Les 775 films en DVD d'Isabelle
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film(s) produit(s) au Japon

24 réponses classées par dates


Rashômon

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1950, Japon
Acteurs principaux : Machiko Kyô (1924 - ), Toshirô Mifune (1920 - 1997), Masayuki Mori (1911 - 1973), Takashi Shimura (1905 - 1982)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Réfugiés sous une porte de Kyoto (Rashômon, c'est la "porte des démons") pour échapper au déluge, trois hommes se racontent une histoire. Une sombre histoire, qui met en scène un couple traversant tranquillement la forêt, et le bandit bondissant qu'ils y rencontrent. L'histoire se termine mal, un procès vient d'avoir lieu. Face au tribunal invisible de l'Histoire, chacun des protagonistes donne sa version des faits. Les images, chaque fois, lui donnent raison. L'homme est mort, la femme a été violée, le bandit jugé. Mais c'est à peu près tout ce qu'il y a de sûr. Pour le reste, chacun sa vérité et honneur pour tous. L'histoire prend l'eau, comme tout le reste. Si on ne peut plus faire confiance aux images, où va-t-on ! Quant aux hommes... Un grand coup de de modernité dans les côtes, largement pompé depuis.

Ikiru - Vivre

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1952, Japon
Acteurs principaux : Takashi Shimura (1905 - 1982)
Genre(s) : pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 143 mn, NB

Critique perso :

On s'est tous posé la question : qu'est-ce qu'on ferait si on savait n'avoir plus que quelques mois à vivre ? Réponse nippone en 3 leçons : s'amuser, tenter une rencontre, agir. Comme ça, ça a l'air facile mais quand on a enterré sa femme et qu'on s'est déjà enterré soi-même sous la paperasserie pendant 30 ans, tout est à réapprendre. Et un film là-dessus, c'est encore plus dur à réussir : éviter le mélo, préserver le silence et le mystère, privilégier la délicatesse... Mais la morale est claire : un type à l'enterrrement duquel l'ambiance monte à mesure que les réserves de saké baissent n'a certainement pas raté sa vie !

Saikaku ichidai onna - Vie d'O'Haru, femme galante

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Réalisé par : Kenji Mizoguchi (1898 - 1956)
En : 1952, Japon
Acteurs principaux : Toshirô Mifune (1920 - 1997), Takashi Shimura (1905 - 1982), Kinuyo Tanaka (1910 - 1977)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /vers le soleil levant /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 120 mn, NB

Critique perso :

Dame O'Haru naît en plein coeur du Japon médiéval, dans une noble famille. Manque de bol : elle naît femme, et cela seul suffira à son éternel malheur. A croire qu'elle l'a bien cherché : elle est trop belle, trop gentille, trop aimante, trop soumise. Les étapes de son chemin de croix se confondent avec chacun des hommes qu'elle a connus, qu'ils soient père, amants, maris ou maquereaux (ce qui de toute façon revient au même) : rien que des brutes, avec plus ou moins de savoir-vivre. Chaque plan du film rend sensible son enfermement, réduit son espace vital, la met en cage. Trop belle, trop gentille, trop aimante, trop soumise. Trop bon.

Tôkyô monogatari - Voyage à Tokyo

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Réalisé par : Yasujirô Ozu (1903 - 1963)
En : 1953, Japon
Acteurs principaux : Setsuko Hara (1920 - 2015), Chishû Ryû (1904 - 1993)
Genre(s) : pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 135 mn, NB

Critique perso :

C'est un vieux couple qui vit dans une petite ville de province. ils ont l'air doux et gentils, ils ont l'air d'avoir eu une vie belle et modeste. Cinq enfants, si j'ai bien compté, un qui est mort pendant la guerre, deux qui vivent à Tokyo. Ils se font une joie d'aller leur rendre une petite visite. Les enfants ont un peu de mal à partager cette joie… Un petit tour et puis s'en vont, c'est à peu près le seul pitch du film. Et c'est pourtant le film d'Ozu qui concentre et synthétise le mieux tous les éléments de son cinéma : les liens familiaux qui enferment et qui libèrent en même temps, les parents qui encombrent et les enfants qui déçoivent, les transmissions qui prennent des chemins détournés, les discussions qui ne disent rien et les silences qui disent tout, les gênes qui viennent de ce qu'on ne voudrait pas gêner, les confidences aux copains qui échappent devant un comptoir de saké, les choses et les gens qui cherchent leur bonne place dans le monde, la vie et la mort et le temps qui filent et qui échappent toujours… Un vieux couple et l'histoire de toute l'humanité…

Ugetsu monogatari - Contes de la lune vague après la pluie (Les)

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Réalisé par : Kenji Mizoguchi (1898 - 1956)
En : 1953, Japon
Acteurs principaux : Machiko Kyô (1924 - ), Masayuki Mori (1911 - 1973), Kinuyo Tanaka (1910 - 1977)
Genre(s) : conte de fées relooké /culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /vers le soleil levant
Caractéristiques : 94 mn, NB

Critique perso :

En temps de guerre, les affaires marchent fort, c'est bien connu -même dans le Japon médiéval le plus reculé. Genjuro, honnête potier de son état, en profite pour mettre les bouchées doubles. Avec son beau-frère, ils constituent un stock qu'ils vont vendre à la ville. Mais l'appétit du gain vient en mangeant : au lieu, fortune faite, de retourner vivre dans leur foyer le reste de leur âge, les voilà qui se prennent à rêver de grandeur miliaire ou d'amours aristocratiques. Sans prendre garde aux signes inquiétants qui rodent, ni aux menaces qui pèsent sur leur femme. Sans prendre garde à l'infinie séduction des leurres, ni à la délicate porosité des mondes flottants. En fait, à force de plans sur la chimère et de courses aux comètes, ils courent droit à leur perte. En fait, à force de vouloir ne pas être à leur place, ils nous permettent de prendre la leur.

Shichinin no samurai - Sept samouraïs (Les)

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1954, Japon
Acteurs principaux : Toshirô Mifune (1920 - 1997), Takashi Shimura (1905 - 1982)
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du Moyen-Age à 1914 /du rire aux larmes (et retour) /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 160 mn, NB

Critique perso :

Pour éviter le pillage de leur future récolte, un village de paysans se résoud à embaucher des samouraïs, si possibles efficaces et bon marchés. Dans le Japon du XVIème siècle, c'est apparemment toute une histoire : ces hommes-là appartiennent à des mondes différents. Au terme d'un casting serré, sept spécimens aux pedigrees et aptitudes divers sont recrutés. La résistance s'organise avec bonne volonté (côté paysan) et compétence (côté samouraïs). Ce serait présomptueux de ma part de prétendre les connaître tous par leur nom, mais on les identifie rapidement très bien. Plus une dizaine de villageois, pas si différents de ceux de notre plus mythique village gaulois (celui qui résiste, justement). Fresque militaire épique et chronique paysanne burlesque, cette guerre à échelle humaine a le bon goût de laisser le dernier mot à la vie qui continue. Chapeau (très) bas.

Yôkihi - Impératrice Yang Kwei fei

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Réalisé par : Kenji Mizoguchi (1898 - 1956)
En : 1955, Japon
Acteurs principaux : Machiko Kyô (1924 - ), Masayuki Mori (1911 - 1973)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /heurs et malheurs à deux /vers le soleil levant
Caractéristiques : 98 mn, couleur

Critique perso :

L'empereur est inconsolable. Il pleure son épouse, son grand amour, son seul amour. Depuis qu'il l'a perdue, il n'aime plus que l'art. Mais sa cour s'occupe de lui : on lui présente plus ou moins discrètement toutes les jolies jeunes filles du royaume. Un jour, il rencontre ainsi tout à fait fortuitement la jolie Yang. Ce sera sa nouvelle épouse, son grand amour, son seul amour. Avec elle, il connaît le grand frisson de sa vie quand, un soir de nouvel an, il se déguise en homme normal pour aller faire la fête dans la rue au milieu des hommes normaux en mangeant des brochettes. Le reste du temps, il n'aime que l'art, et ça tombe bien : elle aussi. Ils vivent comme dans une série de tableaux vivants, au milieu de jolies couleurs. Quel dommage que la famille de la dame ne soit qu'une bande d'arrivistes corrompus. Faudra payer pour ça, quitter le beau décor. Pas facile tous les jours d'être un grand empereur, ou un grand artiste.

Rokudenashi - Bon à rien

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Réalisé par : Kiju Yoshida (1933 - )
En : 1960, Japon
Genre(s) : jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /portrait d'époque (après 1914) /vers le soleil levant
Caractéristiques : 88 mn, NB

Critique perso :

Ce sont des vitelloni de capitale. Il y a un fils à papa (patron, le papa), qui entretient un peu les autres en ralant. Il y a l'étudiant éternel, le bidouilleur-magouilleur et l'acteur raté. Gueules d'anges, inquiétudes métaphysiques et comportements de gougeats. Il y a la secrétaire du papa du fils à papa, aussi, réputée pas commode parce qu'elle ne rêve pas de devenir bobonne et qu'elle est la seule qui leur tient tête. Ils s'ennuient beaucoup, ne savent pas quoi faire de l'énergie qu'ils n'ont pas, mais sauraient très bien quoi faire avec l'argent qu'ils n'ont pas non plus. Ils sont déjà las de la vie qu'ils n'ont pas encore vécue, à bout de souffle à force de glander. Ils jouent avec le feu, l'amour et le fric, jamais raccords avec leurs désirs, que d'ailleurs ils ignorent. Ils sont jeunes, quoi.

Yojimbo - Garde du corps (Le)

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1961, Japon
Acteurs principaux : Toshirô Mifune (1920 - 1997), Takashi Shimura (1905 - 1982)
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 110 mn, NB

Critique perso :

Sanjuro est un samouraï free-lance, pas empoté du manche. Il débarque dans un petit village de gaulois nippons, scindé entre le clan du fabriquant de saké, et celui du fabriquant de soie. Sanjuro n'est pas très en fonds, et pas empoté de la langue. Il se vend donc au plus offrant -c'est-à-dire aux deux camps. D'où, très vite : provocations, intimidations, menaces, préjudices, représailles contre préjudices, enlèvement contre représailles, contre-enlèvement contre retour de représailles. Eastern nouilles-sautées qui sera repris en western spaghetti (avec pas mal de ketchup). Et le type de l'autre coté de la caméra, il n'est pas non plus empoté du manche.

Akitsu onsen - Source thermale d'Akitsu (La)

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Réalisé par : Kiju Yoshida (1933 - )
En : 1962, Japon
Acteurs principaux : Mariko Okada (1933 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /pas drôle mais beau /vers le soleil levant
Caractéristiques : 113 mn, couleur

Critique perso :

Dans le Japon de 1945, c'est pas la joie. Shûsaku, survivant déprimé et tuberculeux, est décidé à faire de lui-même une victime collatérale de plus. Il trouve un endroit charmant pour ça : une charmante auberge au bord d'une source thermale. Mais la fille de la maison est aussi charmante et le voilà requinqué. Ce sera son havre, son refuge intermittent en cas de coups de cafard pendant les 17 ans qui viennent. Elle, ce sera sa maîtresse à temps très partiel, pendant à peu près la même période. L'homme vit dans le béton, la femme est une source. L'homme est veule, la femme ne sait qu'attendre, se sacrifier et pleurer. Et pas qu'au Japon de l'après-guerre. En fait, les vrais héros de l'histoire sont Eros et Thanatos, qui jonglent avec les destins de chacun, comme se tressent et se courent après les deux magnifiques thèmes musicaux du film. Sublime mélo, beau comme du Sirk et triste comme du Ophüls.

Tsubaki Sanjûrô - Sanjuro

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1962, Japon
Acteurs principaux : Toshirô Mifune (1920 - 1997)
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /vers le soleil levant
Caractéristiques : 96 mn, NB

Critique perso :

Le samouraï free-lance mal léché du Garde du corps est de retour. Il traîne toujours là où il ne faut pas, en plein conciliabule de conspirateurs. Cette fois, c'est pour une histoire de corruption dont s'accusent mutuellement deux clans : celui d'un chambellan, et celui de son intendant. Mais le film est tout sauf une enquête policière. C'est plutôt une leçon de stratégie, une partie d'échecs grandeur nature, menée entre grands maîtres par apprentis interposés : d'un côté, une poignée de gamins, de l'autre une armée. Bien sûr, parce qu'il a le panache dans le sang, c'est avec les gamins que joue le samouraï. Mais, comme c'est aussi un incorrigible marginal, il est toujours à manger et à dormir quand les autres parlementent, debout quand ils se cachent, assis quand ils se précipitent au combat. Il est seul mais il a la ruse, la force des faibles. Et seuls les plus faibles et plus rusés encore (les femmes) sont capables de le désarmer. A la fin, il révèle sa vraie nature : une jolie fleur (de camélia, c'est ce que veut dire "Sanjuro") dans une peau de guerrier.

Lady Oscar

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Réalisé par : Jacques Demy (1931 - 1990)
En : 1979, Japon
Acteurs principaux : Catriona MacColl (1954 - ), Lambert Wilson (1958 - )
Genre(s) : Paris /du Moyen-Age à 1914 /jeu dans le jeu /vive la (critique) sociale !
Caractéristiques : 124 mn, couleur

Critique perso :

Il était une fois au XVIIIème siècle, un aristocrate old school qui en a marre de faire des filles, et qui décide donc d'appeler la dernière Oscar. La demoiselle, qui en prend pour 20 ans de psychanalyse, devient donc une escrimeuse redoutable au service très rapproché de Marie-Antoinette. Elle affole son nigaud de copain d'enfance roturier, trouble l'amant de la reine et pas mal d'autres courtisan(ne)s, mais reste inflexible sur les principes, allant même jusqu'à boxer un certain Maximilien de Robespierre qui lui a manqué de respect. Mais un petit coeur bat pourtant sous son uniforme d'opérette. Les malheurs de la France et les beaux yeux d'André (le copain d'enfance) ne la laissent finalement pas indifférente. Après qu'une telle forteresse soit tombée, la prise de la Bastille est presque une formalité. Mais c'est une autre Histoire...

Narayama bushiko - Ballade de Narayama (la)

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Réalisé par : Shohei Imamura (1926 - 2006)
En : 1983, Japon
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 130 mn, couleur

Critique perso :

4 saisons près de Narayama, en un temps indéterminé mais certainement lointain. Quelques familles sur 3 ou 4 générations, les travaux des champs, les pulsions des corps, le riz et la neige. Une petite société coupée de tout, sauf de ses besoins essentiels et de la nature. Pauvre, impitoyable, vivante. Trucculente, puisqu'il faut bien continuer à exister. Cruelle, par souci d'auto-préservation. Soucieuse de son honneur -même sans samouraïs- et panthéiste -même sans prêtres. L'éternelle histoire de la trahison des anciens, de la trahison des plus jeunes et de la fidélité au monde.

Ran

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Réalisé par : Akira Kurosawa (1910 - 1998)
En : 1985, Japon
Genre(s) : du Moyen-Age à 1914 /pas drôle mais beau /vers le soleil levant /épique pas toc
Caractéristiques : 160 mn, couleur

Critique perso :

Shakespeare était japonais, les filles du roi Lear étaient des samouraïs et Kurosawa est un grand peintre. Il nous régale ici d'un match fratricide entre porteurs de casaques jaunes, rouges et bleues. L'affrontement commence par une partie de chasse familiale qui tourne au vinaigre, se prolonge en manoeuvres de cour et intrigues d'alcôve, et s'achève par une grande baston en plein air. Kurosawa est à l'aise sur tous les terrains, car c'est toujours de guerre qu'il s'agit. Et à ces guerres-là, il n'y a que des perdants. Le film se termine avec le plan d'un joueur de flûte aveugle au bord d'un précipice, et il ne reste plus grand monde pour le retenir...

Kuroi ame - Pluie noire

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Réalisé par : Shohei Imamura (1926 - 2006)
En : 1989, Japon
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 123 mn, NB

Critique perso :

Hiroshima, seconde zéro. Ben oui, le cinéma peut montrer ça, aussi -façon Retour des morts vivants. Pas de chance, Yasuko y était, -avec son oncle et sa tante. Ils ont survécu. 5 ans plus tard : apparemment, la communauté des hommes s'est reconstituée, la nature a repris son cours. Mais pas besoin de gratter beaucoup pour voir les cicatrices, les malaises, les soupçons. Les "irradiés d'après" sont toujours fatigués. Malgré ses certificats de santé et sa beauté, Yasuko ne trouve pas de mari. Le poison atomique prend son temps, mais il n'oublie personne. La mort lente est au travail, dans les corps et dans les têtes. On dirait du Ozu (conta)miné de l'intérieur par un ver invisible, saoûlé au désespoir calme.

Sono otoko, kyobo ni tsuki - Violent cop

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Réalisé par : Takeshi Kitano (1947 - )
En : 1989, Japon
Acteurs principaux : Takeshi Kitano (1947 - ), Susumu Terajima (1963 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Une histoire de petits délinquants et de grands dealers. L'affrontement d'un policier autiste, en guerre contre tout le monde, et d'un tueur sadique. La confrontation entre des yakusas pourris et des flics pourris. La violence anonyme de la ville, la froideur de la nuit. Des corps et des murs. Une histoire de douleurs muettes, aussi, de coups de poing et de coups de feu. Pour respirer (un peu) : la mer, et Chagall (mais pas plus de 2mn). Très prometteur et aussi noir que son humour, c'est dire.

Kidzu ritan - Kids Return

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Réalisé par : Takeshi Kitano (1947 - )
En : 1996, Japon
Acteurs principaux : Susumu Terajima (1963 - )
Genre(s) : pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 107 mn, couleur

Critique perso :

C'est deux potes de lycée qui font Les 400 coups. Quand ils grimpent sur le même vélo, ils semblent ne former qu'un seul corps : deux petites têtes, quatre grandes jambes. Mais pour aller où ? Au bahut ils sèchent, rackettent, glandouillent, mal partis pour devenir pas grand chose. Pour jouer aux durs, ils se mettent à la boxe. Le plus doué n'est pas forcément celui qu'on croit (comme Rocco). A leur âge, tous les chemins ont l'air ouverts. Ils sont tous, aussi, durs et cruels. A coup d'ellipses fulgurantes et d'éclats de rire noirs, Kitano fait le portrait de sa jeunesse et des vies qu'il a grillées. Coup de bol, il lui en est restée une pour faire l'artiste.

Hana-bi

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Réalisé par : Takeshi Kitano (1947 - )
En : 1997, Japon
Acteurs principaux : Takeshi Kitano (1947 - ), Susumu Terajima (1963 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /vers le soleil levant
Caractéristiques : 103 mn, couleur

Critique perso :

Nishi est un flic taciturne, plus à l'aise avec les coups qu'avec les mots (2 lignes de dialogue dans tout le film) et plus habile avec les yakusas qu'avec les sentiments (2 secondes de sourire dans tout le film). A la suite d'une négligence, il envoie toute son unité à l'hôpital et démissionne de la police. C'est alors qu'il se voit confier la mission la plus difficile de sa carrière : distraire sa femme, à qui il ne reste que quelques mois à vivre. Alors, il règle ses derniers comptes et entame un road movie vers nulle part, mais au bord de la mer -lieu de tous les sursis chez Kitano. Dans ce monde-là, on ne cause pas (Monsieur), on ne pleure pas. On joue, on fuit, ce qui revient au même. Les hommes sont des handicapés, des empotés du coeur. Des convalescents en exil d'eux-mêmes, des jolies fleurs dans des peaux de bête, des tournesols à l'ombre. Dans ce monde-là, les humains ont la nostalgie de l'avoir été.

Eureka

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Réalisé par : Shinji Aoyama (1964 - )
En : 2000, Japon
Genre(s) : pas drôle mais beau /pauvre espèce humaine /vers le soleil levant
Caractéristiques : 210 mn, NB/couleur

Critique perso :

Premier 1/4h : prise d'otages sanglante dans un bus. Des morts, 3 rescapés : le chauffeur et 2 écoliers (un frère, une soeur). 2 ans plus tard : le chauffeur, après avoir fait la route de-ci de-là, revient à son point de départ. Les enfants, laissés à eux-mêmes, sont devenus mutiques. Il leur reste plus de 3h pour tenter de reconstituer, avec un cousin de passage, une espèce de communauté utopique. Pour remonter dans un bus, aussi. Les plus inquiétants sont les enfants : leur regard est vide. Ils ont franchi une ligne, perdu leur innocence. Un film revenu de l'au-delà de la souffrance, un univers sonore qui ressemble au nôtre mais en moins coloré.

Dolls

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Réalisé par : Takeshi Kitano (1947 - )
En : 2002, Japon
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /heurs et malheurs à deux /jeu dans le jeu /pas drôle mais beau /vers le soleil levant
Caractéristiques : 114 mn, couleur

Critique perso :

Il serait une fois une troupe de Bunraku (des marionnettes tradis japonaises) qui nous raconterait une histoire. Ou plutôt trois histoires. Plus celle de la troupe, c'est-à-dire celle du réalisateur, c'est-à-dire celle du lien entre les histoires. Ca ferait donc un triptique aux formes épurées : des couleurs fortes, des saisons franches, des costumes de gala. Des personnages de Dieux vivants, mais errants, comme en deuil de leur grâce perdue. Des gestes héroïques, des sentiments de grand chemin. Quasiment aucun mot mais une plainte infinie au fond de la gorge. Un abîme de tristesse au fond du regard où ils manquent (mais pas toujours) de se noyer. Des pantins en quête de liens, et qui n'arrivent qu'à s'emberlificoter dans leurs ficelles (un peu grosses, d'ailleurs). Des poupées de chair, quoi.

Sharasôju - Shara

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Réalisé par : Naomi Kawase (1969 - )
En : 2003, Japon
Acteurs principaux : Naomi Kawase (1969 - )
Genre(s) : culte ou my(s)tique /du rire aux larmes (et retour) /heurs et malheurs à deux /poésie en image /vers le soleil levant
Caractéristiques : 100 mn, couleur

Critique perso :

Au début, ils sont deux, deux garçons qui se ressemblent et qui jouent ensemble. C'est comme dans un rêve. Ils se courent après dans le labyrinthe des rues du quartier, et tout à coup il n'y en a plus qu'un seul. C'est tout ce qu'on verra de la disparition de l'autre. Cinq ans plus tard, le rêve est passé, le fantôme hante encore. Le garçon restant a grandi, sa maman est enceinte, la voisine est jolie. Papa anime un comité pour relancer l'organisation d'une fête dans les rues du quartier, mi-carnaval mi-cérémonie ancestrale. Exorcisme et célébration. On déambule, on cause, on se prépare à la fête. On apprend un peu du passé, on prépare un peu l'avenir. En douceur et en longs plans séquences, ça heurte et ça coule, c'est fluide et ça accroche. C'est à peu près tout ce qu'il y a dans ce film et c'est énorme. La vie, l'amour, la mort et leurs labyrinthes, à l'échelle d'un quartier, d'une vie, du monde. Enorme et en douceur.

Zatôichi

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Réalisé par : Takeshi Kitano (1947 - )
En : 2003, Japon
Acteurs principaux : Tadanobu Asano (1973 - ), Takeshi Kitano (1947 - )
Genre(s) : cadavre(s) dans le(s) placard(s) /conte de fées relooké /en avant la musique /vers le soleil levant
Caractéristiques : 116 mn, couleur

Critique perso :

On reprend un peu l'histoire là où Ran et Sept samouraïs l'avaient laissée. Voici Zatôichi, mass(acr)eur ambulant, artiste du découpage au sabre, justicier vagabond. Il est aveugle mais il a des yeux partout : il sent à travers les murs, entend à travers la matière, et même, des fois, lit à travers les pensées. Au rythme sonore des saisons, il va de ville en ville et de bar en tripot, réconfortant par ci, zigouillant par là. Comme un certain Garde du corps, il ne suit que son bon plaisir, semant des fleurs de sang sur son passage. La mise en scène synestésique est un régal pour les sens, le montage, tranché fin, a des éclaboussures temporelles saisissantes. A voir, même les yeux (grands) fermés.

Cha no aji - Taste of Tea (The)

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Réalisé par : Katsuhito Ishii (1966 - )
En : 2004, Japon
Acteurs principaux : Tadanobu Asano (1973 - )
Genre(s) : du rire aux larmes (et retour) /jeu dans le jeu /poésie en image /vers le soleil levant
Caractéristiques : 143 mn, couleur

Critique perso :

Une petite famille japonaise typique, juste un peu plus cinglée sur les bords que la moyenne. Papa est thérapeute-hypnotiseur, maman dessine des mangas, comme son beau-père (à qui il commence à manquer quelques cases). Grand-frère a des soucis de coeur et de vélo, petite-soeur des problèmes d'(alter)-ego encombrant. J'oubliais le frère de maman, adepte zen de rencontres en tous genres. Et le frère de papa, dandy snob qui, heureusement pour lui, n'a jamais peur de se couvrir de ridicule. Tous apprennent à vivre avec leurs démons, à cohabiter avec pas mal de fantômes. Tous avancent, avec armes et bagages, en équilibre toujours précaire, à la recherche de leur sens du mouvement idéal. Et ils le trouvent. Et le film trouve et invente sans arrêt le sien. Et il est juste, heureusement, beaucoup plus brillant que la moyenne.

Paprika

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Réalisé par : Satoshi Kon (1963 - 2010)
En : 2006, Japon
Genre(s) : animation /c'était demain /cadavre(s) dans le(s) placard(s) /jeu dans le jeu /pour petits et grands enfants /vers le soleil levant
Caractéristiques : 90 mn, couleur

Critique perso :

C'est une invention géniale qui met le feu aux neurones. Ca vient d'un labo high tech peuplé de geeks à un stade plus ou moins avancé. Ca contient la clé du passage secret qui permet de passer à travers tous les écrans (des rêves, des ordinateurs et des salles de cinema). Ca a la forme d'un point d'interrogation et ça répond à la question qui tue : qu'est-ce qu'il se passe dans une tête ? C'est une espèce de caméra-scanner connectée direct sur l'esprit, qui renvoie des images de l'âme en action. Evidemment, la chose intéresse pas mal de monde : des flics, des psys, des scientifiques, des artistes et des cinglés. Et éventuellement, ceux qui sont un peu tout ça à la fois. Evidemment, la chose rend fou. Et comme elle libère les doubles inconscients de ses utilisateurs, ça fait du (pas si) beau monde à s'agiter derrière le miroir du réel. Petite visite sans guide et sans filet au pays des mondes parralèles : vertiges aléatoires garantis, troubles en tous genres aussi.

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