ou Westworld, sans doute une traduction de Hollywood en langage de l'époque) on peut choisir son thème : le western (pour tuer à l'aise), l'empire romain (pour baiser tranquille) ou le Moyen Age (pour les deux). C'est un peu cher mais on est traité comme des stars de cinéma et on ne craint rien : le personnel local n'est composé que de robots consentants et pas syndiqués -et de savants fous bien planqués. D'ailleurs, les pistolets ne marchent pas sur les vrais humains. Mais, comme dans tous les Edens, il y a parfois des créatures qui se détraquent. Des robots qui refusent d'obéir à leur cahier des charges -et, ma foi, on serait pas loin de leur donner raison. La piste métaphysique est légère mais le film d'action-science-fi bien troussé pour l'époque. Terminator s'est évadé direct de ce parc-là, et pas mal d'autres films qui ont suivi.

Godfather: Part II (The) - Parrain II (Le)

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Réalisé par : Francis Ford Coppola (1939 - )
En : 1974, USA
Acteurs principaux : John Cazale (1935 - 1978), Robert De Niro (1943 - ), Robert Duvall (1931 - ), Diane Keaton (1946 - ), Al Pacino (1940 - ), Harry Dean Stanton (1926 - 2017), Leopoldo Trieste (1907 - 2003)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 200 mn, couleur

Critique perso :

On ne change pas une famille qui gagne. Vous voulez la suite ? Vous aurez le préquel (30 ans avant) et le séquel (5 ans après) pour le même prix ! Histoire de bien comprendre comment, en deux générations, on passe du petit racket de quartier à l'escroquerie grandeur nature (en l'occurrence, le pillage en règle de Cuba). Le crime organisé vit sa révolution industrielle, en quelque sorte. Michaël a pris la place de son père, et il s'en montre digne. Le plus dur -le baptème du sang inaugural- a déjà eu lieu dans l'épisode précédent. Mais la famille n'est plus ce qu'elle était : le frangin restant n'est pas le plus brillant, la frangine ne sait pas ce qu'elle veut, et Kay ose dire qu'elle n'est pas contente. On ne peut même plus compter sur les politiciens, qui envoient Michaël en commission d'enquête. Grandeur et décadence du crime business, apogée flamboyante du murder show.

Phantom of the Paradise

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Réalisé par : Brian De Palma (1940 - )
En : 1974, USA
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /en avant la musique /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 92 mn, couleur

Critique perso :

Un Faust musicien rencontre un Dorian Gray déguisé en pop star qui, après lui avoir tout piqué (entre autres : sa musique, son corps et son âme), le transforme en zombie à sa botte (de rocker) en s'alliant avec un Frankenstein punk. Mais le Faust, qui aime une Phoenix, se mue en oiseau de proie et devient le fantôme de l'Opéra rock qu'il a écrit (je résume en gros). Il n'y va pas avec le dos de la guitare, le De Palma. Il met des caméras et des miroirs partout, cite, pille et recycle tous ses Dieux et ne nous cache rien du rouge Paradis(e) des vengeances assassines dans le milieu pourri-gâté du show-biz. Une mise en abîme speedée de toutes les mises en abîmes possibles, qui donne le vertige des miroirs parrallèles.

Woman under the Influence (A) - Femme sous influence (Une)

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Réalisé par : John Cassavetes (1929 - 1989)
En : 1974, USA
Acteurs principaux : Peter Falk (1927 - 2011), Gena Rowlands (1930 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 140 mn, couleur

Critique perso :

Voir un film de Cassavetes, c'est comme alller au cinéma pour la première fois : on n'a jamais vu ça, c'est comme dans la vie ! Le scénario n'est pas bien poli et lissé, les dialogues ont l'air improvisés (ils ne le sont pas toujours tant que ça), les scènes s'étirent au-delà du raisonnable. Il y a des gens devant nous, qui vivent et qui souffrent et ni eux ni le réalisateur n'ont l'air de savoir de quoi ils sont capables. A ce jeux-là, Gena Rowlands (la femme de Cassavetes) est la reine. Elle déborde de tendresse, elle en fait trop, elle est bouleversante, elle passe pour folle ; c'est notre voisine, notre cousine, notre soeur, c'est encore mieux et pire que dans la vie !

Three Days of the Condor - Trois jours du Condor (Les)

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Réalisé par : Sydney Pollack (1934 - 2008)
En : 1975, USA
Acteurs principaux : Faye Dunaway (1941 - ), Robert Redford (1936 - ), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

C'est un agent de la CIA version bobo-cool, qui vient au boulot en motocyclette et qui sait lire - pas trop comme James Bond, donc. Son boulot, c'est même de lire des romans toute la journée, pour y dénicher des histoires qui pourraient provenir -ou être destinées à- d'autres agents comme lui. Faut vraiment être scénariste à la CIA pour inventer un truc pareil. Le pire, c'est que c'est à cause de ça que tous ses collègues se font zigouiller. Dans le genre polar-politique-parano des années 70, le film se pose là. Mais quand il commence à évoquer le pétrole du Moyen-Orient, on tend l'oreille. A croire que Pollack a trouvé son scénario en lisant les journaux des années 90. En voyant qu'il a logé son noeud de vipères dans une des deux grandes tours qui pavoisaient alors au sud de Manhattan, on se dit même qu'il a sacrément bien visé, le bougre. Au bout du compte, on est tout à fait convaincu qu'inventer la réalité, c'est un boulot dangereux.

Logan's Run - Age de cristal (L')

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Réalisé par : Michael Anderson (1920 - )
En : 1976, USA
Acteurs principaux : Peter Ustinov (1921 - 2004), Michael York (1942 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Quelque part dans le XXIIIème siècle, quelque part sous une bulle étanche, la population humaine continue de se perpétuer. Une société de jeunes gens vit là dans l'insouciance : habillés en collants-paréo à la mode 70, ils n'ont rien d'autre à faire qu'à glander dans le hall-centre commercial-club med qui leur sert de terrain de jeu, et à draguer à domicile via une espèce d'Internet full 3D. Les machines s'occupent du reste. A 30 ans, ils deviennent les héros d'une cérémonie étrange censée leur permettre de renaître après s'être littéralement fait exploser en vol. Ceux qui essaient de partir par d'autres moyens sont nettoyés vite-fait par des "limiers" d'élite. Logan est de ceux-là. Pour lui, tout irait pour le mieux dans le meilleur des enfers possibles jusqu'à ce qu'il reçoive la mission d'infiltrer ses ennemis récalcitrants et à sortir de sa bulle. Sur des ambiances proches, c'est tout de même nettement moins percutant que Soleil vert ou La Planète des signes. Mais il y a plus de minijupes.

Obsession

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Réalisé par : Brian De Palma (1940 - )
En : 1976, USA
Acteurs principaux : Geneviève Bujold (1942 - ), Cliff Robertson (1923 - 2011)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Monsieur aime les belles choses : sa maison, son épouse, les églises de Florence (où il l'a connue) et la fille qu'ils ont faite ensemble. Tout irait parfaitement dans le meilleur des paradis possibles s'il était un peu moins riche. Kidnapping de l'épouse et de la fille, demande de rançon, intervention de la police qui foire : il perd tout (sauf sa maison). Seize ans plus tard, il est toujours riche, de nouveau à Florence et face au sosie de son épouse décédée. On rembobine le film, la copie sera-t-elle meilleure que l'originale ? Ce remake sur les remakes pompe explicitement Vertigo, Rebecca, Marnie et quelques autres, en un poil plus pervers, dans l'esthétique kitsch des années 70 parfois au bord du ridicule (et pas toujours du bon côté du bord). Il se prendrait pas pour la réincarnation du gros bonhomme du cinéma, le De Palma ? C est son obsession à lui...

Annie Hall

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1977, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Jeff Goldblum (1952 - ), Diane Keaton (1946 - ), Tony Roberts (1939 - )
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 93 mn, couleur

Critique perso :

Woody Allen joue Alvie Singer, un comique dépressif qui habite Manhattan (rien de bien surprenant, donc) ; Diane Keaton joue Annie Hall, une apprentie chanteuse aux goûts vestimentaires très personnels. Le temps d'une partie de tennis et d'une mémorable chasse à l'écrevisse dans une cuisine, ils deviennent amants. Elle a peur des araignées et fume des joints pendant l'amour. Il aime Bergman, est lâche et inconstant, mais aussi capable de grands sacrifices (comme d'aller se perdre quelque temps en Californie pour la retrouver !). Le film est une chronique constamment inventive, drôle, ironique et émouvante, de leur relation : ses hauts, ses bas, ses à côté... et surtout, ce qu'il en reste, après : des lieux à jamais marqués, des situations qu'on essait de reproduire (les écrevisses...), l'envie d'en parler et de la reconstruire en écrivant une pièce de théâtre. Comme presque tous ceux de son auteur, ce film raconte à sa manière sa propre génèse. Comme presque tous ceux de son auteur, il est excellent.

New York, New York

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Réalisé par : Martin Scorsese (1942 - )
En : 1977, USA
Acteurs principaux : Robert De Niro (1943 - ), Liza Minnelli (1946 - )
Genre(s) : New York - New York /en avant la musique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 155 mn, couleur

Critique perso :

45-57 : quelques années dans l'histoire de la musique américaine. Quelques années dans l'histoire de l'âge d'or du musical. Quelques années dans la vie d'un couple désaccordé : une chanteuse à chignon et un fanfaron du saxo. Il fonce, elle dit non, elle cède. Il exagère, elle craque. Ils sont passionnés tous les deux, mais de musique avant toute chose -et pas de la même. Robert en impose en roi de l'impro toujours en mouvement, insupportable et charmeur. Liza épate dans le rôle de sa mère qui tournerait dans un film de son père. En Amérique aussi, tout finit par des chansons -même l'amour. Une tragédie en notes et en néons ; le brouillon ou le remake d'un film musical idéal qui n'existera jamais.

Star Wars: Episode IV, A New Hope - Guerre des étoiles (La)

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Réalisé par : George Lucas (1944 - )
En : 1977, USA
Acteurs principaux : Carrie Fisher (1956 - 2016), Harrison Ford (1942 - ), Alec Guinness (1914 - 2000), Mark Hamill (1951 - )
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

Une princesse sequestrée par un grand méchant loup (RDV dans Le Retour du Jedi pour comprendre qui c'est) envoie, à défaut de bouteille à la mer, un droïde dans l'espace. Un jeune et gentil fermier du désert le récupère. Pour sauver la princesse, il devra se faire chevalier, suivre les enseignements d'un grand maître et parcourir un long chemin initiatique... Effectivement, ça se passe bien il y a très très longtemps, dans tous les livres d'images de tous les enfants du système solaire, relookés par Metropolis, Casablanca, 2001, Kurosawa et pas mal de westerns. Je saute un peu les étapes mais, à la fin, une fois la princesse récupérée, le postulant chevalier se retrouve dans un bolide volant avec une nuée de confrères, qui ne pensent tous qu'à envoyer un petit coup de feu bien placé dans une espèce de grosse ovule noire. Sacré Lucas ! Un peu plus et on n'y aurait vu que du feu (mais quel feu !).

All That Jazz - Que le spectacle commence

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Réalisé par : Bob Fosse (1927 - 1987)
En : 1979, USA
Acteurs principaux : Jessica Lange (1949 - ), Roy Scheider (1932 - 2008)
Genre(s) : en avant la musique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 123 mn, couleur

Critique perso :

Joe Gideon est un chorégraphe surdoué de Broadway. Et aussi surbooké, surmené, surdopé. Il prépare un spectacle qui pourrait bien s'appeler Chicago, tout en montant un film qui pourrait bien s'appeler Lenny. Assailli par ses producteurs, ses danseurs, sa fille, son ex-femme, son ex-maîtresse, sa prochaine maîtresse, son ex-ex-maîtresse... il arrive pourtant, souvent, à faire assez bonne figure. Mais, la bonne figure, il passe de plus en plus de temps à la préparer le matin, devant sa glace. Il passe beaucoup de temps, aussi, à négocier un sursis avec une belle dame qui cherche à l'emmener définitivement en coulisses. Bob Fosse, maître ès malaise qui se danse, se fait à lui-même une opération à coeur ouvert. Il invente avec ce film le genre de l'agonie musicale autofictionnée. Surréaliste, survoltée, survitaminée. Il est vraiment surdoué, le bonhomme.

Apocalypse Now

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Réalisé par : Francis Ford Coppola (1939 - )
En : 1979, USA
Acteurs principaux : Marlon Brando (1924 - 2004), Robert Duvall (1931 - ), Laurence Fishburne (1961 - ), Harrison Ford (1942 - ), Dennis Hopper (1936 - 2010), Christian Marquand (1927 - 2000), Martin Sheen (1940 - )
Genre(s) : pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 202 mn, couleur

Critique perso :

Au Vietnam, dans les années 70 (et à plein d'autres endroits et plein d'autres époques), des hommes ont eu le sentiment de vivre la fin du monde. On appelle ça la guerre. Ca provoque généralement un mélange d'horreur et de fascination, de dégoût et de jouissance. Ca exacerbe tout : la connerie et le sublime -deux formes de folie qui finissent, dans ces conditions, par se ressembler. Au Vietnam, donc, dans les années 70, les Américains ont tenté d'acclimater les fleurons de leur culture (le surf, les playmettes de Play Boy et le rock'n roll) dans le bourbier des rizières. Ca n'a pas très bien marché. Ils ont tenté le napalm, aussi... Evidemment, ce film plein de bruit et de fureur ne fait pas dans la demi-mesure. Il relève plutôt de l'expérience sensorielle extrême, en évoquant un retour aux sources de la barbarie, et mène sur une révélation (le vrai sens d'"apocalypse" en grec) obscure qu'on n'est pas près d'oublier.

Being There - Bienvenue Mr. Chance

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Réalisé par : Hal Ashby (1929 - 1988)
En : 1979, USA
Acteurs principaux : Melvyn Douglas (1901 - 1981), Shirley MacLaine (1934 - ), Peter Sellers (1925 - 1980)
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 130 mn, couleur

Critique perso :

Le "vieil homme" meurt. Son jardinier, un certain Mr. chance (il en aura bien besoin), se retrouve à la rue avec pour seul héritage un beau costume et des bonnes manières. Un grand amour des plantes, aussi. Etant donnés ses capacités intellectuelles, son capital culturel et ses compétences relationnelles proches de celles du hamster, on ne lui donnerait pas deux jours de survie en milieu urbain normal. Mais Mr. Chance (il en a) ne vit pas en milieu urbain normal : il habite Washington, où il tombe le plus naturellement du monde dans le haut du gratin du panier du ghotta politicien mondial. Et là, miracle, ses maximes botaniques d'almanach passent pour de la divination à triple fond. L'habit ferait-il le crac ? Rien n'aurait changé depuis Le Magicien d'Oz ? En tous cas, les américains y croient toujours.

Human Factor (The)

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Réalisé par : Otto Preminger (1906 - 1986)
En : 1979, USA
Acteurs principaux : John Gielgud (1904 - 2000), Robert Morley (1908 - 1992)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

Une drôle d'histoire d'espionnage tragique, mâtinée d'humour anglais où, pour réchauffer un peu la guerre froide agonisante, on fait appel au bon vieil apartheid sud-africain, alors florissant. Le cadre, c'est la cellule africaine des services secrets anglais, peuplée de petits fonctionnaires paisibles et discrets : des Sherlock Holmes en attaché-case, des James Bond de bureau. Malgré leur volonté affichée de mettre leur vie dans des petites boîtes étanches, elle prend l'eau. Il y a des fuites. Et le téléphone, comme ailleurs, est en train de devenir l'instrument de torture le plus raffiné de ce monde raffiné. Un film pour rire, pleurer et avoir peur tout à la fois. Pour transformer tout spectateur en agent double.

Manhattan

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1979, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Diane Keaton (1946 - ), Meryl Streep (1949 - )
Genre(s) : New York - New York /culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /la parole est d'or
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

New York, mode d'emploi. Son aède s'appelle Isaac. Il a une ex-femme qui a viré lesbienne, une petite-amie-trop-bien-mais-trop-jeune-pour-lui, et une attirance poussée pour la maîtresse de son meilleur pote, une cérébrale presque aussi tourmentée que lui. Tous, cela va sans dire, artistes-intellos-bobos très intelligents, très cultivés et très malheureux. Grâce à ce sublime hypocondriaque, la carte du tendre du XXème siècle a pris la forme des rues de Manhattan. Mais c'est une carte en 3D, avec ses tours, son parc, ses ponts et ses cafés. Et une quatrième dimension pour la vie de l'esprit, les cinémas et les musées. Un petit univers en entier dans une grosse pomme, le paradis des vers de terre qui ont la tête dans les étoiles. Et la BO de la ville est du Gershwin forever.

Gloria

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Réalisé par : John Cassavetes (1929 - 1989)
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Gena Rowlands (1930 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 123 mn, couleur

Critique perso :

Gloria a laissé passer la sienne depuis longtemps. Elle habite New York, un immeuble mal fréquenté. Justement, un de ses voisins pas clairs reçoit une visite pas sympa du tout, et la voilà qui recueille malgré elle le gamin de la famille, seul rescapé d'une pétarade. Elle le kidnappe, à moins que ce ne soit le contraire. Elle le perd, le retrouve, l'oublie, le protège, le lache, elle fait n'importe quoi. Faut dire, le petit est un mafioso en miniature, sentimental et macho à l'italiennne. Insuportable bien sûr, mais c'est pas une raison pour se faire tirer dessus. Elle, c'est une grande larguée qui ne sait plus ce qu'elle veut depuis longtemps, ni ce qu'elle vaut ni ce qu'elle a. Insuportable aussi, mais c'est pas une raison pour tirer sur tout le monde. Le film, c'est un road movie qui tourne en rond, imprévisible, flamboyant et mal foutu. C'est pas une raison pour le manquer.

Raging Bull

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Réalisé par : Martin Scorsese (1942 - )
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Robert De Niro (1943 - ), Joe Pesci (1943 - )
Genre(s) : New York - New York /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 129 mn, couleur

Critique perso :

Raging bull est une bête, un taureau : c'est un boxeur -le genre poids lourd et cervelle plume. Il doit tout à ses poings : son argent, sa gloire, sa femme. Mais qui a vécu par les poings périra par les poings... Alors, parce que rien ne lui a jamais résisté, peut-être, il se laisse un jour démolir sur un ring sans réagir. Rédemption, rédemption... Un boxeur sans ses poings, ça ne peut que devenir un manager de cabaret gras et vulgaire. Qu'importe, lui, au moins, sait ce dont il est capable. De Niro, plus génial caméléon que jamais, incarne ce type à la recherche de son âme : il arriverait presque à me faire aimer la boxe, c'est dire !

Shining (The)

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Jack Nicholson (1937 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Comme dans la Nuit du chasseur, le loup, on le voit arriver de haut, et de loin. Il s'appelle Jack, écrivain, sourcils menaçants ; il vient de dégotter un petit job peinard : jouer au gardien d'hiver dans un hôtel paumé. Il y emmène sa femme et son fils. Faut bien le dire : dans ce film, il ne se passe à peu près rien. L'hôtel est un labyrinthe aux plafonds hauts, aux tapis seventies recouvrant une splendeur passée. C'est plein de vide et de musique stessante. Certes, quelques fantômes errent dans les couloirs (et dans la chambre 237). Mais c'est surtout dans le labyrinthe bas de plafond de ses pensées que Jack se perd. Une seule question demeure sans réponse : qui lui a ouvert la porte ?

Somewhere in Time - Quelque part dans le temps

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Réalisé par : Jeannot Szwarc (1939 - )
En : 1980, USA
Acteurs principaux : William H. Macy (1950 - ), Christopher Plummer (1927 - ), Christopher Reeve (1952 - 2004), Jane Seymour (1951 - ), Teresa Wright (1918 - 2005)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Richard Collier, écrivain dramatique beau comme un Dieu (qu'il fut dans un autre film, une autre vie...), est l'idole des vieilles dames (enfin, surtout d'une, apparemment…). Un jour qu'il est un peu contrarié, il se paye une petite escapade dans un grand hôtel des environs (de Chicago). Là, il tombe amoureux d'un portrait sur un mur : celui d'une très belle actrice du début du XXème siècle à la carrière aussi fulgurante que brève, prématurément retraitée des planches… et devenue 60 ans plus tard sa groupie sénior. En fait, il se sont connus en vrai, en 1912, dans ce même grand hôtel. En fait, il va l'y rejoindre en voyageant dans le temps, par la seule force de son mental et de ses sentiments, pour lui permettre d'accomplir ce destin qu'elle a déjà vécu. En fait, tout a commencé là bas, à ce moment-là, dans ce passé dont lui n'a encore aucun souvenir. L'amour comme éternel paradoxe temporel, comme flash back mental idéal dans les souvenirs qu'il nous reste à découvrir... Pandora nous a déjà fait le coup, mais (pour moi) ça marche à tous les coups. C'est beau, romantique et kitch comme on n'en fait plus, tellement premier degré qu'on est obligés de s'incliner.

Star Wars: Episode V, The Empire Strikes Back - Empire contre-attaque (L')

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Réalisé par : Irvin Kershner (1923 - 2010)
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Carrie Fisher (1956 - 2016), Harrison Ford (1942 - ), Mark Hamill (1951 - )
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

De mon avis unanime : le meilleur de la série. Celui de la découverte et de l'exploration de soi-même, cet univers perdu dans la galaxie... Comme il se doit depuis Freud, en 3 tableaux. D'abord, le désert enneigé de Hoth, où il faut affronter un monstre à longues dents et des tanks à 4 pattes. Puis les marécages de Dagobah où Luke plonge, à la recherche de la sagesse. Un maître à longues oreilles échappé du Muppet Show il rencontrera. Pendant ce temps, Han Solo explore les mystères des organismes intersidéraux et, dans un gag récurrent, échoue à passer à la vitesse supérieure en présence de la Princesse Leia. Finalement, tout le monde se retrouve presque miraculeusement à la Citée des Nuages (c'est fou comme l'univers est petit), paradis où le Maître n'est pas forcément celui qu'on croit. Perturbations dans la Force, côté obscur. Conversions massives aussi côté salles (tout aussi obscures).

Stardust Memories

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1980, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Marie-Christine Barrault (1944 - ), Charlotte Rampling (1946 - ), Tony Roberts (1939 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 91 mn, NB

Critique perso :

Sandy Bates, clnéaste américain, la quarantaine. Fut drôle en début de carrière, mais plus au mieux de sa forme. Assailli par les chasseurs d'autographes et les groupies amoureuses, traqué par les fans, les exégètes et les extras-terrestres, il déprime sec (et pas toujours sec, d'ailleurs). Il ne sait plus où donner de la tête et du désir. Il a pourtant toujours excellent goût dans le choix de ses muses-actrices (même s'il a décidément un faible pour les névrosées), mais elles n'ont pas toujours le bon goût d'avaler tous ses atermoiements. Alors, il se verrait bien jouer son propre rôle dans son propre film (même si le seul qui lui plairait vraiment, c'est celui de Dieu). Il imagine un truc un peu surréaliste, sous influence italienne années 60. Pas du tout indigne du maestro du genre, sur le mode désespérément drôle et drôlement désespéré.

Raiders of the Lost Ark - Indiana Jones et les Aventuriers de l'arche perdue

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Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 1981, USA
Acteurs principaux : Karen Allen (1951 - ), Harrison Ford (1942 - ), Anthony Higgins (1947 - ), Alfred Molina (1953 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

En 35, c'est bien connu, les Nazis n'avaient pas grand chose d'autre à faire que fouiller le désert egyptien à la recherche de l'Arche d'Alliance mythique des Juifs, ce truc qui renferme le seul manuscrit connu de Dieu lui-même (celui que Charlton Heston a descendu du Sinaï). Les Américains, qui sentent le coup de l'arme suprème, envoient leur meilleur atout. Jones, il s'appelle Jones. Prénom : Indiana ; profession : archéologue de la mémoire occidentale, explorateur de mythes, savant et aventurier tout terrain. Une sorte de Tintin sexy, plus cuir et moins bien rasé, héritier en ligne directe d'Ulysse et de l'Homme de Rio. Toujours prêt pour un voyage au fond de lui-même, toujours là pour la bagarre contre ses fantômes. Le XXème siècle finissant s'est enfin inventé le héros qu'il aurait dû avoir.

Blade Runner

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Réalisé par : Ridley Scott (1937 - )
En : 1982, USA
Acteurs principaux : Harrison Ford (1942 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

C'est en 2019 que les "répliquants" (créatures artificielles créées à l'image de l'homme) les plus évolués commencent à se poser des questions métaphysiques. A cette époque-là, ils passent haut la main le test de Turing, mais ont encore un peu de mal avec celui de Voight-Kampff : un truc qui, apparemment, a à voir avec la dilatation de leur pupille sous l'effet d'une émotion (ce qui ne les empêche pas de bosser comme des brutes dans des colonies lointaines). Ca les pousse à venir demander une augmentation (de durée de vie) à leur patron, à L.A. (devenu un souk asiatique brumeux). Deckard, lui, a la pupille exercée à repérer les répliquants (peut-être bien qu'il leur ressemble un peu trop, d'ailleurs) : il est chargé d'intercepter l'ambassade. Du coup, il commence à se poser des questions métaphysiques... Un must, à voir les pupilles (et les questions métaphysiques) bien ouvertes.

E.T.: The Extra-Terrestrial - E.T. : L'Extra-Terrestre

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Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 1982, USA
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

Eliott, parfait petit américain névrosé, rencontre E.T., son double en concentré qui vient de l'espace : un parfait petit alien névrosé à tête de vieille grenouille (ou de foeutus avorté), son semblable son frère, son jouet. Ici, c'est un peu le Magicien d'Oz à l'envers : c'est l'autre, celui qui vient de la même planète que Yoda (ou de U-anus ?), qui veut rentrer at home. Au home d'Eliott, en revanche, il y a des pizzas qui trainent et de la bière dans le frigo, mais pas de père à l'horizon. Heureusement, il ne manque pas de pairs-potes, prêts à pédaler secs pour ré-expédier l'alien à l'envoyeur. On n'a jamais trouvé mieux pour dire en revoir à son enfance que de l'envoyer dans l'espace en soucoupe volante.

Tron

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Réalisé par : Steven Lisberger (1951 - )
En : 1982, USA
Acteurs principaux : Jeff Bridges (1949 - ), David Warner (1941 - )
Genre(s) : animation /c'était demain /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 96 mn, couleur

Critique perso :

Tron, c'est un Voyage fantastique sous influence Star Wars à l'intérieur de HAL. On y suit Flynn, informaticien-donc-génial, passé de l'autre côté de l'interface graphique, faire connaissance avec la virtualité réelle. Transformé en avatar à son image, il se retrouve condamné à combattre les algorithmes-gladiateurs qu'il a lui-même conçus, afin de neutraliser le Great Master Control, un ex-programme d'échecs qui a buggé mégalo. Bon, pour les explications sur l'architecture de Von Neumann, je conseille plutôt mon poly de cours. Mais aucun informaticien -et aucun spectateur- ne peut être insensible à la poésie d'une discussion -forcément un peu binaire- avec un bit errant, ou aux éclairs bleutés d'une donnée en transit dans les mornes plaines numériques.

Victor/Victoria

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Réalisé par : Blake Edwards (1922 - 2010)
En : 1982, USA
Acteurs principaux : Julie Andrews (1935 - ), James Garner (1928 - 2014)
Genre(s) : Paris /du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 129 mn, couleur

Critique perso :

Se faire passer, le temps d'un numéro de music-hall, pour un homme qui se ferait passer pour une femme : voilà la géniale idée soufflée à Victoria, artiste lyrique fauchée, par un impressario vieillissant, sans emploi, plaqué et homosexuel. Chiche ! D'autant que ce jeu des apparences devient vite un brillant prétexte pour faire émerger la bissexualité qui sommeille en chacun de nous. A l'image des personnages du film, le Paris d'avant guerre qui sert de décor à l'histoire est un réjouissant labyrinthe de faux-semblants. Blake Edwards se régale (et nous avec !), mélange les genres et les sexes, et offre à sa chère Julie Andrews son plus beau rôle.

King of Comedy (The) - Valse des pantins (La)

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Réalisé par : Martin Scorsese (1942 - )
En : 1983, USA
Acteurs principaux : Robert De Niro (1943 - ), Jerry Lewis (1926 - 2017)
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 109 mn, couleur

Critique perso :

Années 80, New-York, USA. Le culte aux alouettes du moment, c'est le talk-show télé mâtiné de stand-up. Son pape s'appelle Jerry, son plus fidèle adepte Rupert Pu(m)pkin. Rupert est un fan fou furieux, à tendances monomaniaques insistantes. Imposteur chieur, mythomane insupportable et content de lui, génial peut-être. Il rêve d'être Jerry à la place de Jerry. Et pour cela, il bosse dur : il s'entraine à faire la bise à Liza, à rire au bon moment aux blagues de ses invités, à affronter avec sérénité les applaudissements les plus déchainés... seul, au fond de sa cave, telle une citrouille qui croit se transformer elle-même en carrosse. Or, il ne faut jamais contrarier une citrouille mythomane, ça la rend capable de réussir... Portrait amer des enfants perdus de la télé, New-York, années 80, et partout ailleurs depuis.

Rumble Fish - Rusty James

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Réalisé par : Francis Ford Coppola (1939 - )
En : 1983, USA
Acteurs principaux : Nicolas Cage (1964 - ), Matt Dillon (1964 - ), Laurence Fishburne (1961 - ), Dennis Hopper (1936 - 2010), Mickey Rourke (1956 - ), Tom Waits (1949 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 94 mn, NB/couleur

Critique perso :

Un Rebel Without a Cause prend RDV avec un autre, pour une baston de parking. Il sont partis pour nous refaire le coup de West Side Story, en version expressionniste. Mais la dérive nous fait plutôt remonter aux sources d'un Gus Van Sant.. D'ailleurs, le vrai héros, c'est pas Rusty, le cogneur en bandana, c'est donc son frère, le grand Motocycle Boy, l'ex-roi du quartier. Il est de retour, justement, après quelques années d'errance, daltonien et à moitié sourd. Il ressemble à un ange en exil, à un prince déchu. En fait, le titre anglais évoque une espèce de poissons bagarreurs. L'histoire est vue depuis l'intérieur de l'aquarium, ou du dedans d'un vieux poste de télé en noir et blanc. De dedans l'enfance éternelle du souvenir.

Star Wars: Episode VI, Return of the Jedi - Retour du Jedi (Le)

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Réalisé par : Richard Marquand (1938 - 1987)
En : 1983, USA
Acteurs principaux : Carrie Fisher (1956 - 2016), Harrison Ford (1942 - ), Mark Hamill (1951 - )
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pour petits et grands enfants /épique pas toc
Caractéristiques : 135 mn, couleur

Critique perso :

D'abord : libérer Han et Leïa de la bave d'une grosse limace lubrique qui les retient prisonniers. Ensuite, recueillir les dernières paroles de son petit grand maître vénéré, avant de participer à des courses de motocyclette volante en pleine forêt. Enfin, détruire l'étoile noire nouvelle version (cf. La Guerre des étoiles : le propre des méchants, c'est qu'ils manquent d'imagination) grâce à une armée de Teddy Bears, tout en réglant son Oedipe à coup de sabre laser. Pas de tout repos, d'être un apprenti Jedi, surtout quand on n'a pas la carrure d'un Hercule. Le mythe fait un peu place à un catalogue qui se parodie lui-même. La suite va manquer de méchants. On va s'ennuyer. On regrette déjà la série...

Zelig

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1983, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Mia Farrow (1945 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 79 mn, NB/couleur

Critique perso :

Incroyable : le seul film où Woody change de lunettes ! Faut dire, on le reconnaîtrait trop vite. Faut dire, c'est pas lui du tout, c'est Léonard Zelig, figure oubliée de l'entre-deux guerres, que nous présente ce fort instuctif documentaire. Zelig, c'est l'homme caméléon, le "conformiste outrancier" que son extrême désir de se fondre dans la foule (gros parmi les gros, noir parmi les noirs, docteur parmi les docteurs...) finit par l'en faire sortir (de la foule). Les français trouvent qu'il est le symbole de n'importe quoi (et ils ont bien raison !). Dans des documents d'archives (presque) authentiques, on le voit faire la bise à Josephine Baker, semer la pagaille sur le balcon du pape Pie XI et dans le dos d'Hitler au congrès de Munich... Pour ce qui est des commentateurs contemporains, c'est le plus beau casting qu'on puisse trouver : Susan Sontag, Saul Bellow, Bruno Bettleheim, etc. ! Zelig, l'homme qui est tous les autres, est le plus grand des artistes et ce film-là est le plus jubilatoire que je connaisse.

Amadeus

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Réalisé par : Milos Forman (1932 - 2018)
En : 1984, USA
Acteurs principaux : Tom Hulce (1953 - ), Jeffrey Jones (1946 - ), F. Murray Abraham (1939 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /en avant la musique /entre Berlin et Moscou
Caractéristiques : 160 mn, couleur

Critique perso :

Biopic d'un certain Mozart, par le petit bout de la lorgnette (mal embouchée) d'un de ses rivaux, un certain Salieri. Salieri, c'est le roi des médiocres, le génie des nazes. Il veut mettre son (petit) talent musical au service de Dieu, en échange d'1/4h (voire plus si possible) de gloire. Mais Dieu s'en fout. Mozart, lui, n'a rien demandé et il a tout reçu -même le droit d'être vulgaire. Alors, à défaut d'être aimé de Dieu (comme Ama-deus), Salieri devient le devil-ex-machina de la vie de l'autre. Tout en l'admirant secrêtement, il le harcèle, le torture, l'assassine au petit feu du travail. Il venge ainsi tous ses frères humains qui ne naissent pas, quoi qu'ils en disent, libres et égaux en dons. Après un tel film, le silence est encore du Mozart, mais le malaise est encore du Salieri.

Broadway Danny Rose

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1984, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Mia Farrow (1945 - )
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 84 mn, NB

Critique perso :

Danny n'a peut-être jamais existé, ce sont les autres qui en parlent le mieux. Les autres, ce sont tous les tocards du show-biz dont il s'est occupé -et à New York, ça fait du monde. Danny est l'impressario des nazes et des (futurs et déjà) has-been, le genre doué pour tous les ratages, le genre dont on se sépare dès que le moindre succès pointe. Pour se consoler, il a en stock une tripotée d'oncles philosophes (qui n'ont peut-être jamais existé) qu'il cite à tout propos. Un jour, il doit accompagner une poupée Barbie au spectacle d'un de ses crooners... En sous texte, je crois que Woody raconte sur le mode burlesque mineur son incrédulité et son émerveillement d'avoir réussi à séduire l'ancienne femme de Frank Sinatra, et de ses supposés dangereux soutiens mafieux. Un récit dans le récit qui finit les yeux dans les yeux.

Dune

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Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 1984, USA
Acteurs principaux : José Ferrer (1909 - 1992), Freddie Jones (1927 - ), Kyle MacLachlan (1959 - ), Silvana Mangano (1930 - 1989), Sting (1951 - ), Dean Stockwell (1936 - ), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : c'était demain /culte ou my(s)tique /épique pas toc
Caractéristiques : 137 mn, couleur

Critique perso :

En 10 000 et quelques. Paul, héritier de la famille Atr(e)ide, -Usul pour les intimes- devient parmi les Fre(e)men un rebelle connu sous le nom de Muad'Dib avant de se révéler être le Kwisatch Haderach que l'ordre des Bene Guesserit attend... Hem, pour suivre, il vaut mieux avoir révisé ses classiques. Enfin, des fois quand même, on arrive à s'y retrouver : un peu de Jules Verne dans les décors, d'Angleterre victorienne dans les costumes. On comprend aussi l'importance de l'épice, substance qui étend le champ de la conscience, fait voyager sans bouger et met de la couleur dans les yeux (hem...). On comprend que sur la planète Dune, pour être un homme, il faut apprendre à maîtriser et chevaucher un ver des sables d'au moins 400m de long (hem hem...). On comprend que le gros lard flottant qui a toujours les mains dans le sang est un méchant, tout comme l'espèce de foetus mutant qui replie l'espace par la pensée. On comprend surtout que c'est dur dur de se réveiller de l'enfance pour devenir un homme...

Indiana Jones and the Temple of Doom - Indiana Jones et le temple maudit

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Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 1984, USA
Acteurs principaux : Kate Capshaw (1953 - ), Harrison Ford (1942 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 118 mn, couleur

Critique perso :

A l'Obi Wan bar, tripot de Shangai, Indiana se souvient d'être un héros. Il perd quelques plumes, comme d'hab, mais gagne le droit de trimballer une cruche blonde et un gamin pour le reste du film. Lequel film prend ensuite la route des Indes -des Indes mythiques sous influence Fritz Lang, comme si le Tombeau indou était tombé dans les bas-fonds de Metropolis. L'aventure prend cette fois la forme d'un trip immobile, un Voyage fantastique au fond de gouffres amers, rouges comme des entrailles, chauds comme les enfers. Atmosphère lourde et sombre, ambiance claustro (faudra attendre l'épisode suivant pour affiner le bronzage) : pas facile tous les jours d'accoucher du héros qui est en soi.

Once Upon a Time in America - Il était une fois en Amérique

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Réalisé par : Sergio Leone (1929 - 1989)
En : 1984, USA
Acteurs principaux : Danny Aiello (1933 - ), Robert De Niro (1943 - ), Joe Pesci (1943 - ), James Woods (1947 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /portrait d'époque (après 1914) /épique pas toc
Caractéristiques : 229 mn, couleur

Critique perso :

Noodles fume de l'opium. Non pas pour oublier, mais pour se souvenir d'oublier éternellement. Oublier éternellement sa jeunesse de James Cagney, apprenti parrain sur les trottoirs de New-York. Oublier Deborah, celle qu'il a toujours aimé, celle qui n'a jamais voulu de lui. Oublier Max, celui qu'il a toujours aimé, celui qu'il a trahi. En fait, ce qu'il ne lui pardonnera jamais, à Max, c'est qu'il est encore plus fort que lui : Max, il a réussir à trahir une trahison. En quelques décennies, il en est passé du sang sous le pont de Brooklyn. Oublier éternellement que la clé du coffre est restée cachée dans le balancier de la pendule, comme toujours, même si le magot s'est envolé. La version western du mythe de l'ouest était une histoire de vengeance. La version noire, c'est une histoire de vengeance contre soi-même. Noodles en rit encore.

Purple Rose of Cairo (The) - Rose pourpre du Caire (La)

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1985, USA
Acteurs principaux : Danny Aiello (1933 - ), Jeff Daniels (1955 - ), Mia Farrow (1945 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 84 mn, couleur

Critique perso :

Qui n'a osé rencontrer personnellement, "pour de vrai", les héros de ses films fétiches ? Bon début d'idée. Et si maintenant, en plus, ces héros pouvaient sortir physiquement de l'écran, si de la salle obscure on pouvait les voir nous voir, réagir à nos réactions et improviser face aux contretemps, comme au théâtre. Ca, on n'a jamais osé l'imaginer et Woody en fait un film génial. Il transforme l'écran de cinéma en porte magique et poreuse entre deux mondes que tout oppose. Lequel est le mirroir, le leurre de l'autre ? Qui, dans chacun d'eux, tire les ficelles ? Ce conte de fée cruel est un fabuleux hommage au mythe même du cinéma, à son ambiguïté, au plaisir que nous prenons tous à nous tromper nous-mêmes en faisant mine de croire à ses histoires.

Trouble in Mind - Wanda's cafe

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Réalisé par : Alan Rudolf (1943 - )
En : 1985, USA
Acteurs principaux : Geneviève Bujold (1942 - ), Keith Carradine (1949 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

On dirait un vieux film noir -peut-être même un western- vaguement modernisé et relooké... Dans le saloon de Wanda -le genre revenu de tout-, donc, on trouve un ancien flic -le genre arrivé de nulle part- et un jeune couple -le genre à trainer partout. Un peu d'amour, un peu de trafic, un peu d'embrouille et le destin s'emballe une fois de plus pour ceux-là. Ils donnent l'impression de vivre une histoire écrite pour d'autres, de faire et refaire des gestes ancestraux presque malgré eux. La routine des tragédies humaines, quoi...

Down by Law

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Réalisé par : Jim Jarmusch (1953 - )
En : 1986, USA
Acteurs principaux : Roberto Benigni (1952 - ), John Lurie (1952 - ), Tom Waits (1949 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /poésie en image
Caractéristiques : 107 mn, NB

Critique perso :

C'est l'histoire de trois mecs. Une belle bande de d'innocents vauriens qui, au bout d'1/4h de film, partagent la même cellule merdique d'une prison de la Nouvelle Orléans. Trois mecs, trois genres. Y'en a un qui sait écouter les filles sans rien dire (il est maquereau). Un autre, il sait très bien si besoin parler pour ne rien dire (il est DJ dans une station de radio) mais en général, il ne la ramène pas trop non plus. D'ailleurs, ces deux-là, c'est un peu les deux côtés d'une même médaille, celle des vrais mecs merdiques qui énervent les filles. Le vrai autre, c'est le troisième : un étrange étranger, un petit mec pas viril et rigolard qui apprend la langue et, du même coup, remet les compteurs sémantiques de tout le monde à zéro. Il ne sait rien faire (ni nager, ni chasser, ni parler correctement), et c'est lui qui fait tout mieux que tout le monde, même chopper les filles. Mais en fait c'est normal, c'est le seul qui sait les écouter. Trois mecs et un oeil de femme pour finir : pas assez pour passer le test de Bechdel, mais on n'arrive pas à lui en vouloir.

Hannah and her Sisters - Hannah et ses soeurs

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1986, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Michael Caine (1933 - ), Mia Farrow (1945 - ), Carrie Fisher (1956 - 2016), Barbara Hershey (1948 - ), Fred Melamed (1956 - ), Maureen O'Sullivan (1911 - 1998), Dianne Wiest (1948 - ), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Trois soeurs : la première joue au théâtre, la deuxième se cherche, la troisième se shoote (enfin, c'est du passé). Deux hommes (et même un peu plus) qui passent de l'une à l'autre : les veinards, ils ont l'ambarras du choix ! Deux années qui s'écoulent et Thanksgiving qui reste. Assez pour changer d'avis, décider de partir ou de revenir. Assez pour se poser pas mal de questions sur l'amour, la mort, la fraternité et la réussite d'une vie, par exemple. Un entrelacs de destins, de souvenirs, d'espoirs, toute la palette des sentiments. Et, pour les parcourir, toute la palette de la technique : voix off, flashs-back, montage virtuose, fantasmes et réalité qui se mèlent. New York : dedans (appartements bourgeois, loft d'artiste, librairie, restaurants, hôtels, hôpital), dehors (immeubles, parcs, baie) et la Soupe au canard... Mais comment c'est possible de mettre autant de choses dans un seul film !

Dead (The) - Gens de Dublin (Les)

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Réalisé par : John Huston (1906 - 1987)
En : 1987, USA
Acteurs principaux : Angelica Huston (1951 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 79 mn, couleur

Critique perso :

Un soir de réveillon en bonne compagnie à Dublin, 1904. Des vieilles tata-gateaux, leur neveu chéri, raisonnable et éloquent, quelques artistes sur le retour, quelques jeunes gens plein d'avenir, quelques parasites. Et quelques fantômes. Dehors, il neige. Dedans, tout est en ordre. Chacun y va de sa petite performance, près du piano ou du whisky. Des conversations anodines, de la musique et du pudding. Rien. Dans cet océan de bienséance, errent pourtant les ombres blanches de passions endormies. De secrets du coeur qui affleurent, tels des icebergs à la dérive. D'autres vies possibles qui refont surface, après la fête. D'autres mondes, d'autres gens. Aux côtés des vivants déjà morts, il y a des morts bien vivants. Qui étaient cachés dans l'ombre, ce soir-là, pour ce réveillon en bonne compagnie à Dublin, en 1904.

Radio Days

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1987, USA
Acteurs principaux : Danny Aiello (1933 - ), Jeff Daniels (1955 - ), Mia Farrow (1945 - ), Diane Keaton (1946 - ), Tony Roberts (1939 - ), Dianne Wiest (1948 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 85 mn, couleur

Critique perso :

Quand on n'aime pas la télé, la moindre des choses, c'est d'aimer la radio. La radio, c'est comme un monde parallèle où les gens sont forcément plus grands et plus beaux, puisqu'on ne les voit jamais. La radio, c'est la voix de l'enfance. D'ailleurs ce film est le seul de Woody Allen qui parle de l'enfance. C'est une chronique schizophrène qui mélange les souvenirs du monde réel et ceux de cet autre monde que la radio introduit en douce dans les maisons. Un monde multiple, où les faits divers et l'actualité sérieuse cotoient les potins mondains et les feuilletons romanesques. Mine de rien, la vie quotidienne en est toute transformée. Tata aime les chansons, maman préfère les interviews de vedettes... Ce film, c'est comme sur les ondes : il y en a pour tous les goûts...

Dangerous Liaisons - Liaisons dangereuses (Les)

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Réalisé par : Stephen Frears (1941 - )
En : 1988, USA
Acteurs principaux : Glenn Close (1947 - ), John Malkovich (1953 - ), Michelle Pfeiffer (1958 - ), Uma Thurman (1970 - )
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 119 mn, couleur

Critique perso :

Ce sont des experts en cruauté, des docteurs ès alcôves, des professionnels du coeur humain. Ils s'appellent Valmont et Merteuil, respectivement Vicomte et Marquise de. Ils ont compris avant tout le monde que le pouvoir repose sur le contrôle de la circulation de l'information (à l'époque : la correspondance). Ils sont persuadés de reigner sur leurs propres sentiments mais c'est à force de se mentir à eux-mêmes. Ils sont pervers, raffinés, libertins. Extrêmement brillants. Ils se lancent des défis absurdes, dans le seul but de faire souffrir. Ils y arrivent souvent. Ils vivent dans le plaisir et sont malheureux comme des chiens. Le film n'est pas complètement à la hauteur du livre, mais quelque chose de la fine fleur de l'esprit français y passe malgré tout.

Last Temptation of Christ (The) - Dernière tentation du Christ (La)

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Réalisé par : Martin Scorsese (1942 - )
En : 1988, USA
Acteurs principaux : Willem Dafoe (1955 - ), Barbara Hershey (1948 - ), Harvey Keitel (1939 - ), John Lurie (1952 - ), Harry Dean Stanton (1926 - 2017)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /à l'antique
Caractéristiques : 164 mn, couleur

Critique perso :

Beaucoup de bruits (à sa sortie) pour pas grand chose... Pas facile de faire un film de plus avec cette histoire-là. Avec cet homme-là. Scorcese s'y colle. Ses héros sont souvent des Christ, mais son Christ n'est pas un héros. Un peu de provoc facile (Jésus potentiellement adultère), quelques belles idées (Judas l'ami fidèle, comme chez Borgès, les romains descendant l'escalier d'Odessa en plein souk de Jérusalem), quelques fautes de goût aussi (Jean-Baptiste en gourou beatnik, Jésus qui s'arrache le coeur à main nue au milieu du ventre). Mais surtout, un message ambigu : ce Christ est un marginal épileptique, qui passe des paroles d'amour aux actes de guerre sans jamais cesser de répéter qu'il n'est sûr de rien, qu'il ne sait pas ce que Dieu attend de lui. C'est le doute fait chair, et l'Histoire n'a pas besoin de lui. Là est le vrai scandale, plus que ce rêve fait, le temps d'un envoutement sur la croix, de ne pas être Lui. Mélange, étrange parfois, de réalisme post-Persona et de conte oriental qui finit mal -mais on s'en doutait un peu.

Batman

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Kim Basinger (1953 - ), Michael Keaton (1951 - ), Jack Nicholson (1937 - ), Jack Palance (1919 - 2006)
Genre(s) : New York - New York /c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké
Caractéristiques : 126 mn, couleur

Critique perso :

Une drôle de chauve-souris s'est installée à Gotham City, cette Metropolis du passé qui se serait inventée un futur. Elle s'appelle Batman, et se déguise occasionnellement en homme ordinaire, très riche et très chiant. Un héros aux deux visages, donc, qui ne serait à l'aise qu'avec les affaires à tiroir et les personnalités doubles (voire plus si affinités). Le Joker, comme son nom l'indique, est assez doué dans ce domaine : l'homme qui rit (de se voir si laid en son miroir) serait-il enfin un adversaire à la mesure de Batman..? Des personnages de cartoon camouflés en acteurs, jouant aux petites voitures vernies dans un New-York en légos sculptés.

Crimes and Misdemeanors - Crimes et délits

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Alan Alda (1936 - ), Woody Allen (1935 - ), Claire Bloom (1931 - ), Mia Farrow (1945 - ), Angelica Huston (1951 - ), Martin Landau (1931 - 2017)
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour)
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

C'était au temps où Woody Allen n'avait aucun mal à nous faire croire à son désarroi de voir Mia Farrow lui échapper. Et où il faisait des rêves (c'est-à-dire des films) graves et douloureux, pleins de couloirs sombres, de crimes impunis et d'imposteurs adulés, sous l'oeil absent du Dieu de son enfance. Faux semblants et illusions d'optiques (tout est dans le regard, évidemment). Singin' in the Rain contre Une Place au soleil. Pour bien enfoncer le clou, la construction du film est "binoclaire" : deux histoires parrallèles qui ne se rejoignent qu'à peine, à la fin -sauf que l'une pourrait être un film réalisé par le personnage de l'autre. Des éclats de rire (éblouissants !) dans un joyau de mélancolie.

Do the Right Thing

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Réalisé par : Spike Lee (1957 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Danny Aiello (1933 - ), Spike Lee (1957 - ), John Turturro (1957 - )
Genre(s) : New York - New York /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 120 mn, couleur

Critique perso :

A Brooklyn comme ailleurs, des fois, il fait trop chaud pour travailler. Mais, à Brooklyn, y'a juste un peu plus de noirs qu'ailleurs en Amérique. Et un peu d'italo-américains, aussi. Entre autres. Un beau melting pot dans une cocotte-minute. Y'en a quelques uns qui travaillent, quand même, dans la pizzeria du coin ou dans la rue. Y'en a beaucoup qui causent, aussi. Ou alors qui se contentent de regarder. Ou qui écoutent de la musique. Un peu trop fort, parce qu'il fait trop chaud, dans la pizzeria du coin ou dans la rue. Ou alors, c'est la pizza qui était un peu trop épicée. En tout cas, c'est sûr, il faisait trop trop chaud dans cette cocotte-minute. Fallait que ça sorte, dans la pizzeria du coin ou dans la rue. Des fois, à Brooklyn ou ailleurs, il fait trop chaud pour vivre.

Indiana Jones and the Last Crusade - Indiana Jones et la dernière croisade

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Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Sean Connery (1930 - ), Harrison Ford (1942 - ), River Phoenix (1970 - 1993)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 127 mn, couleur

Critique perso :

C'est un peu comme dans le Parrain II : pour comprendre la suite, revenons d'abord aux sources. Indiana, donc, a été jeune, et il a eu un père (sans doute aussi une mère, mais les personnages féminins n'ont jamais été le point fort de la série). Il a tout appris de lui, et puis il a développé son style perso, plus décontracté. Ils sont fachés, ils sont restés rivaux en tout. Or, là, le Père, qui était parti tout seul à la quête du Graal, a été intercepté par des méchants. Au programme du jeu de piste pour le retrouver : visite guidée des égouts de Venise, détour par un châteaux hanté par les Nazis, crochet par Berlin pour récupérer un autographe du Fuhrer, avant de retrouver le bon vieux désert biblique de l'épisode 1. Là, pour avoir le droit de rencontrer un père Fouras de 750 ans environ, il faudra encore résoudre quelques énigmes. On se doute assez tôt que, de toute façon, le père, le fils (et le saint esprit cinématographique) auront droit à l'immortalité des légendes.

Sex, Lies, and Videotape - Sexe, mensonges et vidéo

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Réalisé par : Steven Soderbergh (1963 - )
En : 1989, USA
Acteurs principaux : Peter Gallagher (1955 - ), Andie MacDowell (1958 - ), James Spader (1960 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Un mari riche, beau, à qui tout réussit -même ses infidélités. Une parfaite épouse bourgeoise qui n'aime pas qu'on la touche. La soeur, artiste sur les bords, qui couche avec le mari. Un doux copain d'enfance du mari, un peu paumé, qui n'a plus envie de toucher. Le sexe, ce sont les non pratiquants qui en parlent le mieux -les autres ont mieux à faire. Ce sont les seuls, aussi, à savoir qu'ils ne vont pas bien -les autres ont autre chose à penser. Voilà un jeune cinéaste qui nous dit qu'il est temps de ne plus passer autant de temps à mater des images, et qui soigne sa névrose avec celles de ses personnages. On lui souhaite toutes les névroses de la terre.

Alice

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Judy Davis (1955 - ), Mia Farrow (1945 - ), William Hurt (1950 - ), Jo Mantegna (1947 - )
Genre(s) : New York - New York /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 102 mn, couleur

Critique perso :

Alice est une grande petite fille pas bien dans sa vie : son appart est trop grand, son mari trop gentil, ses enfants trop polis. Trop heureuse pour être heureuse. Le sourire d'un saxophoniste de passage et les étranges herbes du mystérieux Dr. Yang sauront-ils la faire passer de l'autre côté du miroir ? Possible, mais faudra beaucoup de zen et pas mal de magie pour décoincer la grande bourgeoise, et la faire devenir ce qu'elle est. Dire qu'elle a failli ne jamais ressembler à Mia Farrow, quel gâchi ça aurait été ! Période où Woody se passionnait pour les états fluctuants et les métamorphoses des femmes -et surtout de la sienne. Période où son génie, c'était de révéler le sien.

Edward Scissorhands - Edward aux mains d'argent

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Johnny Depp (1963 - ), Vincent Price (1911 - 1993), Winona Ryder (1971 - ), Dianne Wiest (1948 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /pauvre espèce humaine /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 105 mn, couleur

Critique perso :

D'un côté, l'Amérique tranquille des banlieues cossues : parcelles identiques, façades pastel, grosses voitures et jardinets bien entretenus. L'endroit est habité par une peuplade de desperate housewises expertes en cosmétiques, entre qui la moindre info circule à la vitesse du téléphone. De l'autre côté, l'imaginaire tourmenté des cauchemars gothiques : un chateau mystérieux, un inventeur fou, sa créature inachevée qui se cache dans le grenier... (elle s'appelle Edward, c'est un Pinocchio de cuir et de fer, un éternel enfant blessé). Comment ces deux enfances-là pourraient-elles bien s'entendre et s'apprivoiser ? Laquelle, d'ailleurs, a le plus besoin de l'autre ? Invention en direct d'une nouvelle poésie, d'un nouveau mythe.

Godfather: Part III (The) - Parrain III (Le)

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Réalisé par : Francis Ford Coppola (1939 - )
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Helmut Berger (1944 - ), Andy Garcia (1956 - ), Diane Keaton (1946 - ), Jo Mantegna (1947 - ), Al Pacino (1940 - ), Remo Remotti (1924 - 2015), Raf Vallone (1916 - 2002), Eli Wallach (1915 - 2014)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 162 mn, couleur

Critique perso :

20 ans plus tard... Désormais, Michaël est clean : plus rien d'illégal dans son activité, il est simplement devenu capitaliste immobilier. Il est aussi diabétique, papa gateau et en quête de rédemption. Il a bien un neveu un peu turbulent qui voudrait renouer avec les bonnes vieilles méthodes (ça, c'est le côté Mean Street) mais lui préfère traiter avec les huiles de la finance et du Vatican (ça, c'est le côté Tempête à Washington et Le Cardinal). Son seul fiston veut devenir chanteur lyrique, et ne trouve rien de mieux à faire que d'entraîner tout le monde dans une représentation piégée (ça, c'est le côté Homme qui en savait trop). Mais Michaël en a vu d'autres : malgré ses cheveux blancs, il a encore de l'allure et pourrait bien re-séduire Kay (ça, c'est le côté Dallas). Le crépuscule de la lignée vaut bien un dernier opéra.

Miller's Crossing

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Réalisé par : frères Coen
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Gabriel Byrne (1950 - ), Albert Finney (1936 - ), Marcia Gay Harden (1959 - ), John Turturro (1957 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /la parole est d'or /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 115 mn, couleur

Critique perso :

Chicago, la Prohibition. Deux bandes rivales, des alliés douteux, des politiciens véreux, une poule et un conseiller des princes très écouté : Tom. Ses faiblesses : les courses, le whisky et son grand coeur d'artichaud. Ses armes : savoir très bien encaisser les coups de poing et savoir encore mieux convaincre ses interlocuteurs qu'il est plus intelligent qu'eux. Face aux mitraillettes, il s'en sort pas mal, le beau Tom, sauf à la fin où il se trouve réduit à la dernière extrémité : tirer un coup de feu sur un de ses semblables... On est dans le rêve d'un grand ado retors et malicieux qui aurait trop regardé "les incorruptibles" et on aime ça !

Wild at Heart - Sailor et Lula

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Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 1990, USA
Acteurs principaux : Nicolas Cage (1964 - ), Willem Dafoe (1955 - ), Laura Dern (1967 - ), Freddie Jones (1927 - ), Sheryl Lee (1967 - ), John Lurie (1952 - ), Harry Dean Stanton (1926 - 2017)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 124 mn, couleur

Critique perso :

Sailor est un jeune homme à la peau de serpent, mais au sang (très) chaud. Lula est une délicieuse évaporée qui a toujours l'air d'étouffer dans ses mini-fringues. Ils brûlent rien qu'à se regarder. Leurs vieux n'aiment pas ça et, ayant crâmé plus d'un cable, leur collent quelques tueurs et mauvaises sorcières au derrière. Alors, les p'tits jeunes qui n'ont pas (non plus) froid aux yeux, font comme on fait chez eux : go west, santiags au plancher. Ce remake rock n' roll hot du Magicien d'Oz nous embarque encore au coeur des ténèbres américaines, à la rencontre des bouseux, des zombies et des fêlés. Au coeur du brasier, là où se cuisent les vieilles soupes et où se tordent les vieilles lames, là où se forgent les mythes nouveaux.

Barton Fink

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Réalisé par : frères Coen
En : 1991, USA
Acteurs principaux : Steve Buscemi (1957 - ), Judy Davis (1955 - ), John Goodman (1952 - ), John Turturro (1957 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 116 mn, couleur

Critique perso :

Barton, dramaturge qui en a sous la tignasse, vient de triompher sur les planches de New-York avec sa pièce : une histoire de vrais gens. Hollywood, en plein âge d'or, l'appelle. Sur place, sans doute pour ne pas perdre le contact avec les vrais gens, il prend un hôtel hors du temps. Un nabab lui passe commande d'un scénario de film de catch - c'est dans ses cordes, ça le catch, avec des vrais gens... Barton retourne à ses p(l)ages blanches et au papier peint de sa chambre. Hors le monde, hors la vie -sauf celle de son encombrant et bavard voisin de pallier. Quand, enfin, il arrive à attirer dans son lit la muse d'un grand-écrivain-du-sud-alcoolo (toute ressemblance avec un auteur dont le nom commence par Faulk...), la mécanique dramatique folle démarrre enfin. Barton se laisse alors un peu déborder par son encombrant et bavard voisin de synapse... Méfiez-vous des réalisateurs à tignasse : ils sont capables de faire de grands films avec des tocards.

My Own Private Idaho

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Réalisé par : Gus Van Sant (1952 - )
En : 1991, USA
Acteurs principaux : River Phoenix (1970 - 1993), Keanu Reeves (1964 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 104 mn, couleur

Critique perso :

Mike vit dans la rue. Des fois il tombe -littéralement- de sommeil. Il a des blancs, c'est-à-dire des trous noirs. Et le film aussi. Et
Mike gagne le peu de vie qui lui reste en se prostituant. Auprès des hommes, des femmes. Mais il préfère les hommes. Surtout Scott, qui lui aussi tapine. Sauf que lui, c'est l'héritier d'une grande lignée. Il est juste là pour faire chier son papa. Il fait le voyou pour de faux. A sa majorité, il sera riche. Et
Ils sont différents et ils se ressemblent. Des fois, ils parlent comme Shakespeare (Henri IV). Des fois
C'est deux vies qui vont diverger radicalement. Une, c'est l'enfance d'une star -pardon, d'un chef. L'autre, c'est un drôle de voyage en pointillé, au goût de gruyère (surtout les trous). Toujours au bord ou au fond du trou. Et qui ne va pas tarder à y rester pour de bon.
Shakespeare dans le caniveau.

Husbands and Wives - Maris et femmes

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1992, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Judy Davis (1955 - ), Mia Farrow (1945 - ), Sydney Pollack (1934 - 2008)
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /la parole est d'or /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 108 mn, couleur

Critique perso :

Woody en mode autofiction, play and play again. Ca se gâte dans son couple, il se rattrappe comme il peut, caméra au poing, poing à la caméra, devant et derrière. Il se dédouble en deux couples amis qui forment les deux piliers du récit : le premier a décidé de se séparer, l'autre va apparemment plutôt bien. Moins de deux heures plus tard, ils ont échangé leurs maillots comme des joueurs de foot... Le film orchestre leur errance, en serrant au plus près leur corps qui fait le contraire de ce qu'ils disent avec pourtant plein de conviction et de rationnalité apparente. Le spectateur est aussi invité aux séances psy de tout ce beau monde et se régale de tant de mauvaise foi. On rit de se voir si vil dans son miroir.

Player (The)

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Réalisé par : Robert Altman (1925 - 2006)
En : 1992, USA
Acteurs principaux : Karen Black (1939 - 2013), John Cuzack (1966 - ), Peter Falk (1927 - 2011), Peter Gallagher (1955 - ), Jeff Goldblum (1952 - ), Angelica Huston (1951 - ), Jack Lemmon (1925 - 2001), Andie MacDowell (1958 - ), Malcolm McDowell (1943 - ), Sydney Pollack (1934 - 2008), Tim Robbins (1958 - ), Alan Rudolf (1943 - ), Greta Scacchi (1960 - ), Dean Stockwell (1936 - ), Bruce Willis (1955 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 124 mn, couleur

Critique perso :

Griffin Mill (Mr. M pour les intimes) est un enfoiré de 1ère classe de Sunset Blvd. Il assure la lourde tâche de choisir, pour le compte d'un grand studio hollywoodien, les quelques heureux Lauréats dont le scénario sera produit. Evidemment, son costume de Citizen Kane fait des rancuniers et des envieux : il travaille au milieu d'une bande de Freaks qui ne pensent qu'à prendre sa place. Un soir, dans un accès de panique, il fait une grosse connerie irréparrable (de plus). Certes il a eu, juste avant, le temps d'échanger quelques mots au téléphone avec un Ange bleu. Mais, le moindre Témoin à charge pourrait le faire tomber. En fait, il a La Corde au cou... Quant à Altman, lui, il s'amuse : non content de battre haut la main le record, précédemment détenu par La Soif du mal, du plus long plan séquence d'ouverture, il s'attaque aussi à celui du plus grand nombre de citations (visuelles ou sonores) de films anciens dans un film (j'ai oublié : il y a aussi Le Voleur de bicyclette). Et il montre par la même occasion que le cinéma n'est pas -toujours- fait par des cons.

Twin Peaks: Fire Walk with Me - Twin Peaks - les 7 derniers jours de Laura Palmer

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Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 1992, USA
Acteurs principaux : Sheryl Lee (1967 - ), David Lynch (1946 - ), Kyle MacLachlan (1959 - ), Harry Dean Stanton (1926 - 2017)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 135 mn, couleur

Critique perso :

Evidemment, avant le film il y a eu la série, qui raconte ce qui se passe après. Alors, dès le début, le rouge est mis. C'est comme si le compte à rebours était enclenché, la bombe à retardement amorcée, mais au ralenti. Pourtant, filmer le destin en marche ne suffit pas, il faut aussi en montrer les esprits maléfiques et les demi-Dieux, les démiurges et les oracles. Or, les oracles ne sont pas fameux, on prédit qu'une jeune fille sera sacrifiée. Que d'ailleurs, c'est déjà fait, et qu'en plus la jeune fille est de toute façon pervertie jusqu'au trognon. Le FBI est sur le coup, avant même qu'il se soit passé quelque chose. Lynch inaugure ici son costume de grand chamane de l'inconscient, et s'offre une apparition en personnage aussi sourd qu'Homère était aveugle. Twin Peaks -le film-, c'est un peu l'Olympe assassiné par le soap opéra, et brillamment repêché par le cinéma.

Short Cuts

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Réalisé par : Robert Altman (1925 - 2006)
En : 1993, USA
Acteurs principaux : Peter Gallagher (1955 - ), Jennifer Jason Leigh (1962 - ), Jack Lemmon (1925 - 2001), Andie MacDowell (1958 - ), Frances McDormand (1957 - ), Julianne Moore (1960 - ), Tim Robbins (1958 - ), Madeleine Stowe (1958 - ), Tom Waits (1949 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 187 mn, couleur

Critique perso :

Ca commence par une campagne de projection massive d'insecticide par hélicos (façon Apocalypse Now) et ça finit par un tremblement de terre. Bref, on est un peu comme dans Le Septième sceau : en sursis très provisoire de la colère du ciel. Que font les humains de L.A., en attendant ? Pas mal de bêtises. Ils s'agitent, s'énervent, vont à la pêche aux truites et aux coeurs, pleurent leurs amours perdues. Le temps de quelques heures, des secrets bien noyés referont surface, le petit Finnegan ne se réveillera pas... Altman met à nu ses personnages : depuis Nashville, on ne l'avait jamais vu aussi en forme avec autant de monde. Son incroyable montage réussit à ménager de multiples passerelles entre de multipes histoires. Plein de petites choses qui finissent par faire un grand film.

The Nightmare Before Christmas - Etrange Noël de Monsieur Jack (L')

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1993, USA
Genre(s) : animation /conte de fées relooké /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 76 mn, couleur

Critique perso :

Au pays d'Halloween, Jack est le roi. C'est lui le meilleur organisateur de réjouissances macabres, de défilés cauchemardesques et de fiestas lugubres. Au pays d'Halloween, aucun fantôme et aucun monstre ne peut se passer de lui. Mais Jack s'ennuie un peu, et il tombe un jour sur un rêve auquel il n'avait jamais pensé : le pays de Noël, ses guilandes, ses bonbons, ses cadeaux, et son petit papa tout rouge. Noël, voilà enfin un boulot à sa hauteur ! Jack étudie scientifiquement la question et se met au turbin de devenir un autre, entrainant tout le village d'Halloween dans son sillage. Bon, évidemment, ça swingue mieux chez les freaks que chez les enfants sages. Et évidemment, (proverbe burtonnien), le choc des cultures fait souvent des pots cassés.

Ed Wood

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 1994, USA
Acteurs principaux : Patricia Arquette (1968 - ), Johnny Depp (1963 - ), Jeffrey Jones (1946 - ), Martin Landau (1931 - 2017), Bill Murray (1950 - ), Sarah Jessica Parker (1965 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 127 mn, NB

Critique perso :

Le plus mauvais réalisateur du monde -vu par l'un des meilleurs de son temps- était un spécialiste ès mauvais genres et mauvais goût, dans sa vie comme dans son oeuvre. Il choisissait ses copines en fonction des fringues qu'il pouvait leur piquer, ses sujets et ses collaborateurs pour produire le maximum d'effets avec le minimum de moyens. Il était gentil, naïf, enthousiaste et incompétent. Il rêvait d'égaler Citizen Kane, il réussit tout de même à réaliser Plan 9 from Outer Space, c'est pas donné à tout le monde. Tim Burton le montre, en pleine crise, enfiler une jupe moulante et un pull angora pour aller recevoir la bénédiction de son Dieu Orson. Paradoxal et jubilatoire hommage d'un perfectionniste au dilettante qu'il ne sera jamais.

Forrest Gump

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Réalisé par : Robert Zemeckis (1952 - )
En : 1994, USA
Acteurs principaux : Tom Hanks (1956 - ), Gary Sinise (1955 - ), Robin Wright Penn (1966 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 142 mn, couleur

Critique perso :

L'Amérique telle qu'elle voudrait qu'on la voie : pas fut-fut, mais la meilleure en tout. Forrest Gump en est la conscience claire. 75 de QI, né sous le signe du KKK (Naissance d'une nation), ça ne l'empêche pas d'habiter la maison d'Autant en emporte le vent, d'apprendre à Elvis à danser le rock, de serrer la main de 3 présidents de la république américaine (au moins, contrairement à l'innocent de Bienvenue Mr. Chance, il ne leur fait pas une grosse impression !), de survivre à Apocalypse Now, d'inspirer "imagine" à John Lennon, de déclencher le Watergate et d'inventer le jogging. Un ange, à défaut d'être un crac. Evidemment, il y a bien sa copine Jenny qui, elle, se coltine avec le côté obscur de la mémoire nationale (sex, drog and R&R façon Hair ou Georgia), mais c'est pour mieux s'en repentir à la fin. Réac et charmeur, brillant et énervant comme l'Amérique. Comme un imbécile heureux qui est né quelque part.

Little Odessa

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Réalisé par : James Gray (1969 - )
En : 1994, USA
Acteurs principaux : Vanessa Redgrave (1937 - ), Tim Roth (1961 - )
Genre(s) : New York - New York /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Little Odessa, Brooklyn, New-York. Joshua y est né, y a aimé, y a tué. Ca a dû lui plaire, il en a fait son métier. Pour cela, son père l'a bani et renié. Mais il est pourtant de retour, pour un contrat. Et pour revoir sa maman et son petit frère. Little Odessa : il neige et il fait froid, comme là-bas mais en moins pire, sans doute. Les petits Parrains y reignent -comme là-bas aussi, sans doute. Ici, les juifs sont d'ici sans en être, comme partout. Ils aiment, ils souffrent, ils tuent, comme tout le monde. A la recherche de son Eden perso, du vert paradis de ses amours enfantines, Joshua ne trouve que désolation et éternel recommencement du malheur. Une antique tragédie biblique déguisée en polar noir -ça lui va bien.

Celluloid Closet (The)

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Réalisé par : Epstein & Friedman
En : 1995, USA
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /docu (plus ou moins fiction) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 102 mn, NB/couleur

Critique perso :

Petite leçon d'histoire du cinéma et de décryptage d'images -petit sermon militant de la cause gay, aussi. Tout, nous saurons donc (presque) tout sur les homos vus par Hollywood : des inoffensives tapettes des débuts du cinéma aux inquiétants criminels névrosés des années 60, en passant par les vampires lesbiennes et autres amitiés viriles cachées sous les jupettes des péplums et les colts des westerns. Bon, le film ne balance pas tant que ça (il reste sûrement plein d'affaires dans le placard), mais permet d'apprendre un peu à voir derrière les images, et à entendre derrière les paroles. Pour, par exemple, ne plus jamais regarder Rebecca et Ben-Hur de la même façon.

Twelve Monkeys - Armée des 12 singes (L')

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Réalisé par : Terry Gilliam (1940 - )
En : 1995, USA
Acteurs principaux : Brad Pitt (1963 - ), Christopher Plummer (1927 - ), Madeleine Stowe (1958 - ), Bruce Willis (1955 - )
Genre(s) : c'était demain /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

Cette science fiction-là, avec sa technologie de bric et de broc détraquée au service d'un pouvoir monstrueux, on la reconnaît vite : c'est celle de Terry Gilliam. Effectivement, le début de L'Armée des 12 singes pourrait être la suite post-apocalyptique de Brazil, où le rêve (ici un souvenir d'enfance récurrent) est encore la seule échappée possible de l'enfer. Mais bien vite, on suit Bruce Willis qui expérimente le Vertigo et les délices du voyage dans le temps avant d'en comprendre les inquiétants paradoxes. Il découvrira que la pire prison est celle de sa tête et de son destin et, pour une fois, malgré son beau corps musclé, ne parviendra pas à sauver le monde. Pour lui et pour l'ambiance déglinguée à souhait, ce film supporte tous les paradoxes temporels de la revoyure...

Fargo

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Réalisé par : frères Coen
En : 1996, USA
Acteurs principaux : Steve Buscemi (1957 - ), William H. Macy (1950 - ), Frances McDormand (1957 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

Au commencement était l'écran blanc. Puis surgit la voiture, la télé et le hamburger. Bienvenue à Fargo enneigé, nombril du non-monde. Dans ce trou, quelques non-vivants essaient de patauger comme ils peuvent. Ce mari aux abois, par exemple, et les deux complices aussi nazes que lui qu'il s'est trouvé : un grand taiseux et une petite teigne bavarde -ce serait beaucoup dire qu'il est le cerveau de la bande. Quelques cadavres plus tard, entre dans l'histoire une espèce de Colombo féminin, enceinte jusqu'aux yeux -la seule qui a l'air dans son élément dans la nullité ambiante. Avec ce grand film sur la frustration des nuls, les Coen Brothers inventent l'humour blanc : le contraire de l'humour noir, en pire. Et dire que le réchauffement climatique risque de nous priver de ce genre d'horreurs réfrigérées.

Chasing Amy - Méprise multiple

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Réalisé par : Kevin Smith (1970 - )
En : 1997, USA
Acteurs principaux : Ben Affleck (1972 - )
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

Holden et Blanky sont des geeks pratiquants de l'ère pré-Internet. Ils publient ensemble des comics (une série BD, quoi) à succès, ont des copains cools et sympas comme eux et cohabitent en tout amitié (et plus si affinités). Dans un salon pro plein d'autres geeks amateurs de leurs oeuvres, ils rencontrent Alyssa, comme eux auteuse prometteuse et (plus qu'eux) fille libérée. Holden voudrait bien un peu plus (étant donné son affinité), mais Alyssa aime les filles, quoiqu'en fait elle a aussi aimé des mecs, quoiqu'en fait elle n’en sait plus rien. Le film a ce côté bricolo qui sied bien à son sujet, sans doute parce que la parole y est le vrai personnage principal. Il ne s'y passe quasiment que des mots. C'est cru, cash, couillu, tout en lorgnant vers le mythe, genre quête éternelle de l'amour impossible. Du performatif un peu fauché, mais cool et sympa, quoi. Et avec des poils.

L.A. Confidential

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Réalisé par : Curtis Hanson (1945 - 2016)
En : 1997, USA
Acteurs principaux : Kim Basinger (1953 - ), Russell Crowe (1964 - ), Danny DeVito (1944 - ), Kevin Spacey (1959 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /cadavre(s) dans le(s) placard(s)
Caractéristiques : 138 mn, couleur

Critique perso :

Trois cops de Los Angeles années 50, entre glamour et trafics. Trois styles : le costaud cogneur aux yeux de chien battu, le mondain compromis avec la presse, le premier de la classe à lunettes. Des stars (Lana Turner, Rita Hayworth, Veronica Lake) qui font de la figuration -à moins que ça ne soit leur sosie, on n'en sait rien, c'est du cinéma. De l'amour et du sang. Une belle histoire tordue comme on n'en avait plu vu depuis Le Grand Sommeil (cette fois, en écoutant bien, on arrive même à savoir qui a tué le chauffeur !). Une variation sur le thème de la légitime violence qui vaut bien celle de Rio Bravo. Un grand film comme, heureusement, on en fait encore !

Titanic

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Réalisé par : James Cameron (1954 - )
En : 1997, USA
Acteurs principaux : Kathy Bates (1948 - ), Leonardo DiCaprio (1974 - ), Gloria Stuart (1910 - 2010), David Warner (1941 - ), Kate Winslet (1975 - ), Billy Zane (1966 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /les chocottes à zéro /épique pas toc
Caractéristiques : 194 mn, couleur

Critique perso :

Il m'arrive d'avoir des faiblesses et des fautes de goût. J'avoue donc : j'aime beaucoup ce film. Parce que c'est gros comme un immeuble et sans complexe, comme Autant en emporte le vent (vers lequel ça lorgne pas mal). Parce qu'ils sont jeunes et beaux, et caricaturaux à souhait. Parce que la vieille dame a été la fiancée de l'Homme invisible. Parce que la métaphore féministe, aussi, est énorme : c'est le symbole du machisme le plus brutal et le plus attardé qui sombre avec tant de fracas et de victimes (mais quand on aime, on ne compte pas). Parce que, même en sachant tout à l'avance, on arrive encore à se laisser surprendre. Parce que c'est du faux bâti sur du vrai bâti sur de l'imposture. Parce que c'est du cinéma grandeur artifice.

Big Lebowski (The)

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Réalisé par : frères Coen
En : 1998, USA
Acteurs principaux : Jeff Bridges (1949 - ), Steve Buscemi (1957 - ), Ben Gazzara (1930 - 2012), John Goodman (1952 - ), Julianne Moore (1960 - ), Philip Seymour Hoffman (1967 - 2014), John Turturro (1957 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /du rire aux larmes (et retour)
Caractéristiques : 117 mn, couleur

Critique perso :

Dans la famille Lebowski, il y a le vrai (patriarche self-made man façon Duel au soleil, riche, apparemment), le faux (fauché, à coup sûr), l'épouse actuelle (voir Lolita) et la fille (artiste trash-bobo : Julianne Moore, reprise là où Short Cuts l'avait laisée). Il y a aussi quelques comparses, partenaires de bowling ou kidnappeurs d'opérettes, tous plus nazes les uns que les autres. Dans Miller's Crossing, le héros était trop fort pour nous (et pour lui-même aussi, d'ailleurs). Ici, c'est plutôt le défilé des rase-mottes : des personnages prétextes à un réjouissant carnaval de mythes, symboles et archétypes (tous les westerns et toutes les comédies musicales d'Hollywood y passent, et on passe même une nuit avec Maude). On aime (les nuls), on ne compte pas.

Thin Red Line (The) - Ligne rouge (La)

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Réalisé par : Terrence Malick (1943 - )
En : 1998, USA
Acteurs principaux : Adrien Brody (1973 - ), John Cuzack (1966 - ), Elias Koteas (1961 - ), Sean Penn (1960 - ), John C. Reilly (1965 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 170 mn, couleur

Critique perso :

Des hommes, des crocodiles et des grands arbres. On entend des chants indigènes qui ont l'air de souhaiter la bienvenue au paradis. Mais derrière la colline, un peu plus loin, il y a des japonais et des canons. C'est la guerre à Guadalcanal, Hollywood y a dépêché un bataillon de ses meilleurs représentants (mâles exclusivement). Ce sont des soldats qui, le matin en se rasant ou le soir au coin du feu, parlent du sens de la vie plutôt que de leurs photos de pin-up. Des hommes qui doutent, qui pensent donc qui sont. La ligne rouge, c'est sans doute celle qui les sépare de la nature. Ou de leur propre nature, de leur propre barbarie. Ou de leur propre mort. C'est la ligne à suivre pour aller derrière la colline. En tout cas, de celles qu'on franchit diffcilement, à contre coeur. C'est la ligne de l'ennemi, c'est son sang -ou le mien. Un film de guerre philosophique, beau, terrible et assez pompeux, comme il se doit.

Truman Show (The)

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Réalisé par : Peter Weir (1944 - )
En : 1998, USA
Acteurs principaux : Jim Carrey (1962 - ), Ed Harris (1950 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Tru(e)man Burbank, héros malgré lui, 24h/24, d'un reality show dont il est le seul candide, vit dans un total false world. Comme le personnage de La Vie est belle, c'est un explorateur qui n'est jamais parti de chez lui. C'est un prisonnier volontaire. C'est un clown parfaitement conditionné pour jouer son rôle, dans le scénario qu'on a écrit pour lui. C'est une marionnette dans les mains d'un réalisateur mégalo qui ne s'est jamais remis d'avoir vu Persona et Blade Runner. Bref, c'est un parfait américain, gentil, poli, honnête. Quand il atteint les frontières de son univers de poche, il donne tout à coup raison aux croyances moyennageuses sur les bords du monde, et au couvercle de Beaudelaire. Le film aurait pu s'appeler Imitation of Life, mais le titre était déjà pris.

Being John Malkovich - Dans la peau de John Malkovich

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Réalisé par : Spike Jonze (1969 - )
En : 1999, USA
Acteurs principaux : John Cuzack (1966 - ), Cameron Diaz (1972 - ), Catherine Keener (1959 - ), John Malkovich (1953 - )
Genre(s) : New York - New York /du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 112 mn, couleur

Critique perso :

De l'art de la marionnette, considérée comme une métaphore de la manipulation, considérée comme une métaphore de l'amour, considéré comme une métaphore du jeu de l'acteur, considéré comme une métaphore de la transmigration des âmes, considérée comme une métaphore de la condition humaine, considérée comme une métaphore de la succession des générations, considérée comme une métaphore de l'art de la marionnette. John Malkovich est le parfait caméléon de cet incroyable embrouillamini à la logique implacable. On entre et on sort de sa tête comme dans un moulin, et on a même droit à une visite guidée de son inconscient (au pas de charge, mais vaut mieux pas s'attarder dans ces endroits-là). Tellement brillant qu'on en sort tout ébloui.

Eyes Wide Shut

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Réalisé par : Stanley Kubrick (1928 - 1999)
En : 1999, USA
Acteurs principaux : Tom Cruise (1962 - ), Nicole Kidman (1967 - ), Sydney Pollack (1934 - 2008)
Genre(s) : conte de fées relooké /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 159 mn, couleur

Critique perso :

Certes, c'est l'histoire de la crise d'un couple. Mais c'est aussi un remake du Magicien d'Oz pour adultes, autrement dit un voyage au pays des rêves et des fantasmes des grandes personnes, ce monde des apparences aux valeurs inversées, peut-être plus vrai que le monde réel. Tom Cruise joue (plutôt bien) un bon docteur un peu benêt, manipulé par ses désirs -et perpétuellement frustré. Sa femme de l'époque joue (encore mieux) sa femme de l'époque. Quels dangers court-il exactement dans cette aventure ? A-t-il fallu que quelqu'un meurt pour que lui vive ? Pour peindre cette superposition des mondes réels et mentaux, Kubrick utilise des contrastes de couleur étonnants et une construction en miroir. Vertiges et confort, malaise du banal.

Matrix

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Réalisé par : frères/soeurs Wachowski
En : 1999, USA
Acteurs principaux : Laurence Fishburne (1961 - ), Carrie-Anne Moss (1967 - ), Keanu Reeves (1964 - )
Genre(s) : c'était demain /culte ou my(s)tique /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 136 mn, couleur

Critique perso :

Le grand secret nous est révélé au bout d'1/2h. Comme il s'est un peu éventé depuis, je peux bien le dire : le monde est un jeu vidéo. La réalité vraie, pas belle à voir, c'est que les hommes sont en faits cultivés dans des cuves par des machines qui parasitent ainsi leur énergie, en maintenant leur esprit en servitude dans un leurre numérique. C'est Néo le novice que nous suivons, au moment où il fait le grand saut de l'autre côté du miroir. Morpheus, son prof de philo et de Ju Jitsu, croit que c'est lui the One, celui qui libérera les hommes de leur esclavage. Faut dire, comme il a été pirate informatique durant sa vie virtuelle, il saute les niveaux de jeu plus vite que tout le monde dans sa nouvelle. Ca vous rappelle quelque chose ? C'est normal, c'est pompé dans Alice au pays des merveilles, le Magicien d'Oz, la caverne de Platon, Descartes, Dennett, EXistenZ et, of course, LA Bible. Les images, elles, viendraient plutôt de Il était une fois dans l'ouest, des Blues Brothers, de Star Wars et de 2001, l'Odyssée de l'espace, mais à la mode PlayStation. Recyclage bluffant malgré tout.

Sweet and Lowdown - Accords et désaccords

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 1999, USA
Acteurs principaux : Woody Allen (1935 - ), Samantha Morton (1977 - ), Sean Penn (1960 - ), Uma Thurman (1970 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /en avant la musique /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 95 mn, couleur

Critique perso :

Le plus grand guitariste du monde, bien sûr, c'est Django Reinhardt. Le deuxième, c'est Emmet Ray. Comme souvent les artistes (surtout chez Woody), Emmet est une perle d'art dans un corps et une tête de brute. A la guitare, certes, un demi-Dieu. Mais pour le reste, peu de centres d'intérêts présentables : la musique des nègres, les rats des décharges, les trains. Avec les femmes, il est tellement beau parleur que seules une muette et une cérébrale-intégrale arrivent à le supporter. Surtout qu'il n'est que le deuxième plus grand guitariste du monde après Django Reinhardt. Alors, il lui reste l'argent, les fringues et les belles voitures. La frime et la belle vie, pendant que, dans ces années-là, tout le monde rame. Il lui reste aussi un rêve d'Hollywood et quelques espoirs décus. Lui qui ne sera jamais que le deuxième plus grand guitariste du monde après Django Reinhardt.

Gosford Park

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Réalisé par : Robert Altman (1925 - 2006)
En : 2001, USA
Acteurs principaux : Alan Bates (1934 - 2003), Helen Mirren (1945 - ), Kristin Scott Thomas (1960 - ), Maggie Smith (1934 - ), Emily Watson (1967 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 137 mn, couleur

Critique perso :

Les voitures sont de 1930, le manoir et ses meubles sont victoriens, ses occupants le temps d'un week-end de la plus haute lignée du genre homo britannicus. Il y a une armée de domestiques, aussi, mais à l'étage au dessous. Les infos, les services, les frustrations et les désirs circulent dans tous les couloirs et tous les escaliers, de bouche à bouche et de mains en mains, de haut en bas et de bas en haut. Ca mange et ça parle, aussi. Le maître de céans a tellement d'ennemis dans la place qu'il réussit à se faire assassiner plusieurs fois... On dirait parfois le script de La Règle du jeu rewrité par Agatha Christie. A d'autres, c'est un ballet de marionnettes en maison de poupées grandeur nature. Tout le temps, c'est une caméra en liberté dans une prison dorée.

Man Who Wasn't There (The) - Barber (The)

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Réalisé par : frères Coen
En : 2001, USA
Acteurs principaux : Frances McDormand (1957 - ), Billy Bob Thornton (1955 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 116 mn, NB

Critique perso :

Le coiffeur, dans les films, c'est au mieux un second rôle. Ed, lui, rêve d'une Place au soleil. Il n'est pas causant, notre coiffeur. Il écoute, il observe. Il regarde les cheveux pousser, s'émerveille que ça continue même après la mort. D'ailleurs, il est peut-être déjà mort. Ou alors, ce sont les autres qui le sont. Le monde selon Ed est un peu étrange. Pour changer de vie, il tente bien une ou deux choses. Mais alors, invariablement, des hommes très sérieux en costume 3 pièces viennent lui annoncer des trucs horribles : la prison, la mort. Un remake prolétaire et somnambulique de Noblesse oblige qui est aussi la meilleure adaptation que je connaisse de l'Etranger de Camus, à la sauce noir(e).

Mulholland Dr. - Mulholland drive

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Réalisé par : David Lynch (1946 - )
En : 2001, USA
Acteurs principaux : Ann Miller (1923 - 2004), Naomi Watts (1968 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 145 mn, couleur

Critique perso :

L'affiche du film promettait "une histoire d'amour dans la cité des rêves". L'histoire d'amour, ce sera entre deux femmes sublimes (une brune et une blonde) et la cité des rêves (de gloire), c'est bien sûr Hollywood, Olympe contemporain et miroir aux allouettes. Mais ce film est aussi bien plus que cela : il y a des morts, des embrouilles mafieuses, un cow boy et une piscine (mais Sunset Blvd en a vu d'autres !). Et encore : plusieurs histoires en parrallèle, un récit qui bifurque, des personnages qui se dédoublent, deux répétitions -très différentes- d'une même scène digne des pires feuilletons américains (comme dans Pension d'artistes), des sueurs froides et des effets de miroir... Pour retrouver son chemin dans ce somptueux labyrinthe narratif, baigné de musique en apesanteur, il faudra guetter les clés (l'une est bleue !). Mais Maître Lynch a excellemment fait les choses : interdit de critiquer ce film avant de l'avoir vu au moins deux ou trois fois car le puzzle est complet (et beau).

25th Hour - 24 heures avant la nuit

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Réalisé par : Spike Lee (1957 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Edward Norton (1969 - ), Barry Pepper (1970 - ), Philip Seymour Hoffman (1967 - 2014)
Genre(s) : New York - New York /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 135 mn, couleur

Critique perso :

Monty, ex-dealer flambloyant dénoncé aux stup', a 24h de liberté devant lui. Après, il aura droit à 7 ans de réfexion derrière les barreaux. Il lui reste une copine magnifique, un père, un chien, des chefs. Quelques comptes à régler, avec les autres et avec lui-même. Ses deux principaux potes d'enfance s'en sont apparemment mieux sortis, mais ils se cognent aussi à leurs propres lignes blanches. Pas de Place au soleil pour tout le monde. Petits arrangements avec la tentation. Transgressions et conséquences. New-York, amputée de ses tours, a la même gueule de bois que ses héros. Après la flambe, retour à (Ground) Zero. Premier grand film post-trauma, sur les erreurs d'aiguillage et les aubes amères.

Chicago

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Réalisé par : Rob Marshall (1960 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Richard Gere (1949 - ), John C. Reilly (1965 - ), Renée Zellweger (1969 - ), Catherine Zeta-Jones (1969 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /en avant la musique /jeu dans le jeu /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

And now, ladies and gentlemen : le show ! C'est-à-dire le film, c'est-à-dire la vie en mieux. En Amérique, c'est là la mesure de toutes choses : de la justice, de la presse, du bizness. Brillante illustration dans le Chicago des années 20, sous le signe du Magicien d'Oz, de Cukor et de Minnelli, qui nous ont appris à faire chanter nos rêves. Chiche, donc : fantasmes à gogo sous forme de montage parrallèle généralisé, pour illustrer les rêves de starlette de Roxy Hart, la jolie meurtrière emprisonnée. Un peu des Hommes préfèrent les blondes, beaucoup de Cabaret (hommage à Bob Fosse, créateur du spectacle, oblige), une tonne de paillettes. Et le pire arrive forcément : le show (c'est-à-dire le rêve) devient réalité. Must go on...

Frida

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Réalisé par : Julie Taymor (1952 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Antonio Banderas (1960 - ), Salma Hayek (1966 - ), Alfred Molina (1953 - ), Edward Norton (1969 - ), Geoffrey Rush (1951 - )
Genre(s) : heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 123 mn, couleur

Critique perso :

Peinture à l'hollywoodienne de la plus mexicaine des peintres. Frida Khalo est au Mexique ce que Diego Rivera fut un moment pour elle : une idole (après, elle l'a épousé). Sa vie est un roman, il n'y manque pas une touche de musique, pas une note de couleur, pas un parfum de mythe. Rockefeller, Breton et Trotsky font de la figuration, King Kong passe dans le décor. De la souffrance, de l'amour et encore de la souffrance. Le biopic est un peu épicé, mais pas trop. La douleur est sur l'écran, qui fait tout de même un peu écran à la douleur. Des petites tentatives timides pour mettre de la vie dans le tableau, en rendant vivants les tableaux. Mais ces toiles, pour ce qu'on peut en voir, gagnent fastoche le match de l'intensité dramatique avec la peinture hollywoodienne.

Minority Report

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Réalisé par : Steven Spielberg (1946 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Tom Cruise (1962 - ), Samantha Morton (1977 - ), Max von Sydow (1929 - )
Genre(s) : c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro
Caractéristiques : 145 mn, couleur

Critique perso :

En 2003, les américains ont inventé la guerre préventive. Vers 2050, ils inventent l'arrestation préventive des meutriers grâces aux pouvoirs de devination de trois oracles-mutants-voyants : les "précognitifs" et à une unité de police d'élite : la "précrime". Les prisons regorgent donc de putatifs assassins maintenus en état d'hibernation et la sécurité reigne. Par ailleurs, la technologie informationnelle s'est répandue partout, par écrans transparents et multiples autres babioles interposés. Bref, nous sommes dans le meilleur des mondes possibles selon Sarkozy -à condition, bien sûr, d'être répertorié du côté des honnètes gens (du futur). Quand on passe de l'autre côté, évidemment, la vie devient un peu moins simple. C'est ce que va comprendre à ses dépens John Anderton, pourtant à la tête de la fameuse "précrime". Sa fuite le forcera à changer de regard (en plus d'un sens !) sur le monde parfait dans lequel il vit... Tiens tiens, même Spielberg se mettrait donc à douter des images ? (bon, je vous rassure : il croit toujours à la famille). Très spectaculaire et bigrement intéresante, cette grosse production américaine !

Spider-man

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Réalisé par : Sam Raimi (1959 - )
En : 2002, USA
Acteurs principaux : Willem Dafoe (1955 - ), Kirsten Dunst (1982 - ), Tobey Maguire (1975 - ), Cliff Robertson (1923 - 2011)
Genre(s) : New York - New York /animation /conte de fées relooké /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 121 mn, couleur

Critique perso :

A priori, c'était pas trop mon style (j'avais acheté le DVD pour mon neveu, mais il l'avait déjà...). Mais cette n-ème variation cinématographique sur le thème du super-héros pourrait bien, finalement, être un peu moins gratuite que beaucoup d'autres. La métamorphose de Peter Parker en Spider-man est clairement une métaphore de l'adolescence. Les difficultés qu'il rencontre sont celles de son entrée dans le monde des adultes, et rendent sa maladresse touchante. La morale (avec le pouvoir, viennent les responsabilités) n'est pas bouleversante ; on la trouvait déjà dans Qu'elle était verte ma vallée. Mais le film raconte surtout les difficultés d'un jeune homme à "tisser des liens" (sociaux) avec ses semblables et à se sentir solidaire de leur monde. New York, on commence à le savoir, se prète merveilleusement bien au paradoxal rêve aérien de ce petit animal humain, trop humain...

Big Fish

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 2003, USA
Acteurs principaux : Steve Buscemi (1957 - ), Marion Cotillard (1975 - ), Albert Finney (1936 - ), Jessica Lange (1949 - ), Ewan McGregor (1971 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 125 mn, couleur

Critique perso :

Quand un pêcheur mythomane raconte sa dernière pêche, et qu'il est meilleur mythomane que pêcheur, ça peut devenir une épopée fantastique, une aventure fabuleuse. Edward est comme ça : il n'a pas de mains d'argents (il en a pourtant vendues) mais sa parole est d'or. Son don à lui, c'est de transformer en mythe le moindre épisode de sa petite vie tranquille - et d'énerver son matérialiste de fils. Edward est très malade, le fils et sa femme enceinte sont à son chevet, ils ont enfin le temps de se refiler le seul héritage familial qui vaille : des histoires, encore des histoires. Des histoires en images, parce que c'est ce que son pays a inventé de mieux. Quand un cinéaste mythomane, aussi bon cinéaste que mythomane, raconte à quel point il aime les histoires (de cinéma), ça peut devenir un film fantastique, une oeuvre fabuleuse.

Elephant

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Réalisé par : Gus Van Sant (1952 - )
En : 2003, USA
Acteurs principaux : Timothy Bottoms (1951 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /culte ou my(s)tique /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 81 mn, couleur

Critique perso :

Un ado à tête de taureau (sur son tee-shirt) erre dans son labyrinthe de lycée. Non, ce n'est pas lui le minautore. Un autre, avec le sigle de la croix rouge (sur le dos de son jogging), le croise. Non, ce n'est pas lui qui donnera les premiers secours. Un troisième les prend en photos. C'est peut-être lui le cinéaste. Ne pas se fier aux apparences, aux visages, aux peaux. Ces ados sont comme tous les ados du monde. Des fois même, ils s'occupent assez bien de leurs parents. Mais les Rebels Wihout a Cause d'hier sont passés par la case Shining. Ils sont nés avec des jeux vidéos dans les mains, et savent commander ce qu'ils veulent sur Internet. Même de quoi transformer leur univers quotidien en limbes. Un sublime avant goût de l'étrange douceur qui reigne dans l'antichambre des enfers.

Monster

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Réalisé par : Patty Jenkins (1971 - )
En : 2003, USA
Acteurs principaux : Bruce Dern (1936 - ), Christina Ricci (1980 - ), Charlize Theron (1975 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /carrément à l'ouest /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 109 mn, couleur

Critique perso :

Portrait « basé sur une histoire vraie » d’une serial-killeuse made in USA. Elle s’appelle Aileen, elle est rondouillarde et complexée, a sans doute pas eu une enfance facile, fréquente les bars et les dancing du bas du panier. Elle survit en faisant la pute pour des machos qu’elle déteste. Son premier meurtre, c’est en légitime défense face à l’un d’entre eux, particulièrement pervers. Après, faut reconnaître que sa défense devient de moins en moins légitime. Mais c’est aussi la période où elle tombe amoureuse de Selbi, gentille fille presque aussi paumée qu’elle, tellement moins macho que ses fréquentations précédentes. Eros, Thanatos et toute la clique, font encore des ravages à tous les niveaux du panier. Le film est modeste mais incarné de façon saisissante. Charlize Theron, qui est à peu près le contraire d’Aileen (quoique que sa mère ait tué son père en légitime défense), s’est laissée possédée par elle. Monster mon semblable, ma soeur (ma mère…).

Aviator (The)

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Réalisé par : Martin Scorsese (1942 - )
En : 2004, USA
Acteurs principaux : Alan Alda (1936 - ), Kate Beckinsale (1973 - ), Cate Blanchett (1969 - ), Willem Dafoe (1955 - ), Leonardo DiCaprio (1974 - ), Ian Holm (1931 - ), Jude Law (1972 - ), John C. Reilly (1965 - )
Genre(s) : Los Angeles & Hollywood /portrait d'époque (après 1914) /épique pas toc
Caractéristiques : 170 mn, couleur

Critique perso :

20 ans dans la vie d'un homme et dans l'histoire d'Hollywood. Le type s'appelle Howard Hughes, et il a deux passions qui ont à peu près le même âge que lui : les avions et le cinéma. Et les femmes, mais pas n'importe lesquelles : Jean, Kate, Ava... entre (beaucoup) d'autres. Ca doit être too much pour un seul homme : Howard est un cinglé en surcis. Comme dans tous les films américains, il prend ses décisions debout, en parlant très vite et en fronçant à peine le sourcil. Comme dans tous les films de son auteur, il est aussi un ange déchu qui dégringole (deux fois) du ciel (la deuxième fois, son coeur passe à droite, ce qui est très mauvais signe). Scorsese, lui a une seule passion : le cinéma. Et les femmes. Dans ce miroir par procuration, plein de guest stars rêvées, il se cherche une famille et trouve surtout toutes les névroses qui vont avec.

Eternal Sunshine of the Spotless Mind

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Réalisé par : Michel Gondry (1963 - )
En : 2004, USA
Acteurs principaux : Jim Carrey (1962 - ), Kirsten Dunst (1982 - ), Kate Winslet (1975 - )
Genre(s) : c'était demain /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 108 mn, couleur

Critique perso :

Après nous avoir plongé en apné Dans la peau de John Malkovich, un scénariste fou récidiviste nous embarque pour un voyage au centre de la tête. La tête appartient à un certain Joel, elle dort et en même temps elle est en panique, parce qu'on s'attaque, avec son consentement officiel, à tous les souvenirs qu'elle a engrangés de Clementine, l'ex de Joel. Vous suivez ? Normal, ça va plus vite que dans Solaris. Pas facile tous les jours de voyager sur les voies de l'association libre, à la vitesse des synapses. Pour éviter le syndrôme de la surcharge cognitive et profiter des trouvailles et inventions visuelles qui se cachent dans les coins, on conseille la télécommande (touches "pause" et "replay"). RDV dans 10 ans pour voir ce qu'il en restera quand on aura tout oublié.

Hellboy

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Réalisé par : Guillermo del Toro (1964 - )
En : 2004, USA
Acteurs principaux : Selma Blair (1972 - ), Rupert Evans (1976 - ), John Hurt (1940 - 2017), Ron Perlman (1950 - )
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique
Caractéristiques : 122 mn, couleur

Critique perso :

Hellboy, comme son nom l’indique, est un petit démon apprivoisé. Il est tout rouge, avec un bras (mais pas un coeur) de pierre et une tête de cochon (au sens figuré, principalement). Né d’une expérimentation à haut risque à la fin de la 2ème guerre mondiale (les nazis espéraient en faire leur arme de destruction massive de la dernière chance), il a été sauvé par un gentil savant américain qui a fait le pari de l’élever au service de la Démocratie. Depuis, tous les matins, il se ponce soigneusement les cornes, en compagnie de quelques autres monstres élevés dans un bunker ultra-secret pour servir le Bien en toute discrétion -enfin quand ça reste possible. Alors, quand la momie de Raspoutine réveille un sinistre zombi nazi (ne m’en demandez pas plus, j’ai pas tout compris), c’est les monstres gentils qui s’y collent. Si sa métaphysique de l’inné et de l’acquis manque un peu de subtilité, ce film de super-héros pas comme les autres a tout ce qu’il faut en matière de punch et d’invention plastique. Et d’humour.

Corpse Bride - Noces funèbres (Les)

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Réalisé par : Tim Burton (1958 - )
En : 2005, USA
Genre(s) : animation /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /en avant la musique /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 77 mn, couleur

Critique perso :

Victor est un jeune garçon timide, maladroit et raffiné. Fils de nouveaux riches. Victoria est une jeune fille pâle, délicate et sensible. Fille de nobliaux ruinés. Les parents ont décidé d'unir leurs intérêts, et leurs enfants, qui ne se connaissent mais ont tout pour se plaire. Ils se plaisent, tout va bien. Trop bien. Victor est tellement empoté qu'il foire sa répet' de la cérémonie du mariage, met le feu à sa (future) belle-mère et trouve le moyen d'épouser pour de vrai-faux une inconnue morte et enterrée depuis longtemps (qui a tout de même de beaux restes). C'est là qu'est l'os. Il se retrouve malgré lui embarqué dans le royaume des morts, beaucoup plus fun que celui des vivants. Ca swingue appremment pas mal, au dernier sous-sol. La vie, les désirs et la réalité ont toujours au moins deux faces, pas facile de choisir son camp. Pas dur en revanche de classser ce film-là dans le camp des très bons.

Across the Universe

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Réalisé par : Julie Taymor (1952 - )
En : 2007, USA
Acteurs principaux : Bono (1960 - ), Jim Sturgess (1978 - ), Evan Rachel Wood (1987 - )
Genre(s) : New York - New York /en avant la musique /heurs et malheurs à deux /portrait d'époque (après 1914) /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 133 mn, couleur

Critique perso :

Fin des années 60 : un petit gars de Liverpool à la recherche de son paternel se décide à traverser l'Atlantique pour le retrouver. Personne ne l'attend, lui, à l'arrivée. Mais il tombe sur une bande d'étudiants en plein trip contre la guerre du Vietnam. Ils s'installent à New York et commencent, presque sans bouger, un Magical Mystery Tour (qui ne figure pourtant pas dans la BO) dans l'Amérique flower power, à la rencontre entre autres d'un certain (I am the) Walrus et d'une certaine (Dear) Prudence. Ils sont bourrés d'idées et d'idéaux (comme la mise en scène), en quête de Revolution et en quête d'eux-mêmes. Hey Jude (ben oui, c'est comme ça qu'il s'appelle), faudra quand même patienter un peu avant d'envoyer Lucy (ben oui, c'est comme ça qu'elle s'appelle) in the Sky... La musique de Quatre garçons dans le vent comme mode d'emploi (les sons, les couleurs et le saint esprit) de toute une époque. Un coup à vous faire regretter de ne pas être né au bon moment.

Mist (The)

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Réalisé par : Frank Darabont (1959 - )
En : 2007, USA
Acteurs principaux : Marcia Gay Harden (1959 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /les chocottes à zéro /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 126 mn, couleur

Critique perso :

Une petite famille américaine pépère, dans la campagne américaine authentique. Une nuit, passe un gros orage qui met un peu de pagaille dans le voisinage. Pendant que le papa fait des courses avec le fiston au supermarché du coin pour réparer les dégâts, l’orage fait place à un brouillard particulièrement épais d’où sortent de drôles de hurlements. Vaut mieux plus trop sortir du magasin. Bon, en fait, c’est pas un orage, c’est carrément des grosses bestioles à tentacules, pas bien répertoriées dans la faune terrestre, qui font une opération razzia au supermarché, camouflées dans le brouillard. Sauf que la marchandise qui a l’air de surtout les intéresser, c’est la chair humaine. A partir de là, le film bascule en survival collectif. Le huis-clos façon Ange exterminateur tourne au cauchemar typiquely American, avec clans antagonistes qui se forment et prophétesse hallucinée. La religion et la consommation se mêlent toujours à la politique, quand ça se passe par là-bas. C’est pas trop la rationalité qui domine… Le film est incontestablement efficace et se paie l’audace du happy end le plus déprimant qu’on puisse imaginer, du American Way of Death du meilleur cru.

My Blueberry Nights

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Réalisé par : Kar-wai Wong (1958 - )
En : 2007, USA
Acteurs principaux : Norah Jones (1979 - ), Jude Law (1972 - ), Natalie Portman (1981 - ), Rachel Weisz (1971 - )
Genre(s) : New York - New York /carrément à l'ouest /heurs et malheurs à deux
Caractéristiques : 91 mn, couleur

Critique perso :

Pour une fois, Wong se met lui-même (plutôt que ses personnages) en exil, il va voir en Amérique s'il y est. Il commence par organiser soigneusement, comme toujours, le carambolage aléatoire de quelques coeurs brisés, Anges déchus à qui il oblige à faire le tour du pays à cloche pied (ou quasi) comme gage de malchance. C'est grand, l'Amérique. Sans doute pour ne pas trop se perdre, il recycle le tube d'In the Mood for Love à l'harmonica, remplace le Chungking Express par tous les modèles de bars qu'il croise sur sa route, et mise de nouveau tous ses jetons, comme dans 2046, sur une triplette féminine : une histoire en bleu nuit, une partie en rouge sombre, une virée en violet-doré et au grand jour. Est-ce à cause des contrastes visuels trop accentués, des dialogues trop explicites ou des acteurs qui ont oublié de mettre du mystère asiatique au bord de leurs yeux ? Ca fait le même effet qu'une tarte aux myrtilles avec de la glace vanille : assez écoeurant à la longue.

Girlfriend Experience (The)

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Réalisé par : Steven Soderbergh (1963 - )
En : 2009, USA
Acteurs principaux : Sasha Grey (1988 - )
Genre(s) : New York - New York /heurs et malheurs à deux /pauvre espèce humaine
Caractéristiques : 77 mn, couleur

Critique perso :

Chelsea est une girlfriend à vendre, une call-girl, une vraie pro haut de gamme. Evidemment, c'est une professionnelle du sexe mais elle ne traite qu'avec des clients qui ont les moyens de croire qu'ils lui achètent surtout du temps et de la présence, et que ce n'est pas (que) leur argent qui compte. Tout est une question de prix. Son vrai boyfriend à elle s'appelle Chris, il vend de la gonflette dans une salle de sport. On le voit négocier ses services et ses produits ; lui aussi s'y connaît sur le prix de la beauté, en version mecs. Ils se sont trouvés, c'est-à-dire visiblement évalués au même niveau sur l'échelle économique du capitalisme du look. Un bon investissement mutuel, tout est under control dans le meilleur des mondes modernes (impersonnels et glaçants) possible. Enfin presque...

Serious Man (A)

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Réalisé par : frères Coen
En : 2009, USA
Acteurs principaux : Fred Melamed (1956 - ), Michael Stuhlbarg (1968 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914)
Caractéristiques : 106 mn, couleur

Critique perso :

Années 50. Larry Gopnik a toujours été un serious man : bon mari, bon père, bon prof (de physique à la fac), bon soutien de famille (pour son frère largué), bon juif… bref, parfait bon américain moyen de ville moyenne. Et voilà que tout ce qu’il a patiemment construit au cours de sa bonne vie semble se dérober : sa femme se tire avec un collègue bien plus âgé, ses enfants lui échappent, ses étudiants contestent leurs notes, ses voisins se comportent bizarrement, sa santé vacille… En fait, tout devient incertain et ambigu, et même les rabbins n’y peuvent rien. Pourtant, décrypter les signes et les équations, c’est ce que la science et la religion lui ont toujours garanti. Capter les ondes du ciel, avec la Torah ou les antennes de son toit, ça a toujours semblé facile. Mais là, ça coince. Maintenant, c’est le Principe d’incertitude, qu’il enseigne dans ses cours, qui prend le dessus. On ne sait toujours pas si le chat (ou le dibbouk) de Schrödinger est mort ou vivant, c’est dire. Et de la théorie à la pratique, il y a décidément une vie. Et un film. Drôle et profond.

Where the Wild Things Are - Max et les Maximonstres

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Réalisé par : Spike Jonze (1969 - )
En : 2009, USA
Acteurs principaux : Catherine Keener (1959 - )
Genre(s) : conte de fées relooké /jeu dans le jeu /pour petits et grands enfants
Caractéristiques : 101 mn, NB

Critique perso :

Max, 10 ans, toutes ses dents et pas mal de morgue, n'est pas content de sa chieuse de petite soeur, ni de sa gentille maman débordée. Un soir, il s'enfuit de chez lui en costume de (petit gentil) loup, et se retrouve au pays des (grands méchants) monstres gentils : une île peuplée uniquement de maximonstres. Les maximonstres, c'est des peluches géantes anthropophages qui vivent en tribus anarchiques dans les bois -un beau ça en pagaille, quoi. Après épreuve initiatique de rigueur, il est élu roi de la bande, chargé des opérations militaires -un petit moi en construction, quoi. Avant, of course, de retrouver sa bienveillante famille inquiète -le surmoi qu'il lui faut pour grandir. Un gentil petit film pour petits grands enfants, avec un petit Freud dedans.

Midnight in Paris - Minuit à Paris

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Réalisé par : Woody Allen (1935 - )
En : 2011, USA
Acteurs principaux : Kathy Bates (1948 - ), Adrien Brody (1973 - ), Marion Cotillard (1975 - ), Marcial Di Fonzo Bo (1968 - ), Rachel McAdams (1978 - ), Léa Seydoux (1985 - ), Owen Wilson (1968 - )
Genre(s) : Paris /conte de fées relooké /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 94 mn, couleur

Critique perso :

Ah Paris, Paris…! Ah, les douze coups de minuit…! Conte de fée au carré, donc, pour Woody, plus Américain à Paris que jamais. Parce que ce qu’il aime à Paris, au fond, c’est quand les meilleurs américains de leur temps (Fitzgerald, Hemingway, Gertrude Stein, Joséphine Baker, j’en passe et des pas moins bons…) y faisaient la fête loin de chez eux. Alors, quand il y envoie un jeune couple américain côte ouest bien propre sur lui, c’est pour le subvertir à coup de trou noir temporel en forme de carrosse de cendrillon shooté à la culture. Un peu Belles de nuit, un peu Quelque part dans le temps, beaucoup de jazz et de fayotage francophile. Pas sûr qu’il ait dépassé le périph’ ni la page 1930 de son encyclopédie, l’oncle Woody, mais il a à coup sûr parcouru tout le bottin des stars du moment. Et on pardonne tout à ceux qui font les même rêves que nous.

Is the Man Who Is Tall Happy ? - Conversation animée avec Noam Chomsky

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Réalisé par : Michel Gondry (1963 - )
En : 2013, USA
Genre(s) : animation /docu (plus ou moins fiction) /jeu dans le jeu /la parole est d'or
Caractéristiques : 85 mn, couleur

Critique perso :

Un cinéaste-bricolo-geek interviewe une star intello-linguiste, en fait un film avec quelques crayons feutres, et crée un genre à lui tout seul : quelque chose comme le docu-essai d’animation. La bouille vieillissante de Chomsky est bien là, parfois, derrière, mais devant ce sont des idées, des concepts, des objets, des exemples, tout un théâtre de la pensée qui s’anime pour nous. Ils (les concepts) débattent, se confrontent, se mélangent, font la farandole et saluent à la fin, comme les vrais personnages d'un film qu'ils sont ici, Il est question des langues et du langage, de syntaxe (la spécialité du bonhomme), de sémantique, de cognition, d’épistémologie, d’histoire des sciences, de méthodologie de la recherche, des difficultés de l’interaction (ça, c’est plutôt la contribution spécifique de Gondry), bref, c'est exactement tout ce que j’adore et c'est passionnant ! En mots (écrits), en paroles (dites), en images (vues), un vrai feu d’artifices de l’esprit pour l’esprit.

Arrival - Premier contact

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Réalisé par : Denis Villeneuve (1967 - )
En : 2016, USA
Acteurs principaux : Amy Adams (1974 - ), Jeremy Renner (1971 - ), Michael Stuhlbarg (1968 - ), Forest Whitaker (1961 - )
Genre(s) : c'était demain /conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu
Caractéristiques : 116 mn, couleur

Critique perso :

Si un jour des extra-terrestres intelligents frappent à la porte de notre planète, le gros problème, ce sera de pouvoir causer avec eux. Le vrai héros d’un film de SF réaliste, ce sera donc forcément un-e linguiste : voilà un point de départ qui ne peut que me plaire ! Bon, dans le film y’a aussi un physicien qui est mis sur le coup, mais vu que les aliens jouent avec la gravité comme avec des baballes, il est vite dépassé par les événements. Vraiment bizarres, ces bébêtes venues de l’espace. Pour elles, le haut et le bas, l’endroit et l’envers, l’avant et l’après, c’est du pareil au même. Elles ont l’air à la fois de venir de l’âge de pierre et de maîtriser la high tech la plus avancée. Mais la vraie star c’est Louise, spécialiste ès-xénolinguistique générale et appliquée, confrontée aux énoncés en forme d’oeuvres d’art circulaires qu’elles produisent pour s’exprimer. Les déchiffrer et comprendre leur fonctionnement, ce sera l’oeuvre de sa vie à elle (et ça la changera à jamais, comme dirait la tagline…). Le film pousse le bouchon de la thèse de Sapir-Whorf (selon laquelle, en gros, la langue que l’on parle influe sur notre façon de penser) un peu loin, mais c’est pas tous les jours qu’on trouve un pitch inspiré d’une théorie scientifique. De la SF sérieuse et poétique en même temps, de la gourmandise pour l’oeil et l’esprit.

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